• Raphaël Zacharie de IZARRA


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  • Raphaël Zacharie de IZARRA


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  • 801 - Soutien aux patrons fortunés<o:p></o:p>

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    Dans ce texte je réponds sur un autre blog à un détracteur particulièrement hargneux, injurieux, sottement convaincu par les apparences grossières de ce monde et qui ne jure que par la victimisation du prolétariat. Sous prétexte que je critique les revendications ouvrières et encore bien d'autres choses, il me reproche de vouloir faire l'apologie de la loi du plus fort, du nazisme, de l'eugénisme... Tout en récusant ses "ânesques" accusations, je défends ouvertement la légitimité morale, l'utilité économique, la souveraineté du patron, même lorsque celui-ci pioche dans la caisse de l'entreprise pour augmenter sa fortune personnelle...<o:p></o:p>


    Cher détracteur,<o:p></o:p>


    Je privilégie avant tout la courtoisie. J'accepte les injures ai-je dit dans un autre commentaire. Je n'ai jamais ajouté que j'acceptais de répondre à ces détracteurs bêtement agressifs, stérilement haineux. Mais, noblesse d'esprit oblige, je vous réponds quand même.<o:p></o:p>


    J'ai toujours respecté mes interlocuteurs, toujours argumenté au lieu de hurler, toujours été chevaleresque avec mes détracteurs, ce qui n'est pas nécessairement le cas de ces adversaires qui croient parler quand ils ne font que braire...<o:p></o:p>


    Je demeure courtois contrairement aux chiens qui s'ingénient comiquement à me railler systématiquement. Je cherche aussi, je ne le nie pas, à ridiculiser les adversaires de votre espèce tirant aveuglément sur leur cible atavique.<o:p></o:p>


    Je suis là aussi pour dénoncer les vils comportements. Vous êtes un sinistre esprit, plus personne n'en doute à la lecture de vos abjections. A présent que j'ai contribué à faire tomber le masque, la haine stérile semble être votre dernier recours.<o:p></o:p>


    Je suis néanmoins très content que mes textes ne laissent pas indifférents ceux qui, précisément, se sentent visés. C'est le but : faire réagir sur les points les plus sensibles. C'est ce qu'on appelle la littérature.<o:p></o:p>


    Je suis le révélateur des vraies natures. J'exacerbe vos sentiments cachés, ce qui a l'avantage de faire ressortir votre véritable fond, de dévoiler vos noirceurs. Dans votre message il y a tout le concentré de la vilenie humaine : injustice sociale, bêtise gratuite, mépris de la différence, intolérance, incitation à la haine entre les classes...<o:p></o:p>


    Pas mal pour quelques textes de votre ennemi Izarra que vous prétendez très mauvais...

    Vous avez bien tort de ne pas vouloir, comme vous dites, "perdre votre temps" à me répondre ! Moi j'ai du "temps à perdre" à redresser les travers de mes semblables. Au moins je donne l'exemple du dévouement charitable, quand vous donnez celui de l'égoïsme. Moi j'ai du "temps à perdre" à me pencher sur les tares de mes contemporains, du "temps à perdre" à dénicher pour mieux les dénoncer les imposteurs, les menteurs, les profiteurs, les abrutis, les "bêleurs", les dictateurs de la pensée...

    PENSEE UNIQUE, sainte pensée unique, quand tu enchaînes les esprits, mènes la danse, entraînes le monde dans ton sillage rigoureusement, dramatiquement rectiligne... Mes textes ont au moins une vertu : faire sortir de leur tanière les tyrans de la pensée unique qui ne souffrent pas les discours sortant de l'ornière métiadico-politiquement correcte.<o:p></o:p>


    Les beaux esprits apprécient la verve izarrienne. La roture, en général, ne comprend pas le discours supérieur que j'adopte. J'ajoute que je n'ai pas peur des mots que j'emploie : je dis VIEUX au lieu de senior, NOIR, voire NEGRE au lieu de black, GROSSE pour ronde, etc. Je refuse l'hypocrisie consistant à édulcorer la réalité par l'emploi abusif de termes mensongers, aussi dure que soit cette réalité.<o:p></o:p>


    Recevoir en pleine face l'éclat de la vérité peut parfois être vécu comme une éprouvante expérience, une dure leçon de vie. Votre réaction est humaine. Personnellement je ne suis pas responsable du caractère tranchant de la vérité.<o:p></o:p>


    Je suis la cible atavique de ceux qui voient en moi l'ennemi héréditaire de LEUR condition socio-culturelle. J'incarne ce qu'ils haïssent le plus de génération en génération. Mes préférences personnelles, je ne le cache pas, vont vers les patrons, les gens fortunés, les érudits, les aristocrates, les mondains, les artistes et non vers les faibles, les perdants, les petits, vers ceux qui se posent en éternelles victimes du système, de la société, du travail, de leurs voisins, bref ceux qui geignent devant plus beau, plus digne, plus grand qu'eux.<o:p></o:p>


    En ce qui concerne votre question sur les "commentaires disparus de mon blog", je vous réponds que je n'en sais rien et je répète que je ne suis pas connecté en permanence. Il est donc fort possible que des détracteurs manquant de courage regrettent leurs commentaires et les effacent avant que j'aie le temps d'en prendre connaissance. Quel intérêt aurais-je à effacer des commentaires ? Bien au contraire, les commentaires ineptes, injurieux ou inconsistants postés sous mes textes sont mes meilleurs arguments de défense, par conséquent j'ai tout intérêt à les laisser en ligne.

    Vous m'accusez de faire l'apologie de la loi du plus fort, du nazisme, de l'eugénisme...

    Vos conclusions à mon sujet sont très graves. Surtout pour vous car cela signifie que vous êtes incapable d'interpréter correctement un discours à l'origine très sain. Vos ornières mentales assimilent à l'eugénisme, au nazisme une pensée qui a le tort d'être différente de la vôtre ! Ce qui est révélateur de la manipulation médiatique sur les esprits les plus faibles...<o:p></o:p>


    Je ne cautionne nullement la loi du plus fort, bien au contraire. C'est vous qui semblez assimiler la force, le bonheur, le bien-être, l'épanouissement personnel à la fortune, à la position sociale, au pouvoir. Personnellement je n'ai aucune ambition professionnelle. La conquête de biens matériels m'intéresse assez peu. Je ne manque de rien, mange à ma faim, ne cherche pas à avoir une voiture plus puissante, plus belle que celle de mon voisin. Pourquoi devrais-je revendiquer l’accès à des richesses matérielles, à des privilèges financiers qui ne me sont pas    dus ? Je ne souhaite pas particulièrement voyager en première classe à l'autre bout du monde. Je ne suis pas jaloux des milliardaires qui se promènent en jet privé. Je ne convoite pas le compte en banque de tel ou tel ministre, ni de qui que ce soit d'ailleurs.<o:p></o:p>


    A partir de là je ne suis pas choqué que des patrons "s'en mettent plein les poches" comme vous dites. Ils ne me volent pas, je ne manque de rien, pourquoi devrais-je leur réclamer des comptes ? Et d'ailleurs, même s'ils me volaient quelques euros... Et après ? Je demeurerai vivant, je mangerai toujours à ma faim. Je serai, quoi qu'il en soit, toujours considéré par plus pauvre que moi (et cette fois je parle de VRAIS pauvres des pays du tiers-monde), comme un nanti.<o:p></o:p>


    Nos SMICARDS pleurnichards devraient avoir honte ! Ils se plaignent de ne pouvoir payer leur horrible maison Phénix avec leurs "petits" salaire... Bien des crève-la-faim de pays d'Afrique ou d'Asie aimeraient avoir leur "problèmes". Nos SMICARDS prétendument sous-payés, exploités par leurs patrons, eux au moins ne meurent pas de faim. Ils ont un toit, une télévision, parfois avec des bouquets de chaînes, une voiture, l'eau courante... Bref, vus depuis le Mali, nos SMICARDS endettés sont des pachas, des coq-en-pâte repus, gavés de richesses, blasés de bien matériels au point de ne même pas voir que leur malheur ferait le bonheur de millions de VRAIS déshérités.

    Rien que le fait d'avoir l'eau courante potable chez soi, c'est un luxe suprême. Oui, un luxe inouï ! Evidemment, cela semble tellement banal, tellement dérisoire sous nos latitudes et à notre époque que beaucoup d'esprits parfaitement conditionnés par des habitudes d'accumulations de richesses inutiles, par des réflexes de gaspillage, par des goûts superflus, ne le voient même pas.<o:p></o:p>


    Il y a des "pauvres gens" dans notre pays, des petits ouvriers à la vue réduite, aux aspirations étriquées, aux idéaux minuscules qui crèvent de ne pas avoir la même voiture que leurs patrons, qui pleurent de ne pas pouvoir partir en vacances plus loin que les côtes bretonnes, qui estiment être victimes d'une terrible injustice parce que leurs revenus ne leurs permettent pas d'entrer dans les mêmes hôtels que leur sous-chef d'unité de production, bref il y a des "pauvres gens" dans notre pays qui veulent faire la révolution parce que leurs supérieurs hiérarchiques gagnent dix fois, cent fois plus que leur SMIC...<o:p></o:p>


    Nés dans un état républicain qui en plus de respecter leurs droits inaliénables d'êtres humains, leur offre l'eau courante potable, la vaccination, l'assurance médicale, la technologie, les infrastructures les plus modernes, nés dans un des états les plus riches, les plus justes, les plus démocratiques de la planète, ils se plaignent encore parce que le sort ne leur a pas donné de quoi satisfaire leurs exigences de jaloux, d'enfants gâtés, de capricieux ventrus...<o:p></o:p>


    Vous prétendez que je fais l'apologie de la loi du plus fort... Alors que c'est eux, les SMICARDS pleurnichards qui aimeraient prendre le pouvoir pour l'exercer avec iniquité et non égalité ! Eux défendent le règne de l'arbitraire consistant à donner à ceux qui ne le méritent pas des richesses qui ne leur appartiennent pas. Tel Ubu réclamant des privilèges indus, vous réclamez pour les ouvriers des parts qui ne leur reviennent pas.<o:p></o:p>


    Ils ont leur SMIC, c'est leur salaire, pourquoi devraient-ils gagner plus que ce qu'ils fournissent en travail sous prétexte que leurs patrons reçoivent cent fois, mille fois plus d'argent qu'eux ? Si un patron touche de l'argent indu, c'est SON problème, pas celui des ouvriers. De quoi se plaignent les ouvriers à partir du moment où ils touchent mensuellement ce qui leur est dû ?<o:p></o:p>


    Je n'appelle pas cela de l'esprit de justice, j'appelle cela tout simplement de la convoitise. C'est se mêler de ce qui ne les regarde pas. Si le patron vole dans les caisses de l'entreprise, c'est une affaire entre lui et la justice. A partir du moment où les ouvriers touchent leurs salaire, ils n'ont pas droit au chapitre. La malhonnêteté d'un patron ne saurait en aucun cas justifier des privilèges financiers à l'égard des ouvriers.

    Vous jetez la pierre aux actionnaires qui selon vos termes "s'engraissent sur le dos des ouvriers". Venons-en au processus de création d'emplois : le patron crée son entreprise, ce qui nécessairement fait naître des emplois, puis après des années de plein emploi, le patron pour des raisons économiques décide de licencier.

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    Envisageons autrement le problème : le patron ne crée aucune entreprise. Il décide de devenir ouvrier pour réduire le stress, par manque d'ambition ou pour toute autre raison qui le regarde. Bref, le patron opte pour la non création d'entreprise : tous vos problèmes sont résolus. Ou plutôt, il n'y a pas de problèmes. Il n'y a plus que des chômeurs permanents.<o:p></o:p>


    Vous hurlez sur les actionnaires qui "s'engraissent sur le dos des ouvriers", sur l'injustice des licenciements, sur la "fortune honteuse" des patrons, mais toute création d'entreprise implique à des moments donnés l'étape de la naissance - que ce soit dans la douleur ou la joie-, l'étape de la croissance prometteuse, l'étape du plein emploi -la plus glorieuse-, enfin celle du licenciement. Elle implique aussi les actionnaires, les gagnes-petits, les profiteurs, les courageux, les malhonnêtes, les travailleurs, les faiseurs de fortunes, etc. Tout le monde y trouve son compte, profiteurs comme travailleurs. Et la morale n'a rien à voir avec le bourdonnement de la ruche humaine.<o:p></o:p>


    Toute entreprise, à l'image des êtres vivants, des états, des empires, des planètes, a une naissance, une vie, une période de prospérité, de déclin, puis finit par mourir comme meurent les êtres humains, les animaux, les modes, les idéologies.
    Pour éviter tous ces désagréments inhérents à l'entreprise, vous préféreriez qu'il n'y ait pas d'entreprise du tout ?<o:p></o:p>


    Autant ne pas souhaiter venir au monde ! A ce compte, cessons de faire des enfants. Ainsi en ne les faisant pas naître, nous leur ferons éviter tous les problèmes liés à la vie : pas d'angoisse de la mort, pas de problème de chômage, pas de maux dentaires...

