• 162 - Le vent de l'hermétisme

    Réponse faite à un écrivain qui encensait Mallarmé.<o:p></o:p>

    Vous semblez faire l'apologie de l'hermétisme dans l'art, applaudissant sans l'ombre d'un salutaire scepticisme la plume absconse de Mallarmé, comme si l'hermétisme était un gage infaillible de talent. Vous dites : "plus que jamais l'hermétisme mallarméen s'impose à nous..."<o:p></o:p>

    Vous faites là le plaidoyer d'une cause fumeuse !<o:p></o:p>

    Du sable et de la poudre aux yeux que cet hermétisme de bon aloi, trop systématique pour être honnête. L'hermétisme dans l'art est une illusion prétentieuse, un tour de passe-passe malhonnête pour entrer dans la cour des grands avec rien d'autre qu'un vide pompeux et solennel.<o:p></o:p>

    Comme beaucoup, vous n'avez jamais fait la différence chez les auteurs entre le véritable souffle créateur de l'esprit, et le simple vent.<o:p></o:p>

    Ce souffle sacré est en moi. Et je laisse la brise inoffensive agiter les cheveux fous de ces poètes mal chaussés qui se prennent pour des héros, pour des chevaliers de l'esprit parce qu'ils ont hué les bourgeois un jour dans leurs vers.<o:p></o:p>

    Le jour où vous chanterez les petits bourgeois provinciaux, les épiciers, les fonctionnaires et les comptables, le jour où vous raillerez les temples les plus sacrés de la poésie, ce jour-là vous serez un authentique poète.<o:p></o:p>

    A bas Rimbaud, vive mon plombier !<o:p></o:p>

     


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  • 161 - Des ailes dans la tête

    Je me dresse contre la tyrannie des lieux communs : il est vrai que je fais l'apologie de ce qui déplaît en général dans la pensée ambiante. Je fais l'apologie du vice, du crime, de la banalité, de la médiocrité. Cela ne signifie pas que je défends ces causes pour autant. Je défends une autre cause en fait : l'indépendance de pensée.<o:p></o:p>

    Ne nous y trompons pas : pourquoi tant de gens de nos jours sont écologistes, anti-pédophiles, défenseurs des animaux maltraités, etc. ? Exactement pour les mêmes raisons qu'en 1933 la plupart des Allemands étaient hitlériens : par simple mimétisme de pensée et non par personnelle et individuelle conviction. Autrement dit tous ces bons sentiments n'ont strictement aucune valeur. La plupart des écologistes sont écologistes parce que la pensée ambiante l'exige. Ces mêmes gens seraient aujourd'hui des bleus acharnés ou bien rouges convaincus si la pensée ambiante était assez forte pour les entraîner dans l'une de ces voies.<o:p></o:p>

    C'est fondamentalement l'absence d'indépendance d'esprit que je dénonce.<o:p></o:p>

     


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  • 160 - La plume et le plomb

    C'est un grand péché à mes yeux que de se faire ennuyeux auprès de son lectorat. Je blâme les auteurs ennuyeux plus soucieux de se plaire à eux-mêmes ou à leurs pairs que de se montrer plaisants à leurs lecteurs. Ce qui est fort méchant. Une bonne littérature, c'est une littérature qui touche la sensibilité. Et non l'intellect.<o:p></o:p>

    Vaine littérature que tous ces sujets prétentieux traités avec une gravité ridicule ! Ennuyer le lectorat avec des mots comme des enclumes, quel crime ! Un auteur qui prend des airs d'universitaire pour ajouter du crédit à son texte austère, ça apportera certainement un peu plus de lustre à ses lauriers, mais pas nécessairement au texte lui-même. <o:p></o:p>

    Ecrire des oeuvres ennuyeuses est un exercice certes fort plaisant pour l'écrivain, surtout si, tout pénétré de son importance il se prend au sérieux comme tout coquelet digne de ce nom. Las ! Les oeuvres graves souvent sont profondément soporifiques. En général le volatile à la plume pesante est pétri d'un orgueil tout parisien, et sa crête est d'une distinction formelle. Ce qui est une grave faute de goût.

    Auteurs, mettez-vous à la place de vos lecteurs, séduisez-les avec votre beau panache, non avec vos pieds. Amenez-les à votre cause tout en légèreté, fantaisie, poésie et non avec de gros marbres intellectuels. Le vrai écrivain -qui par définition est poète- doit les prendre entre ses ailes et les emporter loin du quotidien prosaïque, non les assommer à coup de pierres, fussent-elle taillées en forme de grosses gélules. Quoi de plus contre-nature que de servir des cailloux en guise de nourriture aux êtres sensibles que sont les humains ?<o:p></o:p>

    C'est flatter leur orgueil que de prendre les lecteurs pour ce qu'ils ne sont pas : de purs intellectuels. Les gens sont des hommes, des humains, autrement dit des êtres sensibles, des enfants souvent, avant que d'être de purs esprits épris de littérature sèche. La plupart des auteurs se complaisent dans leur fatuité étalée avec des manières solennelles sous prétexte de littérature... Ha ! Ce fameux besoin d'écrire, impérieux, essentiel que l'auteur compare volontiers à une respiration vitale du haut de son minuscule perchoir de plumitif qu'il prend pour un piédestal !<o:p></o:p>

    Parmi ces malades de l'ego, les plus atteints publient sans complexe chez la "Pensée Universelle". Ces auteurs-là écrivent pour faire des livres. Ils écrivent pour la poussière et non pour les étoiles. C'est ce qui différencie le vrai écrivain, chantre des mots, et le faiseur de livres, simple "remplisseur" de pages. Heureusement pour ces derniers, il se trouve des lecteurs assez sots pour les lire.