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    Personnellement je ne connais aucune entreprise humaine qui soit parfaite. Maintenant si vous préférez ne pas profiter de la créativité des patrons, de leur ambitions personnelles, de leur sens des responsabilités, libre à vous de ne pas les servir, ainsi vous ne contribuerez pas à "engraisser les actionnaires".<o:p></o:p>


    Mais après il ne faudra pas mettre sur le dos des patrons votre situation de chômeur permanent. <o:p></o:p>

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    802 - Comment je vis sans travailler<o:p></o:p>

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    Certains détracteurs me reprochent de "vivre aux crochets de la société" tel un parasite sous prétexte que je ne travaille pas et qu'en plus je me paie le luxe de critiquer ceux qui travaillent, s'imaginant que je touche une pension, des indemnités ou je ne sais quels versements sociaux. Je leur réponds ici.<o:p></o:p>


    Je ne touche aucune allocation que ce soit (du moins pas encore). Je ne suis même pas à la CMU (je l'ai été durant deux années). Mais même si j'en touchais, je n'en aurais pas honte car si je touche une allocation, c'est que j'y ai droit. Une allocation n'est pas un privilège mais un droit. Je me contente de fort peu de choses, n'ayant pas de goût particulier pour des biens matériels dépassant mes capacités financières (qui sont réduites), comme cela n'est absolument pas le cas de la plupart de ceux qui me critiquent parce que je ne travaille pas et qui se plaignent, eux qui travaillent, de ne pouvoir financer leurs achats inutiles avec leur SMIC...<o:p></o:p>


    Et même si je touchais une allocation sans y avoir droit, même si ceux qui me reprochent de "vivre sur leur dos" devaient payer cette allocation par leurs impôts, en quoi cela changerait-il leur existence ? Que je touche ou pas une allocation, ils ne paieraient de toute façon pas plus d'impôts pour autant puisque les impôts sont calculés par rapport au montant du salaire et non selon le nombre de "parasites" vivant dans ce pays. Et même si mes détracteurs devaient payer pour des "parasites" de mon espèce, même en ce cas, cela serait encore mesquin de leur part de râler.<o:p></o:p>


    Personnellement je ne serais pas du tout gêné de devoir payer pour des gens qui ne travaillent pas car cela est LEUR problème, pas le mien. Même si je dois contribuer à leur entretien sur le plan matériel, sur le plan moral je ne serais nullement gêné par LEUR mode de vie. D'ailleurs il m'arrive de donner des pièces à des ivrognes qui font la manche au sortir des magasins, qui traînent toute la journée en groupes de buveurs SDF avec leurs gros chiens au centre-ville du Mans... Tant que je paye leur oisiveté dans des proportions raisonnables, que cela ne met pas en péril mon budget, en quoi leur vie me dérangerait-elle ? Nous payons bien des impôts iniques, plus ou moins indirectement... Seulement c'est moins visible, moins spectaculaire, moins "scandaleux" de payer des impôts indirects et injustes à travers tiercés, LOTO, carburant, alcools, etc... Je ne juge pas les SDF alcooliques d'ailleurs. Je ne les méprise pas non plus, jamais. Ce sont des hommes blessés, vulnérables, et je ne connais pas les épreuves ou faiblesses de leur vie.<o:p></o:p>


    Que ceux qui me blâment de ne pas travailler cessent de fumer, ils feront beaucoup plus d'économie en une année de sobriété tabagique qu'ils ne payent d'impôts pour les "parasites" en 10 ans de cotisations sociales.... En plus ils ne nuiront plus à leur santé. D'ailleurs tous ces calculs faits au sujet des paiements de cotisations pour les "parasites" sont des calculs plus psychologiques qu'objectivement arithmétiques. Ce qui gêne vraiment mes détracteurs, ce n'est pas de perdre de l'argent en cotisant pour les "parasites", mais de voir certains ne rien faire pendant qu'eux travaillent, comme s'ils les enviaient...<o:p></o:p>


    Je sais que je vis en société, j'ai conscience de la grandeur de l'homme et de la noblesse de la vie sociale harmonieuse, j'ai une haute idée de la fraternité et mon but n'est pas de profiter de mes semblables (comme le font beaucoup de travailleurs honnêtes qui ne sont animés que par la carotte du salaire, sans nul souci de vertu sociale...) mais de vivre en intelligence avec mes frères humains, dans un esprit de concorde, de solidarité à la Saint-Exupéry, non dans un esprit de rapace. C'est dans cet esprit que je souhaite évoluer dans cette société. Même si dans les apparences je suis un parasite, que mes détracteurs soient convaincus que je fais partie de ces "hommes de bonne volonté" épris de réelle fraternité, d'entente, de progrès social et humain. C'est d'ailleurs pour cela que je suis si peu tendre envers tous les destructeurs de liens sociaux, envers les abêtisseurs de foules, les malfaisants qui ont la loi avec eux...<o:p></o:p>


    Quant au vrai parasite, celui qui crapuleusement profite de la société sans aucun esprit de fraternité, sans désir de contribution, sans gratitude, c'est SON problème. C'est son stade d'évolution sociale et humaine à lui, ça le regarde. Je n'ai pas à lui reprocher d'avoir peu de conscience, ni son poids économique sur la société d'ailleurs. Qu'il travaille ou pas, je ne payerais de toute façon pas plus d'impôts pour financer son oisiveté, si j'étais imposable.<o:p></o:p>


    L'on peut fort bien travailler, toucher un salaire, subvenir légalement à ses besoins et être un vrai parasite social, un réel malfaisant, la loi des hommes ne rejoignant pas toujours la morale.<o:p></o:p>


    J'insiste : si je touche une allocation, je n'ai pas à en rougir. Une république sérieuse et digne de ce nom ne donne pas des allocations à des profiteurs. Si un jour je touche des allocations et que je ne les mérite pas, alors que la société fasse son devoir et qu'elle me demande de lui restituer les sommes indûment allouées. C'est aussi son devoir que de vérifier ces choses. Quand une administration gouvernementale donne de l'argent à un citoyen, la moindre des choses pour l'Etat maître de ses deniers, c'est de vérifier le bien-fondé de cette générosité étatique.<o:p></o:p>


    Quoi qu'il en soit, j'ai conscience de vivre dans une société égalitaire, juste, loyale, humaine. Je n'aime pas la tricherie économique, sauf pour les déshérités qui n'ont que cela pour vivre (j'ai écrit un texte à ce sujet "VIVE LA TRICHERIE"). Tricher parmi les hommes dans ma situation, c'est se saborder soi-même car les hommes, c'est l'humanité, donc une part de soi. La tricherie n'est juste que lorsqu'elle est la seule réponse à l'injustice, ce qui n'est pas mon cas actuellement puisque, et cela répondra aux interrogations pragmatiques de mes détracteurs les plus réalistes, je vis tout simplement de la Providence.

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    803 - Un amour de chien<o:p></o:p>

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    Précision (pas si superflue que cela) pour les moins fins de mes lecteurs : le texte qui suit est évidemment ironique : j'ai en horreur la gent canine.<o:p></o:p>

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    J'ai raté ma vie d'homme.<o:p></o:p>

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    J'aurais tant aimé avoir un chien, un bon gros chien qui viendrait me lécher la face à l'heure des repas...<o:p></o:p>


    Il faut que je précise à mes lecteurs que je raffole des chiens. Surtout des gros. Des très gros même. Leur bonne odeur naturelle, leurs aboiements dans la sérénité du crépuscule, leurs moeurs distinguées à l'heure vespérale
    -ou matinale- quand ils abandonnent leurs déjections aux abords du foyer, égayant les chemins, la cour, le seuil de la porte de leurs traces fécondes, signe de leur bonne santé consciencieusement entretenue grâce aux pâtées achetées en quantité suffisantes par le maître aimant...<o:p></o:p>


    Ha ! La douceur de la compagnie canine que je ne connaîtrais jamais au coin de la cheminée ! Etre réveillé à l'aurore par les glapissement joyeux de la créature désirant aller se soulager sous la rosée... Douce responsabilité du maître si aimant qu'en toutes circonstances il cède la place à son compagnon à quatre pattes !<o:p></o:p>


    Ho ! Combien la proximité des chiens me manque ! Comme je les aime ces braves grosses bêtes qui vous lèchent le visage d'un ample coup de langue pour un oui, pour un non !<o:p></o:p>


    Le sort m'a refusé cette grâce. Je ne suis pas assez fortuné pour adopter un bon gros chien : ma demeure est étroite et mes revenus de vieux célibataire au chômage me permettent à peine de faire surface !<o:p></o:p>


    Alors je vais parfois rendre visite à mes voisins : ils ont un énorme toutou que je connais très bien à force de l'entendre aboyer de bonheur sous ma fenêtre depuis tant d'années... Comme j'envie ce couple et surtout comme j'aime leur enfant chéri, leur cher enfant à poils, à crocs, à langue pendante...<o:p></o:p>


    Quand je vois leur gros chien qui de joie me montre ses bonnes dents bien blanches, je me précipite vers lui, bras tendu, larmes au bord des paupières, et je l'étreins dans un tourbillon d'authentique amour dans lequel homme et bête ne font plus qu'un !<o:p></o:p>

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    Chaque fois que je le peux je viens embrasser le chien de mes voisins, et je serre, je serre ce corps massif tout soyeux, tout rempli qu'il est de tendresse canine...<o:p></o:p>


    Après de deux mois de ce manège, alors que j'avais pris une vingtaine de fois le chien dans mes bras, le temps de m'en faire un ami, un complice, le chien de mes voisins a succombé à un mal étrange.<o:p></o:p>


    On a trouvé dans son abdomen, bien cachées par la fourrure, de discrètes traces de piqûres.<o:p></o:p>

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    Une vingtaine. <o:p></o:p>

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    804 - Berthe et Lalloche<o:p></o:p>

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    - Lalloche, me fait pas de boniments, dis-moi quoi que t'as fait de mon chat. Il était malad' le Nesto'. Tu l'aurais-t-y pas bouffé par hasard ? T'en serais ben capab', espèce de raclure d'vieille sorcière va !<o:p></o:p>

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    - Ecoute-moi ben la Berthe. Autrefois on t'appelait "la belle Berthe". C'était bien avant la guerre. Maintenant que t'es vieille et radine comme un râteau à deux dents, on t'appelle la "douze-à-six-sous" dans le pays. Même le curé y se serait plaint que tu donnes deux fois rien à la quête, radine que t'es comme un rat d'égoûtière ! Ton chat, je n'en ai pas besoin pour la soupe. Chuis honnête moué. Mes légumes du jardin y suffisent pour me tenir debout plus longtemps que tu crois. Tu seras crevée que je serai encore là à cracher dans le treux-à-crève de ta foutue tombe, ma pauv' ! Va aller chercher ailleurs que chez moué ton Nesto' plein de puces.<o:p></o:p>

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    - Lalloche, tu ferais bien de pas trop l'ouvrir. A la communale je te mettais encore la taloche. Je suis de de 17, t'es de 19. J'avais une tête de plus que toué. Mais fière comme t'as toujours été, t'a toujours cru pouvoir faire la loi. Et tout ça pasque le père était garde-champêt' ! Tu croyes que ça donne de la loye dans le sang d'avoir un père gad'champêt' ?<o:p></o:p>

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    - La Berthe, le père y était à la guerre de 70 et y te dis mede ! Mede et encore  mede ! J'ai pas bouffé ton Nesto' poilu, va donc aller voir si il est pas dans la soupière du l'Eugène. C'te fumier-là il a déjà bouffé du chat en quarante. Y m'étonnerait pas que rien que pour te contrarier jusqu'à l'os, il aurait ingurgitaillé le Nesto'.<o:p></o:p>

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    - Lalloche, il était pas seul à bouffé du chat en quarante... Qu'est que t'as trafiqué avec l'ennemi pendant les restrictions ? Paraît que t'aurais fait ton beurre en vendant du chat aux Boches...<o:p></o:p>

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    - La Berthe, si tu la fermes pas je vais t'en donner moué de la soupe au moustachu sur pattes ! En quarante t'étais loin de faire pitié avec tes "betteraves" qu'on aurait dit de la patate au beurre... Y 'en a qui avaient l'air de bien se goberger avec l'ennemi pendant que les autres y crevaient sous les restrictions !<o:p></o:p>

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    - Lalloche, je vas te faire damner par le curé si t'arrête pas de dire des menteries que c'est point vrai ce que tu racontes ! Pis si c'est vrai, j'étais point la seule à manger des patates au beurre en quarante... Alors remue pas le fumier du passé et dis-moi putôt si t'aurais pas bouffé mon Nesto'.<o:p></o:p>

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    - La Berthe, l'Eugène il est pas dans le coup. Ton Nesto' y l'a passé à la casserole. Y m'avait regardé de travers. J'aime pas les regards de traviote. Tu m'avais volé un bocal de haricots blancs en 24. On est quittes.

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    805 - L'usine foraine<o:p></o:p>

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    Les fêtes foraines sont devenues des usines à abrutir. Finie la poésie des manèges d'antan ! Les hauts-parleurs débitant insanités musicales et martèlements de synthèse ont remplacé tambourins et cymbales des artistes.<o:p></o:p>


    Assourdissements assurés.<o:p></o:p>


    Les machines à divertir "made in Disneyland" peintes comme des enseignes de discothèques proposent leurs tourbillons hollywoodiens aux mangeurs de gaufres blasés. Partout de la fureur et des néons pour mieux éblouir avec du vent.<o:p></o:p>


    Les forains ont des têtes de mafieux affairés et les guichetières dans leur antre minable ont des allures de maquerelles fatiguées attendant le client, pions peu aimables qui distribuent à la chaîne tickets et mauvaise humeur. Tarifs élevés pour plaisirs insignifiants. Matraquage de cervelles et saccage de tympans garantis.<o:p></o:p>


    Pour ces forains reconvertis dans l'exploitation des machines à sensations fortes la fête est un filon, ni plus ni moins qu'une pompe à fric. Acteurs d'une arnaque planifiée à l'échelle industrielle, les travailleurs de ce nouveau "secteur d'économie en pleine expansion" sont plus racoleurs qu'artistes. Plumer le pigeon des grandes villes avec des engins clignotants pilotés par ordinateurs semble être la raison d'être de ces marchands de rêves frelatés. Le talent des saltimbanques a depuis longtemps fait place aux machines sophistiquées crachant décibels numériques et feux factices. La fête foraine s'est dévoyée, uniformisée, américanisée.<o:p></o:p>


    Chez ces exploitants-investisseurs aux airs crapuleux (forains sur le papier, briseurs de rêves sur le terrain) le vrai roi de la fête ça n'est pas le gamin qui s'émerveille (il est déjà trop abruti et ne s'émerveille plus, gavé qu'il est de produits dérivés en tous genres), mais le chiffre d'affaires.<o:p></o:p>

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    806 - Le rêve d'Eugène<o:p></o:p>

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    Le ciel est clair, l'air vernal, le paysage serein.<o:p></o:p>


    Eugène se repose, le front levé, les paupières closes. Il écoute le chant des oiseaux et la brise dans les arbres, respirant paisiblement sous sa moustache. L'air qui pénètre ses flancs semble le régénérer. Un nuage dans l'azur, le soleil qui chauffe doucement la campagne, cela suffit pour faire naître un sourire sur les lèvres du rêvasseur.

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    Il est au paradis, Eugène.<o:p></o:p>


    Il se repose, tout simplement. Cela faisait si longtemps... Enfin le calme, quelques vols d'oiseaux, le bruit du vent. Il en avait besoin Eugène. Avec ses mains calleuses, ses bottes crottées, son visage sale, il est comme un mineur de fond qui referait surface, passant en un instant du trou à rat au printemps.<o:p></o:p>


    Savourer encore cet instant de paix sous l'azur sans penser à rien, le front toujours levé... Le dormeur est tout à sa volupté.<o:p></o:p>


    Maintenant Eugène ouvre les yeux, le front dirigé vers l'infini. Le ciel éclate de beauté au-dessus de sa tête. Son regard parcourt lentement l'horizon bleu que parsèment quelques nuages.<o:p></o:p>


    La paix.<o:p></o:p>


    Instant exquis pour Eugène. La paix... Mollement son front se baisse, de vertical le regard se fait horizontal : l'image du ciel fait progressivement place à celle de la terre. La paix...<o:p></o:p>


    La paix ? La guerre !<o:p></o:p>


    Le bleu devient la boue, l'harmonie le chaos, l'éther la charogne.<o:p></o:p>


    Une grenade vient d'exploser à deux trous du rêveur. Puis une autre, suivie d'une série d'obus. La mitraille est revenue, assourdissante. Au vacarme du fer hurlant, au concert puissant des canons qui dégueulent le feu s'opposent l'horrible cliquetis des os qui se disloquent, l'affreuse discretion de la chair qui se déchire. Justement, les deux jambes de notre homme viennent d'être arrachées, projetées loin du corps. De ce qu'il reste du corps, du moins : un bras est parti lui aussi, avec la moitié du visage, moustaches comprises. Décidément les rêves finissent mal au printemps 1917 à Verdun...

    Eugène ne rêve plus. Ou plutôt si. Il commence un long, interminable rêve.<o:p></o:p>


    Mais il ne se réveillera jamais.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    807 - A ceux qui me reprochent de détourner le regard de la Yougoslavie<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Foutez-nous la paix avec votre Kosovo et votre Serbie !<o:p></o:p>


    Personne n'y comprend rien, cessez de vouloir mêler les esprits sains à ces imbroglios politico-ethniques parfaitement ubuesques !<o:p></o:p>


    Laissons les gens du Kosovo et de la Serbie patauger dans leur fange entre fous qu'ils sont, n'étendons pas leur conflit jusqu'à nous. Il y a tant de belles choses à faire sur Terre, pourquoi aller s'embarquer dans ces histoires de dingues ? La Yougoslavie est pour toute personne saine un immense asile psychiatrique rempli de fous furieux, le "Sainte-Anne" de l'Europe. Je me demande si les gens là-bas y comprennent eux-mêmes quelque chose à leurs histoires incroyablement compliquées... On dirait une vaste farce ourdie par de sinistres clowns, un numéro de cirque funeste donné à une nation entière, mené par des "trompettistes de la mort".<o:p></o:p>


    Si je devais tenter de résoudre tous les problèmes du monde, cela ajouterait un énième problème au monde... Et ma vie n'y suffirait pas. Pourquoi irais-je patauger dans la fange des autres au risque d'amplifier un processus nuisible, de rendre encore plus complexe un inextricable imbroglio martial ? Pourquoi vouloir me faire entrer dans la ronde des fous ? Laissons les fous s'agiter entre eux. Entrer dans l'arène des dingues ne ferait qu'ajouter au vacarme, à l'absurdité de la situation. Quand les fous en auront assez de s'étriper, quand ils constateront que les autres pays n'entrent pas dans leur ronde infernale, ils finiront par se lasser, et pourquoi pas, par entendre raison.<o:p></o:p>


    Manipulation classique de la part des stratèges sans scrupules : mondialiser leurs conflits locaux .<o:p></o:p>


    Quand vous croyez prendre parti librement pour l'un ou pour l'autre camp, vous n'êtes en fait que le jouet d'habiles belligérants. Leur intérêt est d'exporter leur cause afin qu'un maximum de témoins s'y rallient.<o:p></o:p>


    Persuadées d'agir pour la justice, d'être dans le bon camp, de défendre la bonne cause, les belles âmes volant au secours des uns ou des autres se trouvent n'être -à leur insu- que des pantins au service du conflit et de leurs protagonistes...<o:p></o:p>


    Ne surtout pas entrer dans leur jeu !<o:p></o:p>


    Bref, que chacun s'occupe de son jardin et tout ira mieux.<o:p></o:p>


    Si vous vous mêliez moins des problèmes des autres, vous les idéalistes du dimanche, peut-être que leurs problèmes seraient moins difficiles à régler... Entrer dans le conflit des autres ne fait que l'amplifier, le complexifier, l'étendre.<o:p></o:p>


    Bref, cela ne fait qu'ajouter de l'absurde à l'absurde. Il n'y a que les fous pour vouloir se joindre aux fous.<o:p></o:p>


    C'est d'ailleurs exactement comme cela qu'est née la Première Guerre Mondiale. La plupart des soldats ne savaient même pas pourquoi ils se battaient. Et les chefs d'états ? Je pense qu'eux-mêmes, tout comme les soldats, ne savaient pas trop pourquoi leurs nations s'entretuaient.<o:p></o:p>


    Moi je ne comprends rien, strictement rien au problème de la Yougoslavie et vous voudriez que j'y mette mon grain de sel ? <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    808 - D'un lobe à l'autre<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Pour en finir avec les vieilles chimères, prenons l'exemple météorologique : nuages et vent. A partir du souffle atmosphérique les éléments génèrent les forces par lesquelles entre en action l'onde indispensable à l'humidification des sols féconds. Ainsi les mots entrent dans l'élaboration du langage, générant les phrases, la pensée, la réflexion féconde, puis le vent. Le locuteur sous la pluie ne ressemble en rien à l'escargot qui bave puisque le mollusque terrestre ne possède qu'un seul pied pour argument majeur, tandis que le bipède, comme son nom l'indique, en possède deux.<o:p></o:p>


    J'en viens à présent au délicat problème des oeufs. Tout ce qui éclot n'est pas nécessairement essentiel. La mouche qui vole et qui pond, qu'a-t-elle de commun avec le passeur d'un pont ? En fait passager, passeur, passant, messager ? Le verbe conditionne la pensée et bravant toute bave escargotique, l'humidité céleste qui arrose le pied du passant pressé ou amolli n'est pas l'onde qui abreuve le sillon emprunté par la coquille vive. L'oeuf est sur un pied, il avance. Sans être limace, il pond, bave, et sorti de sa coquille il arbore alors deux antennes rétractiles. Peu pressé mais plein d'oeufs, il passe.<o:p></o:p>


    Afin d'aborder avec aisance l'élément solide, penchons-nous sur l'aspect sphérique du sujet de cette étude. Que voit-on ? Un escalier. Ascendant diront certains, descendant affirmeront d'autres. En fait tous les colimaçons mènent à Rome, et l'humble larve comme le fier hippocampe progressent en direction opposée à leur point de départ, et ce quelle que soit la direction prise par l'un ou par l'autre. Dans la Capitale italienne ce qui est vital aliène n'importe quelle limace atmosphérique. On y revient. L'atmosphère, l'onde céleste, le vent... La réalité météorologique nous aliène à ses lois car celles-ci demeurent au-dessus de nos têtes. De Rome au ruisseau, la dive coquille glisse de son unique pied et se perd dans l'anonymat d'une flaque insignifiante. Sauf que des pores limaciers partent en fumée et que les portes closes ne sont fermées que le dimanche.<o:p></o:p>


    A méditer sans retenue avec une feuille de salade mouillée sur le talon pour les vers et de plats haricots de terre sur la tête pour les pommes.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    809 - Le procès fait contre Eric Zemmour à propos de son roman inspiré de faits réels<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Dans le débat public, qu'il soit d'inspiration médiatique ou romanesque, je suis contre le "floutage" des vérités, des visages, des marques, des coordonnées en général. Certes il faut protéger le faible, respecter les légitimes pudeurs de chacun. Il ne s'agit pas non plus de jeter en pâture de potentielles victimes au nom de la vérité.<o:p></o:p>


    Mais dés lors que les gens sont adultes, responsables, vaccinés, ils doivent assumer totalement les inconvénients de la vie en société. S'ils adhèrent sans difficulté aux avantages et bienfaits de la vie sociale, il doivent également consentir aux rigueurs et contrariétés inhérentes à toute société cohérente. Cela s'appelle ni plus ni moins l'intelligence sociale et c'est la moindre des choses que de se plier à ses élémentaires exigences.<o:p></o:p>


    Si les gens aspirent au silence médiatique, à l'anonymat voire à l'oubli, bref s'ils veulent vivre "en paix" selon leurs critères strictement individualistes, personne ne les empêche de se faire ermites.<o:p></o:p>


    Le fait d'être cité dans un roman pour telle ou telle raison fait partie des risques de la vie. Ce refus maladif de la part des citoyens
    (de plus en plus déresponsabilisés) de prendre le risque de se faire renverser par les bolides du "hasard et des merveilles" sur le chemin de l'existence est significatif de la frilosité, du désir d'introversion des membres de cette société encadrée par des lois toujours plus infantilisantes.<o:p></o:p>


    Rappelons que vivre, c'est fatalement une aventure. A moins de souhaiter ne jamais sortir de sa coquille originelle, vivre c'est affronter le réel. Avec tout ce que cela suppose de bienfaits et d'amertume. D'ailleurs les épines de la vie, c'est ce qui constitue aussi sa richesse.<o:p></o:p>


    Pour en revenir au désir d'anonymat de certaines personnes citées publiquement, quelle valeur peut avoir un témoignage s'il est quasi anonyme ? Je ne vois pas en quoi la sécurité ou la renommée de tel ou tel acteur de la vie médiatique, politique, de la vie sociale en général peut être mise en jeu dans le cadre de l'expression publique.