    Dans ce rapport auteur-lecteurs notons qu'il ne suffit pas à l'écrivain de posséder une plume de choix, encore faut-il que ses lecteurs aient le talent de la lecture. <o:p></o:p>

    Bref, le talent de l'écrivain consiste à plaire, séduire, émouvoir, enchanter les coeurs comme les esprits, non à tenter de faire ployer sous le fardeau de la pensée sèche, dure, le si fragile roseau humain qui n'aspire fondamentalement qu'à rêver.<o:p></o:p>

     


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  • 159 - Le plus grand poète doit faire dans les deux mètres

    Je ne saurais concevoir la poésie comme un émoi pour élite, prétentieux, à la Chateaubriand. Je crois moins aux sentiments littéraires élevés, finalement assez loin de l'authenticité de l'homme ancré dans le quotidien, qu'aux sentiments plus courants certes moins élevés (face aux académiques panthéons d'airain) mais plus proches sur le plan humain.<o:p></o:p>

    N'oublions pas que la culture n'est jamais qu'un artifice de l'esprit dans une civilisation donnée et qu'elle n'a aucune valeur sur le plan spirituel. La littérature, ça n'est finalement qu'un bagage terrestre, social, horizontal. Nul besoin d'être un lettré pour être dans la vérité. La poésie de Rimbaud ou de Hugo n'a aucune valeur chez les sauvages d'Amazonie.<o:p></o:p>

    Ma définition de la poésie n'a rien à voir avec celle des exégètes compassés comme le furent Aragon et Cocteau, artificiels à force d'érudition, monstrueux à cause de leur distance avec la masse ignorante.<o:p></o:p>

    La poésie c'est selon moi, tout simplement, tout bêtement et tout "prosaïquement" une certaine pureté de l'âme. Il ne suffit pas de savoir versifier sur le plan technique pour être poète. Mais on n'est pas pour autant poète en ne sachant pas versifier.<o:p></o:p>

    La versification n'est que le caractère formel, temporel, académique de la poésie, elle n'a qu'une valeur strictement littéraire : c'est beau parce qu'on sait lire, écrire, qu'on a une culture livresque. Les mots mis en vers ne peuvent émouvoir que des mortels sachant lire, donc des êtres limités par leur culture, leurs oeillères académiques. Ce qui émeut les âmes de manière universelle a beaucoup plus de valeur : là est la véritable poésie.<o:p></o:p>

    Les étoiles, la Lune ou la forêt sauvage ont certainement remué beaucoup plus d'âmes vierges de toute pollution culturelle que tous les vers compliqués des milliers de "poètes" que la Terre a portés à travers toutes les civilisations.<o:p></o:p>

    Après tout le véritable poète est celui qui sait atteindre les étoiles du ciel ainsi que l'âme de son prochain. Tout le reste n'est finalement que de la forme et non du fond.

    Autrement dit de la pure, stricte et vulgaire littérature.<o:p></o:p>

     


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  • 158 - Un poète sans coeur

    En vérité je vous le dis, dans l'existence je n'aime véritablement qu'une chose, qu'une étoile, qu'un idéal : la Poésie. Autrement dit le rêve, les humeurs pures et délicates de l'esprit, la lueur bleutée de l'amour spirituel, la beauté gelée de la mort, la beauté glacée des chastes amours, la beauté froide des esthétiques émois, et accessoirement, la laideur des femmes et le charme suranné des bossus.

    Ma mie n'est après tout qu'une des réductions terrestres de mes plus pures aspirations célestes. Et, tel un cloaque clos, son hymen certes encore inviolé mais voué aux plus infâmes turpitudes de la chair, ne me rappelle finalement que les bassesses terrestres auxquelles, fondamentalement, je n'aspire pas.<o:p></o:p>

    L'amour charnel n'est plus une science ni un art pour moi, mais plutôt un exercice quotidien purement hygiénique, strictement alimentaire, essentiellement animal. Comme le boire et le manger : rien qu'un des plaisirs profanes qu'il nous est donné de connaître en cette vallée de larmes. C'est dire que je me suis assez vite lassé de ces espèces d'ennuyeuses formalités nuptiales... J'ai fait le tour de ma mie, et à présent je n'aspire plus à accéder aux sommets de sa chair flatteuse, mais à ceux de son esprit. Et à travers cette quête assez anecdotique des beautés de son âme, à la Poésie suprême qui siège ici et partout et que l'on nomme communément "Cosmos".<o:p></o:p>

    Je suis une âme presque désincarnée, un feu follet, une pierre de lune, et j'erre déjà dans les hauteurs cosmiques de l'Harmonie suprême. La Poésie m'a éloigné de mon morne chemin terrestre, et m'a davantage rapproché du divin.

    J'aime oui. J'aime en égoïste, en esthète et en froideur. Et qu'aimé-je donc si impérieusement et plus chèrement que mes frères humains ?<o:p></o:p>

    Rien d'autre que la Lyre.<o:p></o:p>

     


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