    Que ceux qui n'ont rien à cacher, rien à craindre, au lieu d'opposer d'inutiles barrières à l'établissement de la vérité
    (ou dans le cas qui nous préoccupe à l'élaboration du roman) acceptent d'être inclus, nommés, cités dans les débats, romans, articles... Leur cause en deviendra beaucoup moins suspecte et cela coupera court au vacarme médiatique qu'il entretiennent perversement par leurs simples protestations...<o:p></o:p>


    Cette société de
    "floutage" systématique manque de virilité.<o:p></o:p>


    Très révélateur de son malaise : l'emploi de mots qui dénaturent le réel. Sous couvert de respect d'autrui, le verbe s'édulcore. Ainsi sont sortis les termes qui arrondissent les angles... Est-ce respecter un être humain que de le qualifier de BLACK, de SENIOR ou de BEUR ? Non, c'est le rabaisser à hauteur du
    "linguistiquement lisse", c'est le formater selon les critères lénifiants de cette mode niaiseuse consistant à aseptiser les êtres en dépit de leurs odorantes, visuelles ou culturelles différences.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Nous sommes dans une société hyper frileuse pleine de mollassons, de pantouflards où les hommes torchent des gamins et chialent devant leur poste de télévision pour un oui, pour un non !


    Dans cette société d'assistanat mental la vérité fait peur, les idées font peur, les mots font peur. On édulcore la réalité, la pensée, le verbe.<o:p></o:p>


    Une affreuse vieillarde devient une gentille MAMIE. Un vieux sénile baveux est transformé en sémillant SENIOR.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Un homme n'est pas un produit calibré, empaqueté, uniformisé, c'est un univers individuel avec ses contradictions, ses outrances, ses bassesses et ses hauteurs. Et son odeur.<o:p></o:p>


    En qualifiant un NOIR de BLACK, une FEMME OBESE de RONDE, un VIEUX de SENIOR, une VIEILLARDE de MAMIE, on fait perdre toute sa saveur à l'individu ainsi désigné, on lui ôte sa singularité, on l'uniformise, on le standardise, bref on le fait entrer bien proprement dans nos petits moules étriqués si
    "politiquement corrects".

    Le procès fait à Eric Zemmour procède de cet état d'esprit de notre société immature sous assistance législative où non seulement la vigueur du propos mais encore la
    VERITE des faits ont été remplacés par la mollesse du discours, le mensonge social.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    810 - Le glaive de l'esthète<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L'esthète aimait les femmes.<o:p></o:p>


    Il chérissait leurs pieds, suivait leurs pas, s'attachait à leurs chats, s'affichait avec leurs appas, pressait leurs châles, surveillait leurs passages, provoquait leurs larmes aussi : notre héros était un amant féroce.<o:p></o:p>


    Il y avait deux Z dans son nom en quatre parties. Il prenait ces Z pour des ailes. Ou plutôt il prenait les L pour des zèbres. Enfin, dans ses ivresses esthétiques il confondait les choses avec les idées, les étoiles avec les fioles, la Lune du soir avec la une du journal. Précisons que ce petit "Machia-nova" de par sa naissance avait hérité d'un trésor sans prix : une particule.<o:p></o:p>


    Et, chose notable, le sybarite tenait à exercer souverainement les droits conférés par le port de sa particule auprès non seulement de ses femelles conquêtes mais également des gens de peu, ses éternels ennemis.<o:p></o:p>


    Ainsi il exigeait que ce qu'il appelait "la gent impie", c'est-à-dire le peuple des sans-particules, lui rende d'inconditionnels hommages en vertu de sa glorieuse condition de "particulé". Évidemment, étant donné que rares étaient les "impies" acquiesçant à ses vues, il était fort peu souvent honoré par ce côté de sa personne.<o:p></o:p>


    Seules les femmes de coeur et d'esprit acceptaient de céder à son caprice d'artiste. D'elles, le raffiné despote revendiquait la jouissance de droits de plus en plus totaux.<o:p></o:p>


    Toutes cédaient. Aucune ne se plaignait. Il faut préciser que pour faire taire toute contestation notre dandy avait un magnifique secret.<o:p></o:p>


    Cet argument de taille propre à faire oublier les rigueurs de son caractère fantasque consistait en sa belle, grosse, puissante et très habile...<o:p></o:p>


    ...Plume.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    811 - Société d'eunuques<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Le floutage est partout.<o:p></o:p>


    De plus en plus systématique, il est en passe de devenir la norme.<o:p></o:p>


    Norme des ovins qui adhèrent sans broncher à la décérébration progressive, insidieuse des masses.<o:p></o:p>


    Visages, numéros d'immatriculations des véhicules, enseignes d'artisans, noms de marques, numéros de téléphones, le floutage se répand sur les supports les plus variés : depuis GOOGLE EARTH jusque dans les médias traditionnels en passant par la télévision, cette dernière ayant, semble-t-il, imposé le concept.<o:p></o:p>


    Cette pratique insupportable, forme grossière de censure qui ne dit pas son nom, est révélatrice de l'état d'abrutissement de notre société dévirilisée, infantilisée, faussement respectueuse des individus, de la loi, et surtout extrêmement frileuse devant les prêtres de l'économie et leurs logos sacralisés comme des icônes de saints ou des drapeaux solennels de nations.<o:p></o:p>


    Si bien que citer, montrer, dénoncer une marque est devenu un crime.<o:p></o:p>


    Cette censure qui risiblement se pare de grandes valeurs morales est en fait une condamnation du citoyen à devenir bête, docile, plus serviteur de causes viles que protecteur de réels intérêts humains. Le vrai but de la manoeuvre (initiée et orchestrée, me semble-t-il, par les maîtres des grandes marques commerciales et les médias complices) est de changer les mentalités face à l'importance croissante que prend l'économie dans la vie sociale.<o:p></o:p>


    Les rapports entre la publicité et les marques, les individus et leur image publique se codifient à l'extrême. Aujourd'hui il n'est plus possible de fumer ou boire de l'alcool dans un débat à la télévision, il est interdit de dire NÈGRE, VIEUX, INFIRME à travers cette même télévision (la télévision qui, rappelons-le, sans être un organe légal d'information ou de débat public s'est imposée comme LE vecteur "sérieux" de toutes les causes officielles) sans être accusé de racisme, de mépris ou d'irrespect. Nommer publiquement monsieur Dupont, Madame Duchemin dans une affaire mettant en jeu des intérêts aussi insignifiants que le respect de leur petite vie privée de français moyens fait courir le risque à l'imprudent d'être poursuivi en justice par ces "minables offensés" que je viens d'évoquer.<o:p></o:p>


    La protection de l'image du moindre quidam fait l'objet des plus chères attentions de la part des législateurs sacrifiant à l'air du temps. Et à ses inepties.<o:p></o:p>


    En bref, le floutage est un voile inique placé devant la vérité dans le dessein imbécile de mettre les gens à égalité devant la sottise ambiante.<o:p></o:p>


    En quoi montrer le visage de monsieur Dupont ou le numéro de sa voiture sur GOOGLE EARTH constitue une atteinte à sa dignité d'anonyme, à sa vie privée de plombier dont nul n'a que faire ?<o:p></o:p>


    Faut-il être profondément atteint par la stupidité générale pour se donner la peine de flouter chaque visage, chaque plaque minéralogique apparaissant sur les routes de GOOGLE EARTH ! Suivre le mouvement c'est se faire complice de la tendance et donc la renforcer.<o:p></o:p>


    Face à la montée de la crétinisation civile, je prône la "désobéissance izarrienne" : ne pas singer les eunuques, promouvoir la hauteur de vue et surtout dénoncer le floutage comme un pas décisif dans le processus d'enchaînement des esprits à des causes qui n'en sont pas.

     


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  • Raphaël Zacharie de Izarra - Présentation de l'auteur

     
    Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà de cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cette flamme, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous ? Osons le croire.

    Raphaël Zacharie de Izarra


    =======

    Modestement à travers mes quelques 811 textes actuels j'ai embrassé de près ou de loin tous les aspects du monde -des choses comme des hommes- dans toutes les directions imaginables, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'aux feux galactiques que j'ai fait taire devant un battement d'aile.

    Sur le plan du palpable je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'au macrocosme, sans omettre de poser mon regard à hauteur des boutons de chemise de mes semblables. Du point de vue des choses de l'esprit j'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques.

    Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied.

    J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce monde, un pâté de sable de vos trésors.

    J'ai abordé de près ou de loin tous les thèmes : l'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les fraises des bois, les rêves, les cauchemars, l'excrément, la lumière, le houblon, la pourriture, l'encens, l'insignifiance, le grain de sable, les poubelles de mon voisin, les relents gastriques de Jules César, l'encre de Chine, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer... Tout, absolument tout ce que contient notre pauvre monde et même au-delà a été intégré à mes textes.

    J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier" : celui de ma plume.

    A travers ce blog je vous invite à faire un tour relativement rapide de l'humanité et de l'Univers, de prendre la mesure de tout ce qui existe et n'existe pas en quelques centaines de textes futiles et mémorables, éloquents et sarcastiques, répugnants et délectables, pleins de grains de sel et de justesse.

    Raphaël Zacharie de Izarra

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  • 701 - Tout service ne mérite pas salaire

    De plus en plus, l'homme devient une source de profit pour l'homme.<o:p></o:p>

    Personnellement je supporte de moins en moins d'être considéré uniquement sous l'angle économique. Ainsi je viens encore de recevoir un appel téléphonique (mon correspondant adoptant ce ton commercial lénifiant, impersonnel si caractéristique...) de la part d'une énième grosse société s'informant sur mon mode de vie et mes habitudes de consommation... Ce genre d'appels téléphoniques brefs et efficaces à la courtoisie en carton-pâte et traités à la chaîne, irrespectueux de mon individualité, est une agression vénale de l'homme par l'homme, une atteinte profonde à la personne humaine conçue exclusivement comme source potentielle de profit. <o:p></o:p>

    Les puissants industriels qui entreprennent de telles enquêtes par voies téléphoniques ont même fini, à force de stratégies en marketing éprouvées, par s'imposer dans l'opinion publique comme une agréable, inoffensive, bienveillante efflorescence mercantile faisant partie du "paysage des télécommunications". Aujourd'hui tout le monde trouve cela normal. Pas moi.<o:p></o:p>

    Avec les nouvelles lois de protection des symboles commerciaux, le renforcement des droits divers protégeant les intérêts strictement économiques des citoyens, des professionnels ou des industriels (COPYRIGHT sur INTERNET pour la moindre insignifiance, utilisation réglementée des logos, port et détention prohibés de produits imités ou falsifiés qui ne sont pas dangereux, interdiction de citer publiquement les marques), avec également les récentes lois sur le droit à l'image impliquant la possibilité d'intenter des procès aux "fautifs" et de leur réclamer des dommages et intérêts substantiels, la société devient obsédée par les rapports économiques qui relient - ou plutôt divisent, montent les uns contre les autres, voire en certains cas déchirent - ses membres.<o:p></o:p>

    La notion de gratuité, de service désintéressé par amour du prochain, par fraternité envers l'humanité perd de sa valeur dans notre société déstabilisée par le chômage, la vie chère, hantée par le besoin impérieux de stabilité professionnelle (ou purement et simplement par les gains matériels), au profit d'une conception des rapports humains basée sur le profit, le gain, le commerce. La publicité envahit tout. Douce ou agressive, subtile ou triviale, elle est omniprésente. Tout se vend, s'achète, se fait fructifier, prend une valeur économique. Sauf la gratuité du geste, évidemment.<o:p></o:p>

    La moindre image d'actualité, la plus petite idée issue de la rue, la dernière lessive, la prochaine rentrée littéraire : tout est appréhendé sous l'aspect mercantile. Tous acceptent le jeu du bénéfice financier, de la spéculation, de la rentabilité. Pas moi.<o:p></o:p>

    Aujourd'hui la notion de "providence", l'idée de s'abandonner "à la grâce de Dieu", ou le choix de prendre le large au gré des vents de la vie passent pour des folies, de l'inconscience, voire de l'héroïsme...<o:p></o:p>

    De nos jours tout ce qui a rapport à l'argent est scrupuleusement calculé (par exemple, la moindre heure de travail, chaque impôt, le plus petit dû, les bénéfices professionnels : tout est soigneusement consigné au centime près, enregistré par des machines officielles pour la vie entière du citoyen), et cette approche économique de l'existence a banni de nos mentalités l'esprit bohème, ce panache, cette hauteur de vue qu'adoptaient fréquemment nos aïeux marqués pendant des siècles par l'esprit paysan. Eux n'étaient pas aussi torturés que nous par le confort matériel, les signes de réussite sociale, l'avidité pour la consommation, beaucoup plus conscients de leur mortalité que nous, aveuglés que nous sommes par les mirages matériels qui nous entourent et excitent nos appétits temporels.<o:p></o:p>

    Comble du comble : même le bénévolat est aujourd'hui remit en question dans le principe de son fonctionnement. Il est en effet question de le rémunérer. Si cette idée aberrante aboutit, les bénévoles vont peut-être devenir des bénévoles rémunérés, voire dûment salariés... <o:p></o:p>

    En refusant d'adopter ces valeurs dominantes consistant à considérer presque tous les aspects de la vie par rapport à des rémunérations, gains et bénéfices divers (du pourboire obligatoire des lieux huppés que je refuse systématiquement jusqu'au sourire commercial de base que je méprise profondément en passant par les vendeurs de rêves frelatés que je boycotte résolument, sans oublier ma répulsion extrême pour la publicité et tous ses proxénètes et prostitués de la pensée, de la culture, de la sensibilité), je fais le choix de la dignité, de la liberté, de la hauteur.<o:p></o:p>

    702 - Pesanteur du coeur, légèreté de l'âme

    Les vicissitudes de l'amour (texte autobiographique).<o:p></o:p>

    A Sillé-le-Guillaume vers la fin de l'été je montais en direction de la pierre pieusement érigée -l'église- à la rencontre d'une illuminée aux allures de vestale. Qui devinerait que Sillé-le-Guillaume avec ses torpeurs provinciales abrite mes secrets d'esthète ? Des souvenirs intimes et éblouissants, mélancoliques et fulgurants m'ont rendu chère cette cité... Jadis dans cette ville j'expérimentais prouesses amoureuses et éprouvais feux de l'esprit. Une fois encore je voulus faire se croiser ces deux sommets du coeur et de l'âme. Une jonction de la terre et du ciel, du temporel et de l'infini : amour terrestre et élévation spirituelle. <o:p></o:p>

    Ce jour-là c'est en compagnie d'un charmant oiseau que je souhaitai accéder à l'ivresse sacrée, désireux d'oublier les tourments d'une existence agitée : la légitime amante qui partageait mes jours, en effet, venait de fuir. <o:p></o:p>

    Cela dit, ma solitude devenait synonyme de liberté.<o:p></o:p>

    Messager céleste et femme glorieusement incarnée, cette créature que j'étreignis bientôt s'était manifestée à moi comme un mystère, une interrogation (un songe brillant fut à l'origine de notre rencontre, que l'on me permette de garder secrète cette partie intime de l'histoire). <o:p></o:p>

    Au fond de moi-même je cherchais bien évidemment à rendre jalouse l'inconstante, à la faire revenir. A travers cette amoureuse officieuse le Ciel m'avait exaucé puisque trois jours après nos baisers échangés à l'ombre du clocher, le miracle eut lieu : émue par le serment de nos lèvres, la fugitive revint à moi. Le tremblement de nos coeurs sous l'église avait réveillé ses ardeurs. J'avais pris soin, en effet, de mettre au courant celle qui m'avait quitté de mon rendez-vous avec sa rivale. <o:p></o:p>

    La rebelle devint repentante, son affection pour moi se raviva.<o:p></o:p>

    Mais, ironie du sort, à ce jeu complexe et périlleux les cartes s'embrouillèrent si bien que celle qui, par ses tendresses ostensibles, devait me faire revenir la fuyarde avait finalement pris sa place... A peine conçue, je devais étouffer ma flamme car l'aimée, celle dont j'avais tant pleuré l'absence, m'était revenue. Même si mes sentiments pour cette dernière n'étaient plus aussi ardents, sa rivale ayant involontairement détourné à son profit mes feux, la volonté céleste exigeait que je retournasse vers l'amante prodigue. <o:p></o:p>

    Ce que je fis avec une joie amère au coeur. Je retrouvais l'ancienne compagne certes, mais en même temps je perdais la nouvelle. <o:p></o:p>

    Au contact de ma nouvelle conquête, l'autre avait perdu un peu de prix dans mon coeur décidément changeant... Désemparé, tiraillé entre les tourments exquis de l'amour naissant et le désir de sauver un hyménée de longue date, devais-je écouter ses battements et faire offense au Ciel qui m'avait fait revenir l'amante de toujours, ou devais-je le faire taire et acquiescer avec reconnaissance à la grâce qu'Il m'avait accordé ? A force de prières j'étais parvenu à Le faire fléchir, et voilà que j'étais tenté de détourner les yeux du cadeau divin ! <o:p></o:p>

    Le temps, me dis-je alors, apporterait la réponse à mes hésitations. <o:p></o:p>

    703 - A Sillé-le-Guillaume

    Rencontre tendre et féroce avec une amante (texte autobiographique).<o:p></o:p>

    Je vous emmenais sur les hauteurs pies de la cité. L'ombre vespérale gagnait la nue, vous frissonniez sous le vent, je vous enlaçais. Mes lèvres croisèrent les vôtres.

    Les cloches s'ébranlèrent.
    <o:p></o:p>

    La pierre nous entourait comme une troisième présence. L'église, telle une tombe vive, nous ensevelissait de sa lumière : le monde d'en bas disparaissait, il n'y avait plus que le Ciel et ses hôtes. Mon baiser devenait une prière. Belle vous étiez, telle ce crépuscule, belle ainsi que le vent, belle comme l'airain sonnant dans le soir. <o:p></o:p>

    Cruels, mes mots sifflaient bientôt comme des ricanements. L'épreuve des apparences... Alliez-vous renier cet ange aux ailes cachées ? Je raillais, cynique, insolent, blessant... Votre regard cependant demeurait plein d'amour : vous étiez digne de mes feux. <o:p></o:p>

    Avec ce sacre informel, j'étais entré dans votre âme par la porte royale. Je vous raccompagnais plus bas, le coeur apaisé, un éclat neuf dans le regard. <o:p></o:p>

    704 - Ma vie d'avare

    Je souffre d'une avarice phénoménale. <o:p></o:p>

    Obsédé par l'économie, hanté à l'idée de la moindre dépense, tourmenté pour des histoires de centimes, je vis très largement en dessous de mes moyens.

    L'hiver je me chauffe à mes illusions, au printemps je puise mes forces dans la brise, l'été je songe à l'hiver pour me consoler de la touffeur, à la saison des récoltes je traîne dans les potagers de mes voisins en quête de fruits pourris. Ainsi toute l'année je me nourris de peu, bois le vin sans goût mais gratuit du ciel, passe mon temps à regarder les autres gaspiller leur bien.
    <o:p></o:p>

    Rebelle à la consommation, farouchement opposé au luxe comme au nécessaire, je fuis les marchands quels qu'ils soient.<o:p></o:p>

    Les poubelles sont mes seuls paradis. L'ordure m'agrée par-dessus tout en cela que son prix est égal à zéro. Là où rien ne peut s'acheter, je me précipite, affamé mais digne car en effet, j'estime qu'alléger ma bourse est indigne de ma condition d'avare convaincu. <o:p></o:p>

    Ladre je le suis par goût, par intérêt, par vocation. <o:p></o:p>

    Il m'importe de réduire à l'extrême mon niveau de vie plus par haine des frais, par refus de mettre en circulation mes finances, par horreur de la dilapidation de mon bien, par crainte du gaspillage de mes sous que par désir de m'enrichir. Je considère ma vraie richesse en termes de gains par rétention d'argent, par non-dépenses. Me séparer d'une seule piécette me coûte assez pour que je commette trop souvent ce crime que je ne parviens jamais à me pardonner. Rares sont mes achats.<o:p></o:p>

    Plus rares sont mes dons. <o:p></o:p>

    Je ne fais de cadeau à personne, à moi encore moins qu'aux autres. Je me prive de tout, même d'être pauvre. Mon idéal est de réussir à atteindre la misère pour n'avoir enfin plus rien à dépenser. La simple pauvreté à laquelle je me soumets depuis toujours me semble un luxe honteux. Je suis un fou de la cause. Fanatique dans mon avarice, je poursuis un absolu : retenir tout l'argent que je possède, ne rien laisser échapper de ma bourse.<o:p></o:p>

    Depuis plus de trente ans je consigne dans un méchant carnet mes plus petites dépenses. Du matin au soir je calcule, recalcule, estime ce que j'aurais pu économiser tel jour, tel mois, telle année de ma vie, regrettant tel achat scrupuleusement noté en langage codé (une manie de radin je suppose), lisant et relisant inlassablement mes minuscules colonnes de chiffres dans le petit carnet tout corné...<o:p></o:p>

    Ma passion pour l'économie est telle que je n'aspire qu'à vivre le plus longtemps possible afin de glorieusement mourir sur un amas de sous et de billets soigneusement accumulés toute mon existence durant.<o:p></o:p>

    705 - Un grand timide

    Certains s'imaginent que j'ai un caractère bien trempé, des moeurs étranges, des exigences supérieures. C'est vrai en ce qui concerne la deuxième et la troisième chose... Pour ce qui est de mon tempérament, on ne conçoit pas que je sois timide, effacé, discret.<o:p></o:p>

    En vérité je fais tout pour passer inaperçu dans la plupart des cas : au contact de la roture, lorsque je me mêle au commun, quand je suis entouré du tout-venant. Et plus particulièrement avec les minables. Je ne montre mon éclat qu'en flatteuse compagnie : beaux esprits de mon envergure et aristocrates de mon niveau.

    Me montrer tel que je suis à l'engeance crapuleuse (tout ce qui ne porte pas de particule en général), c'est nécessairement me compromettre à ses yeux. Incompris de mes semblables, je n'agrée qu'aux demi-dieux.
    <o:p></o:p>

    Mes positions intolérables sur la vie, mes opinions outrancières sur mes semblables, ma sensibilité hautaine, mes goûts austères et contradictoires pour les joies et singularités de l'existence font de moi un être invivable, haïssable, odieux.

    Ou adorable, selon la qualité de l'esprit de celui qui porte sur moi son regard.
    <o:p></o:p>

    Mais dans la plupart des cas je suis totalement détesté de mes contemporains. Montré du doigt non pour mes vices mais pour mes vertus, méprisé pour mon éclat plus que pour mes ténèbres absentes, réputé pour mes mystères et méconnu pour mes légèretés, on me soupçonne à raison de côtoyer des hauteurs grandioses.<o:p></o:p>

    Je laisse dire ce qui se dit, écoute chanter tous ces bardes sans lyre, n'empêche pas les messies de mauvais augure de me servir leur soupe froide. <o:p></o:p>

    Seule compte la gloire de mon chapeau.<o:p></o:p>

    706 - L'Univers et l'esprit

    On estime le nombre d'étoiles peuplant l'Univers égal au nombre de grains de sable que contiendrait une couche aréneuse de 1 mètre de hauteur et recouvrant la France entière. Combien d'êtres vivants dans cet Univers sans limite ? Au delà du vertige humain, le pur émerveillement, la divine révélation... Même en augurant avec la plus grande mauvaise foi qu'un seul monde pourrait abriter des hôtes -doués de raison ou non- pour 100 milliard d'autres qui seraient stériles -proportion infime au regard du nombre d'objets célestes existants- l'Univers serait encore un vivier sans mesure ! <o:p></o:p>

    En effet, n'admettre l'existence possible que d'une seule planète vivante par galaxie, cela ferait déjà 100 milliards de planètes semblables à la Terre... C'est exactement comme si l'on estimait que dans nos mers en moyenne une seule bactérie était susceptible d'être contenue dans chaque 10 mètres cubes d'eau... Un seul être monocellulaire pour 10 tonnes d'eau, cela ne ferait-il déjà pas des milliards de microscopiques miracles dans la mer ? Or en réalité il y a des milliers, des millions, parfois des milliards de bactéries dans chaque once d'eau de mer ou de la moindre flaque fangeuse de nos mares, sans compter tous les autres êtres bien plus complexes ayant colonisé les plus ténus espaces océaniques et terrestres...<o:p></o:p>

    Le rapport est le même entre le grouillement de vie sur notre planète dans chaque parcelle imperceptible de terre, d'eau, d'humus, et le nombre incalculable d'étoiles autour de nous : chaque étoile est comme une entité dans l'Univers -un univers dans l'Univers- et correspond à chaque fois à une bactérie dans l'océan, une cellule de vie dans la terre, un cristal de neige sur la montagne, un brin d'herbe dans la jungle, un grain de sable dans le désert. Qu'elles soient vives, inertes ou sur le point d'éclore, toutes ces étoiles sont comme autant de mystères macroscopiques.

    A toutes les échelles et dans chaque recoin de notre monde la vie crève la matière, perce la nuit, remonte à la lumière. Alors pourquoi pas ailleurs, là où grouillent tant de feux stellaires ? Et même si seulement une étoile sur 100 milliards abritait la vie... Le moindre papillon, le plus mince moucheron, le plus humble atome de poussière rivalisent de génie avec l'orange, la baleine, les vents tropicaux, les cristaux de glace, le photon, la plume du moineau, la goutte d'eau, le grain de sel.
    <o:p></o:p>

    Astre ou particule, le miracle est le même. <o:p></o:p>

    Face à ces 10 000 milliards de milliard de soleils ou bien face à un seul de ces soleils, à un cheval, à une brise, à l'ombre d'une feuille d'arbre, à la pensée d'un souffle, au souvenir de cette pensée, je crois n'être plus rien du tout alors que je suis dans le Tout. <o:p></o:p>

    Ces immensités galactiques, en effet, n'ôtent rien au prix des plus modestes actions humaines, des plus humbles sentiments de nos coeurs, des moindres mouvements de nos âmes. L'Homme dépasse d'une tête la matière... Ce qui fait la souveraineté, la grandeur, la noblesse de l'Homme dans l'Univers, aussi incalculable soit cet Asile cosmique et si petit que ce bipède pensant se sente dans cet océan, c'est qu'il est capable de "loger" cet Univers sans limite dans le volume infime de sa boîte crânienne, d'appréhender la totalité des galaxies dans cette tête d'épingle cérébrale, bref d'embrasser cette incommensurable réalité d'un seul regard.<o:p></o:p>

    Ce regard, c'est celui de son Intelligence.<o:p></o:p>

    707 - L'art du kitsch

    Le poste de télévision trône dans le salon du couple de retraités, impérial. Toute l'autorité de la demeure... L'écran parfaitement astiqué reflète avec gravité l'image déformée des hôtes de la maisonnée. Dessus, une Vierge en plastique vous regarde placidement avec des yeux de poupée maquillée. Un napperon sévère isole la "statue" mariale du téléviseur. Tout semble bien à sa place sous ce toit. La niche du chien casée dans le coin de la pièce avec la gamelle gravée à son nom "Sultan" et un joujou en forme d'os sifflant annonce des après-midis dominicaux paisibles à coudre ou à jouer aux cartes après des semaines sans histoire.

    Midi sonne en ce jour de Pâques. Un plat de sages quenelles fume sur la table recouverte d'une nappe en formica. Au mur, un souvenir du Mont-Saint-Michel en authentique coquillages de la côte normande. Plus de doute, nous sommes bien chez des crétins... Pardon ! chez des chrétiens fervents et disciplinés.
    <o:p></o:p>

    Ô saint, pieux, honnête foyer où jamais rien de mauvais ne se produit ! <o:p></o:p>

    Les assiettes-Jean-Paul II sorties pour l'occasion, les deux "seniors" dégustent leurs quenelles avec la tête du pape au fond de leur couvert, ravis de pouvoir côtoyer leur héros de manière si intime, à portée de fourchette.<o:p></o:p>

    Le repas réglé sur l'heure des jeux télévisés, l'écran diffuse sa lumière rassurante sur les fronts des deux mangeurs, telle une chandelle éclairant une scène virgilienne. Parfois les couleurs criardes d'une page de publicité jettent des reflets irréels sur les visages absorbés autant par les quenelles que par la face pontificale au fond de leur assiette.<o:p></o:p>

    Heureux couple d'abrut... d'aboutis ! Ha ! le bonheur de l'existence calme et rangée, avec ses petits riens essentiels qui meublent délicieusement des journées toutes semblables, égales dans le déroulement, sans heurts ni déceptions ! <o:p></o:p>

    Mais laissons à leur bonheur sans ombre ce couple de sénil... de seniors, souhaitons à ces charmants retraités de vivre longtemps entre le poste de télévision et l'assiette-souvenir en coquillages accrochée au mur.<o:p></o:p>

    Retirons-nous sur la pointe des pieds, non sans jeter un dernier regard plein de tendresse vers ces deux vieux imbéci... vers ces deux pieux impénitents, éternels tourtereaux.<o:p></o:p>

    708 - Présence dans la plaine

    Il ne sait plus quand il est né. Au-dessus de lui, l'azur, les nuages, des trous immenses de clarté et d'ombre dans le ciel. En bas, le sol, la poussière, le bruit de ses propres pas dans les herbes sèches. Dans sa tête, des mirages, une idée vague de bonheur. Une flamme aussi. Un joyau mal défini. L'amour ? Le vent, peut-être... L'effet des éléments sur son âme insatisfaite, fébrile.<o:p></o:p>

    L'amour, peut-être l'amour... Ou l'appel de la poésie. L'horizon, l'avenir, la mort. Comment savoir ? Il marche, ivre, le coeur tourmenté, la tête pleine de rêves étranges et suprêmes. <o:p></o:p>

    A présent il presse le pas, hanté par ses feux. Et de plus en plus résolu, se dirige vers les brumes dans le lointain. Le vent autour de lui est comme un silence grandiose, une caresse descendue de ces hauteurs radieuses dont il a l'intuition. Perdu dans sa mélancolie, il ne sent pas la fatigue. Des ailes l'emportent, son regard doux et effaré plonge dans d'invisibles profondeurs. Il vole plus qu'il ne marche, insensible aux lourdeurs de la pesanteur.<o:p></o:p>

    Une lumière l'attend.<o:p></o:p>

    Lui aussi attend la lumière. Depuis toujours, depuis un instant, il ne sait plus. Il a tout oublié, sauf le goût de l'infini, la saveur de l'éther, l'appel de l'esprit, l'éclat de la beauté, la vérité de la poésie. Tout s'embrouille en lui, tout s'éclaire aussi. Il chemine, se hâte, monte, trébuche, se relève, reprend sa course folle. L'horizon s'efface, la lumière s'amplifie. L'image se précise. <o:p></o:p>

    Il est mort, il est vivant, il est ici, il est là-bas, il est le ciel, les nuages, l'herbe, le vent, la poussière. Il se souvient maintenant. Devenu lumière lui-même, il irradie.<o:p></o:p>

    Il est mort, enseveli depuis un siècle, vivant depuis mille ans, tombé en marchant, mort de douleur, rendu à la poussière, mort en solitaire avec un secret d'amour dans le coeur, un secret inachevé qu'il poursuit sans cesse depuis un siècle, depuis mille ans.

    709 - J'accorde une interview à Marie-Joséphine Hautelain

    La célèbre et très séduisante journaliste belge Marie-Joséphine Hautelain est venue me poser quelques questions. Une interview qui fera date dans sa carrière !<o:p></o:p>

    Bonjour Maître, je ne vous cacherai pas l'admiration que je vous porte ni la joie extrême que j'éprouve en ce moment de pouvoir enfin vous interviewer, vous le phénomène radieux, l'astre qui domine le petit monde des lettrés et des vrais beaux esprits que compte l'actuelle francophonie. Quand avez-vous commencé à écrire et d'où vous viennent ces idées profondes, cette écriture originale, ce verbe éclatant que vous étalez sur le site FOXOO ?<o:p></o:p>

    - Bonjour Marie-Joséphine. Je comprends votre émotion, en toute modestie... Pour répondre à votre question, je dirai que je suis attentif à mes chats, voyez-vous. En outre je ne suis guère attiré par la saison estivale. En ce qui concerne les giboulées de mars, je serai plus nuancé...<o:p></o:p>

    Maître, je ne pense pas avoir saisi toute la pertinence de votre réponse... Pouvez-vous développer ?<o:p></o:p>

    - Ha ! quel beau métier faites-vous là ! Je disais, m'entendez-vous ?, que je comprenais votre émotion de pouvoir m'interviewer et que j'étais proche de mes petits félins. Je disais également que la saison estivale avec sa touffeur m'indisposait particulièrement. Quant aux averses glacées de la fin de l'hiver, je disais encore que mes sentiments à leur sujet étaient plus ambigus.

    Je n'insisterai donc pas. Frasque intellectuelle d'un grand esprit, n'en doutons pas... Maître, on vous pardonnera votre excentricité. Passons à la seconde question. Que pensez-vous de la littérature contemporaine ?
    <o:p></o:p>

    Je n'en pense pas grand-chose. En fait si, j'en pense beaucoup de choses.<o:p></o:p>

    En bien ou en mal Maître ?<o:p></o:p>

    - En mal.<o:p></o:p>

    Que voulez-vous dire ?<o:p></o:p>

    - Je veux dire que je n'en pense pas de bien, en règle générale.<o:p></o:p>

    Bien sûr ! Mais encore ?<o:p></o:p>

     - Etant donné que je suis nécessairement LA littérature, les autres auteurs ne sont par conséquent que des petits canards qui aboient derrière mes grandes pattes "hippotéiformes"... Inévitablement. "Coin-coin ! Coin-coin !", qu'ils font.<o:p></o:p>

     Vos pattes hippo quoi ?<o:p></o:p>

    - Hippotéiformes. C'est un mot que je viens d'inventer.<o:p></o:p>

    C'est très joli Maître. Et que signifie ce néologisme spontané ?<o:p></o:p>

    - Rien de vraiment particulier. Cela a juste un rapport éloigné avec le cheval, c'est tout ce que je sais.<o:p></o:p>

    Soit. Changeons de sujet. Vous possédez le secret des mots, êtes initié aux mystères du verbe, côtoyez les hauteurs littéraires et poétiques inaccessibles au commun. Et côté coeur ?<o:p></o:p>

    - Mon coeur est bon. Je ne fume pas et pratique des activités physiques quotidiennes.

    Certes, certes... Mais les femmes ? Elles vous admirent n'est-ce pas ? Et la plupart sont parmi les plus belles, même si vous êtes également désiré par d'authentiques laiderons. N'êtes-vous pas la plus chanceuse de toutes les  plumes ?
    <o:p></o:p>

    - Je suis loin d'appartenir à l'espèce sodomite, en effet.<o:p></o:p>

    Pouvez-vous raconter plus en détails pour nos lecteurs ? C'est ce qu'ils attendent surtout de cette interview, vous savez...<o:p></o:p>

     - Je ne m'adonne au commerce charnel qu'avec mes muses. Elles seules méritent l'hommage de ma virilité "plumesque". Et encore, pas toujours.

    Maître, vous seriez donc d'essence supérieure ?
    <o:p></o:p>

    - Effectivement. Je ne me frotte point aux trivialités de ce monde qui pue le caca, l'essence et l'artichaut.<o:p></o:p>

    L'artichaut ?<o:p></o:p>

    - L'artichaut, oui. Ne savez-vous pas ce qu'est l'artichaut ? C'est une plante d'aspect assez baroque mais de couleur terne cultivée essentiellement en Bretagne et qui, après cuisson, se mange avec une sauce. Je déteste ce monde qui sent l'artichaut, disais-je. Mais qui sent également l'excrément, le vil excrément de mes semblables qui chient tous les jours de leur vie. Ce monde qui sent l'essence aussi, le pétrole, le fuel. Le mazout. L'huile de roche. Ca pue le fuel, et en plus c'est un mot qu'est pas vraiment français, qui s'écrit mal.<o:p></o:p>

    Comme je vous comprends cher Maître ! Vos muses, vous devez les approcher souvent pour être si dur avec vos frères humains, non ? <o:p></o:p>

    - C'est vrai. Et je les malmène elles aussi... Invivable avec les hommes, intransigeant avec les déesses, je ne ménage pas ma plume.<o:p></o:p>

     Une dernière question Maître. Que prenez-vous le soir avant de vous endormir sous votre firmament izarrien qui vous inspire tant de textes immortels ?<o:p></o:p>

    - Je ne prends aucune substance nocive. Le soir c'est un tilleul et au lit ! La Poésie seule me donne assez de souffle pour vivre et résister aux attaques de la laideur, de la bêtise et de l'insignifiance...<o:p></o:p>

    Maître, cette interview est le couronnement de ma carrière. Je ne sais comment vous remercier. Tant de gentillesse, de grandeur d'âme, de simplicité... Permettez-vous que je vous fasse la bise ?<o:p></o:p>

    - Non je ne vous le permets pas. Baisez-moi la main plutôt, voulez-vous ? Je déteste les "bisous". Je vous remercie pour vos questions Marie-Joséphine, elles m'ont donné soif.<o:p></o:p>

    710 - L'homme qui vole

    La Beauté me donne des ailes. <o:p></o:p>

    Les muses sont ma force, les astres ma source, la pluie ma braise. La neige m'enflamme, la vase m'enivre, le brin d'herbe me donne le vertige. Le monde est codé, au-delà de toute compréhension je le contemple et me tais. <o:p></o:p>

    Et la beauté n'est plus un problème. <o:p></o:p>

    Les étoiles paissent dans l'empyrée et les champs de foin parfument le  firmament : le beau est complexe, le sublime est simple. Quand la voile est profonde, le voile épais, prendre le large devient facile.<o:p></o:p>

    L'alchimie qui donne son éclat au monde est hors de portée humaine : tout mystère s'appréhende avec des yeux candides. Un oiseau, un arbre, un visage, une montagne ? L'adulte est interrogateur, l'enfant est ébloui.<o:p></o:p>

    Je suis habité par des feux plus grands que moi. Une lumière me porte plus haut que l'aile de ma plume, une force me pousse loin de mon terrestre horizon, une voix d'un silence éclatant m'enchante mieux que les violons de bois. <o:p></o:p>

    Un rayon de la Lune suffit à embraser une âme, un grain de sable est comme une montagne, un cristal de givre vaut un iceberg. A l'échelle de la Beauté tout est égal. Ce qui est beau n'a pas de limite. Les reflets de la lumière partent dans tous les sens, rien ne borne l'immatériel. L'infini n'ayant pas d'aune, il ne fait rien de mesquin et tout de splendide. <o:p></o:p>

    A chaque frisson de mon esprit devant le galet, l'écume, l'aube, la mouche, la nue ou l'humble feuille du buisson, je file un peu plus vite vers l'immensité, emporté par le vent de la Poésie.<o:p></o:p>

    711 - La justice des ânes

    Un chanteur populaire vient d'être condamné par la Justice pour avoir payé 10 000 euros d'impôts au lieu de 3 millions qu'il devait réellement et risque pour cela 10 mois de prison ferme.<o:p></o:p>

    Ainsi aux fraudeurs fiscaux l'on réserve la prison, laquelle non seulement forme une atteinte à la dignité humaine du condamné à qui l'on reproche des impôts impayés (délit pour le moins relatif), broie certains -et parfois définitivement-, ne règle rien sur le plan financier, mais en plus fait supporter des dépenses supplémentaires à la société ! Chaque jour de prison en effet coûte au contribuable une centaine d'euro par prisonnier.<o:p></o:p>

    Laisser en liberté le fraudeur serait un meilleur calcul pour tous. <o:p></o:p>

    Cela permettrait déjà au fraudeur de s'amender, s'il le peut. La liberté lui est au moins nécessaire afin qu'il puisse s'engager à régler les impayés s'il est solvable. S'il ne l'est pas, la société pourrait lui demander d'effectuer des travaux civiques afin qu'il paye ses dettes sous une autre forme. Les deux parties seraient ainsi gagnantes, au lieu d'être perdantes en optant pour la prison. En faisant le choix de la prison le condamné est perdant, la société est perdante, le FISC est perdant.

    Mais la Justice - allez savoir pourquoi - préfère les pires solutions, destructrices, négatives, inhumaines et parfaitement stupides : l'emprisonnement coûteux, stérile, facteur de ressentiment, de perturbations et dérèglements moraux, mentaux, sociaux. Même si le fraudeur laissé en liberté ne peut pas réparer sa faute, la prison ne règlera de toute manière pas le problème. Elle ne fera que l'empirer. Pourquoi en ce cas ne laisserait-on pas le temps aux fraudeurs de se racheter au lieu de les enfermer ? Les priver de liberté ne contribuera jamais à remplir les caisses du FISC, mais au contraire à les vider encore un peu plus. L'homme y perd, l'économie y perd... Quelle cause sert-on en jetant des mauvais payeurs en prison ?
    <o:p></o:p>

    Emprisonné, le fraudeur fiscal risque de perdre travail, réputation, belles idées sur la république, sans compter les dégâts psychologiques à long terme. <o:p></o:p>

    Un fraudeur fiscal ne représente pas un danger pour la société. La prison en ce cas me semble être une pure vengeance de la société contre le citoyen mauvais payeur. La coupable incohérence, la parfaite irresponsabilité de la réponse judicaire face au fraudeur fiscal saute aux yeux : on enferme comme de vulgaires assassins les tricheurs fiscaux, avec l'argent du fisc précisément, les prisonniers étant encadrés et entretenus avec l'argent des impôts... Ne serait-il pas plus pédagogique, intelligent, constructif de laisser en liberté le condamné afin qu'il s'en serve pour réparer, du moins essayer de réparer sa faute ? 10 mois de prison ne régleront strictement rien et ne feront que retarder, compliquer, voire rendre définitivement impossibles les remboursements au FISC !<o:p></o:p>

    Les juges parfois sont de sinistres incompétents, de tristes clowns d'une république inique, des petits serviteurs d'un État sans hauteur, de vils rendeurs de justice servant des intérêts qui n'en sont pas. <o:p></o:p>

    712 - Nos magistrats ripoux

    Certains juges français (je dis bien certains -donc une minorité- et non pas tous) sont des âmes abjectes, de sinistres personnalités au service de leur propre cause... Authentiques incarnations de l'immoralité ou infâmes bandits oeuvrant en toute impunité dans le secret de leur conscience noire et sous la protection de leur blanche hermine, êtres malfaisants au-dessus de tout soupçon se livrant sans remords à leurs criminels dérapages professionnels ou privés avec dans la plupart des cas la complicité d'autres notables fortunés et puissants qui profitent de leur statut privilégié pour échapper aux foudres de la société, ces grands magistrats intouchables sont les dernières des crapules.<o:p></o:p>

    Ha ! Si l'on pouvait déchirer le voile de l'hypocrisie sociale, s'il nous était loisible de voir ce qui se trame derrière les apparences les plus honorables !<o:p></o:p>

    Le vice se développe plus souvent chez les mandarins de la société que chez le peuple simple.<o:p></o:p>

    Ce que je dis est une évidence. Il ne reste plus qu'à donner des noms. Personne ne les a mais nous avons tous l'idée de la chose, de sa réalité, aussi rare, exceptionnelle soit-elle. Cela existe et c'est assez pour que cela soit inacceptable. Une seule pomme pourrie sous les ors de la Justice suffit pour décrédibiliser, désacraliser, démystifier toute le reste de la magistrature de notre pays, les membres composant ce corps formant un bloc, une entité républicaine indivisible.

    J'invite donc les esprit libres épris de hauteurs trans-républicaines à cracher sur notre Justice française.
    <o:p></o:p>

    C'est gratuit, c'est simple, c'est courageux et c'est JUSTE.<o:p></o:p>

    713 - L'état de notre police

    J'ai remarqué que pour faire un bon policier, au moins en France, il fallait correspondre à un certain type d'individus, presque caricaturaux. <o:p></o:p>

    L'État recrute des abrutis pour la sécurité intérieure du pays, je le confirme par l'expérience que je commence à avoir au contact de notre police. Pas dans cent pour cent des cas bien sûr. Quelques éléments de la police, en effet, sortent du lot. En général les chefs et quelques rares subalternes et officiers de base. Eux sont réellement plus subtils, cultivés et courtois. Ils n'ont rien à voir avec les éléments communs de ce corps étatique.<o:p></o:p>

    Je suis bien obligé de me rendre à l'évidence : les policiers sont presque tous de loyaux imbéciles, d'honnêtes brutes, des canailles disciplinées. Pas tous, mais une certaine majorité.<o:p></o:p>

    Jusqu'alors je m'étais toujours refusé d'émettre des jugements primaires, à l'emporte-pièce sur la police française. La plupart du temps, seuls les esprits épais, les êtres vulgaires et sans éducation éprouvent ce genre d'opinion sotte et tranchée envers la police. Ceux-là pensent ainsi par ignorance, haine stérile ou simplement par indigence, voire alcoolisme chronique. <o:p></o:p>

    Je ne connaissais la police que de loin, sous ses apparences les plus flatteuses, officielles. J'étais alors au contact d'une police bien vêtue, polie, aimable, serviable dans la rue avec les citoyens. Je n'étais jamais entré dans les commissariats.

    Aujourd'hui, en toute connaissance de cause, je peux avoir un avis à peu près juste, sain et authentiquement impartial sur les hommes qui composent notre police.

    Racisme, analphabétisme, agressivité, violence, bêtise, pauvreté intellectuelle, immoralité : tels sont les vices et tares partagés par la majorité des membres composant la police française. Bref, tout ce qu'il faut éviter pour faire un policier digne de ce nom. A croire que l'État recrute dans les prisons, les maisons de corrections, à la sortie des plus sordides discothèques de province, au bois de Boulogne la nuit ou bien sur les trottoirs les plus mal famés de la capitale...
    <o:p></o:p>

    Je n'ôte pas pour autant à ces policiers que je critique le droit d'être ce qu'ils sont, avec leurs tares et outrances. Je respecte les êtres comme ils sont. Chacun son caractère, ses qualités et défauts, chacun son rythme et son niveau sur le lent chemin de la vie et du progrès. Simplement j'affirme avec vigueur que ces individus certes grands et musclés mais humainement peu évolués n'ont pas leur place dans les rangs de la police. <o:p></o:p>

    Je pensais que la jeune génération de policiers allait régénérer la vieille maison, donner un lustre définitif à ce corps en perpétuelle perdition... Las ! Les mauvaises moeurs policières semblent se transmettre entre générations. Cependant je reconnais que certains des jeunes policiers sont irréprochables et ce dans une plus grande proportion que chez les plus anciennes générations. Il y a eu un réel progrès depuis une vingtaine d'années et c'est d'ailleurs très rassurant. Mais les autres, les autres qui forment la grande majorité de la police ne sont encore que le triste écho de leurs prédécesseurs... <o:p></o:p>

    Une seule explication à cela, selon moi (et cette explication vaut ce qu'elle vaut) : la police a surtout besoin d'éléments physiquement imposants, au caractère trempé et à l'esprit docile. Or ces critères très stricts ne se trouvent que chez une certaine catégorie d'individus, en général assez primaires sur le plan humain, limités quant aux capacités intellectuelles. Bien sûr la culture, la finesse et l'ouverture d'esprit seraient des qualités supplémentaires pour l'État qui recrute des policiers. Seulement rares sont les postulants répondant à tous ces critères. Alors les recruteurs prennent ce qu'ils trouvent, à défaut de mieux.<o:p></o:p>

    Résultat : nous sommes protégés par une majorité d'abrutis finis en uniformes. Et armés. Mais Dieu merci ! sous les ordres de gens plus éclairés qu'eux.<o:p></o:p>

    714 - Les bécasses osseuses

    Aberrations esthétiques de notre société obsédée par la minceur féminine : la mode des mannequins anorexiques.<o:p></o:p>

    Elles se prennent pour des créatures, des vestales, des hétaïres, ces grandes Camardes exhibant leurs os saillants sur les podiums de défilés de mode...<o:p></o:p>

    Ne sont-elles pas repoussantes avec leur long corps décharné, leur tête de mortes, leur poitrine de cadavres desséchés, leurs mains de sorcières ? Belles à faire peur !<o:p></o:p>

    Franchement affreuses comme des squelettes ambulants qu'elles sont, elles s'imaginent faire rêver le peuple des mâles... Seule la gent "bécassière" écervelée est éprise de ces mantes mondaines et tente d'ailleurs de lui ressembler : jeunes filles complexées parce qu'elles pèsent quarante deux kilos pour 1 mètre 70 et qu'elles se trouvent encore trop grosses. Ou pas assez maigres. Victimes de l'abrutissement du petit monde parisien s'étalant sur les pages glacées des revues aseptisées de la mode.<o:p></o:p>

    Ces longues connes de 1 mètre 72 et de moins de quarante kilos s'imaginent vraiment éveiller les viriles ardeurs avec leur corps comme un linceul ?<o:p></o:p>

    Mais qu'est-ce qu'elles ont donc dans la tête ces pintades à face de laitue ? Maigres et crétines. Comment des gens au goût esthétique aussi sûr que les créateurs de mode peuvent-ils faire appel à ces poupées macabres pour mettre en valeur leurs créations vestimentaires ?<o:p></o:p>

    Mystère total auquel je ne peux donner d'explication mais qui prouve en tout cas que la bêtise généralisée de cette société de bovins a atteint aujourd'hui les cercles les plus choisis !<o:p></o:p>

    715 - La marche sur le feu

    Dans le domaine indigeste des mystères éculés, des naïfs s'imaginent encore avoir affaire à l'inexpliqué à propos des fakirs du dimanche et de leurs dupes disciples marchant pieds nus sur le feu...<o:p></o:p>

    Sujet de questionnements abyssaux pour les cadres américains moyens en quête de "challenge" (dans le but d'améliorer la cohésion et la performance des employés de leurs entreprises) ou simplement pour les gros ploucs de la France profonde, la marche sur le feu n'a pas fini d'ébahir les gogos de tous poils et les pigeons de peu de plumes...<o:p></o:p>

    Nul besoin d'être grand gourou des "Adorateurs de la Connerie Humaine" ou même scientifique confirmé pour se rendre compte de l'extrême banalité du phénomène. Un minimum de bon sens suffit pour faire voler en éclat ce mystère de concierges, cette "énigme surnaturelle" des ménagères impressionnables : marcher sur le feu est à la portée de n'importe quel bipède venu. <o:p></o:p>

    Aucune force mentale, aucun don particulier n'est nécessaire pour poser le pied sur la braise sans grand dommage. Les lois les plus élémentaires de la physique permettent tout simplement ce "prodige", à condition bien entendu de ne pas s'attarder bêtement sur les cendres brûlantes... <o:p></o:p>

    Les lois physiques et mécaniques sur les échanges de chaleur entre les corps qui sont en action ici n'interdisent pas de marcher sur le feu avec le sourire. Sans traumatisme physique, donc. Dans une certaine mesure bien entendu : selon certaines conditions de sécurité. Pour peu que vous n'enduisiez pas sottement vos pieds d'essence ou d'huile avant de vous balader sur les braises et que vous alliez d'un bon pas, vous ne vous enflammerez pas, n'aurez aucune grosse brûlure, n'endurerez nulle douleur insupportable. <o:p></o:p>

    Le délai d'entrée en action dangereuse de ces lois sur les échanges de chaleur à partir du premier contact entre la braise et la plante des pieds étant d'une dizaine de secondes (variable à quelques secondes près selon l'épaisseur de la corne de la plante des pieds, la température de la braise, le temps de contact du pied contre la braise, la pression du pied sur le brasier -donc le poids du corps du marcheur-, la surface du pied et le mode de la marche), vous pourrez marcher 10 mètres sans aucun dommage majeur. <o:p></o:p>

    Mais essayez de marcher 50 mètres, 100 mètres sur la braise... Vous vous apercevrez alors que, appliqué à ces jeux, le prétendu défi aux lois physiques ne fonctionne plus ! L'expérience a ses limites et si vous insistez un petit peu, la braise commencera par vous brûler la plante des pieds, "force mentale" ou pas. D'ailleurs aucun gourou paradant sur la braise, très curieusement, n'a jamais dépassé le nombre de mètres nécessaires qui risqueraient d'anéantir son "supra-pouvoir paranormal" et ainsi de l'exposer au ridicule, fatalement accompagné de brûlures, fort normales quant à elles...<o:p></o:p>

    Des imbéciles payent cher des escrocs pour effectuer ce genre de stage : juste pour marcher une dizaine de mètres sur le feu et se croire extraordinaires, s'imaginer dotés de pouvoir paranormaux ou bien se persuader être doués d'une force intérieure peu commune... <o:p></o:p>

    Comment peut-on être sot, crédule, décérébré à ce point ?<o:p></o:p>

    716 - Courageux comme un chien féroce

    Certes SADDAM HUSSEIN est mort avec dignité, courage et même avec un réel panache au bord de la corde. Une gifle pour BUSH devant qui il n'a pas perdu la face, au moins dans son attitude personnelle. <o:p></o:p>

    Il y avait même un certain comique qui se mêlait au tragique et au sordide, à travers les échanges du condamné avec l'entourage : SADDAM apparaissait comme un diablotin monté sur ressort, ne perdant pas son sens de la répartie à deux doigts du baiser de la Camarde. <o:p></o:p>

    SADDAM restait imperturbable, semblant prendre son exécution comme un acte banal.

    Tout cela n'empêche pas qu'il fut aussi l'incarnation du Mal.
    <o:p></o:p>

    Responsable d'une guerre ayant coûté la vie à un million d'êtres humains, sans parler des tortures et diverses autres injustices pratiquées sur son peuple, SADDAM HUSSEIN était un être malfaisant. Jugerait-on à présent un homme sur sa capacité à mourir avec courage ou lâcheté et non sur ses actes ? N'oublions pas que SADDAM massacrait et torturait aussi avec "courage"... Les grands oiseaux de son espèce en général ont un rapport particulier à la mort.<o:p></o:p>

    Côtoyant depuis toujours le Mal, la souffrance, la ruine, ils ont appris à étendre avec gravité et panache leurs grandes ailes noires. Prêts à affronter toutes les tempêtes, ils ne s'effraient pas plus de leur propre mort que de celle des autres, qu'ils provoquent en masses et au quotidien. Alors, courageux SADDAM ? Je dirais tout simplement mauvais. Fort dans l'orage. Digne dans le drame. Noble dans la hideur. C'était un homme de la nuit, il en avait les funestes éclats. Les verseurs de sang ont toujours le courage du mal, jamais celui du bien. <o:p></o:p>

    Ce qui n'empêche pas que BUSH soit malfaisant lui aussi. L'un a le chapeau de l'emploi, l'autre porte un masque d'honorabilité. Tous deux répandent mort, larmes, misères.<o:p></o:p>

    Ainsi les choses en ce monde sont nuancées, contradictoires, déroutantes. Tout ne s'accorde pas toujours ou alors tout peut être fait d'un bloc, comme les bouteilles sont à moitié pleines, à moitié vides, les arbres dissimulent des mulets, les forêts sont vierges et les vierges collectionnent des timbres. Un nazi peut passer pour un saint aux yeux de certains à la suite d'actes humanistes de sa part sans rapport avec ses convictions et actes nazis, une bonne soeur peut faire des casses sanglants à la mitraillette (c'est un exemple certes improbable mais non absolument impossible) ou bien un héros à la barbe d'airain peut se fracasser le crâne en glissant sur un escargot de Bourgogne.<o:p></o:p>

    Oui SADDAM HUSSEIN est mort avec éclat et il a sinon forcé l'admiration, du moins étonné le monde entier.<o:p></o:p>

    Il n'en reste pas moins vrai qu'il fut un grand criminel, le fait de mourir le regard clair n'empêchant pas d'avoir les mains sales.<o:p></o:p>

    717 - De la confiture d'Abbé Pierre

    Les journalistes ne sont que de vulgaires arroseurs de potagers mouillés, des chasseurs de moucherons armés de gros calibres, des messies de l'insignifiance.<o:p></o:p>

    Récemment ils nous ont servi de l'Abbé Pierre froid à la pelle, au quintal, à la tonne, du parfumé aux cinq épices, du laqué accompagné de ses carottes, du sous forme de sirop épais, du lubrique, du chaste, du bien sucré, du plus croustillant, du beurré au sel de Guérande, du gros sec, du qui sent bon, du qui pue, du qui fait pisser, du qui constipe, du qui fait dégueuler...<o:p></o:p>

    Abbé Pierre labellisé vendu par paquet de trois pour le prix d'un seul, Abbé Pierre à droite, Abbé Pierre à gauche, en haut, en bas, au travers de la gorge, au fond du trou...<o:p></o:p>

    Over-dose ? C'est précisément ce que recherchent ces vendeurs de lessive : vous carrer de l'Abbé Pierre dans les tripes jusqu'à vous en faire péter la panse ! Jusqu'à ce que se déclenche dans votre tête reformatée selon leurs normes ce réflexe libérateur qui fera de vous un citoyen laineux heureux d'appartenir à l'espèce bêlante, obèse d'informations stériles, engraissée à la pensée médiatique du moment. Abrutis par le matraquage incessant de ces journalistes à la solde du dieu des bovins, vous allez enfin vous précipiter sur leur camelote : éditions spéciales sur papier glacé, babioles-souvenirs à tête d'Abbé Pierre en authentique plastique pas recyclable, biographies complètes dégoulinantes de photos inédites, DVD sur la vie du défunt, et même lessive qui lave vos péchés de mauvais acheteurs, qui vous ôte la crasse anti-journalistes que vous avez dans la tête.<o:p></o:p>

    Un journaliste (de la télévision surtout), ça vit sur l'air du temps, les ronds de carottes, sur le vent, la fumée, l'illusion, le rien du tout.<o:p></o:p>

    Un journaliste, c'est fait pour nous dire qu'il pleut quand il pleut, qu'il fait beau quand il fait beau, qu'il fait nuit quand le soleil se couche, qu'il fait jour quand il se lève. Bref, un journaliste c'est fait pour vous raconter de cent manières différentes ce que vous savez déjà depuis toujours : la lune est ronde, un carré a quatre côtés, les roues tournent sur elles-mêmes, vous êtes des imbéciles, l'Abbé Pierre est mort... Toutes ces vérités vérifiées mille fois, les journalistes s'ingénient à vous les rappeler chaque matin, chaque midi et chaque soir de vos vies de ruminants.

    Mais la dernière pelletée de terre a déjà recouvert la dépouille de l'Abbé Pierre, les journalistes passeront bientôt à un autre gueuleton médiatique.
    <o:p></o:p>

    Je pressens une très prochaine indigestion de "Ségolène-patates-poireaux" accompagnée de sa sauce Sarko... <o:p></o:p>

    718 - Les nuisances de la publicité

    La publicité est un déchet culturel hautement nocif.<o:p></o:p>

    Les publicitaires en mettant en scène leurs produits vous font croire que vous êtes tous des héros, de braves gens ou de beaux esprits alors qu'en réalité vous êtes tous des minables, des lâches, des crétins finis. <o:p></o:p>

    Ils vous montrent la vie et le monde selon des critères flatteurs, mensongers, outranciers, dans le seul but de leur mise en vente. Ils vous assurent, images et discours percutants à l'appui, que vous êtes des hommes dignes de ce nom. Mais moi je sais bien que vous n'êtes que des chiens. De misérables toutous même pas méchants : juste mis sous les somnifères de la pensée que vous avez vous-mêmes achetés. Et au prix fort encore. <o:p></o:p>

    Vous ne bronchez pas quand on viole votre cerveau à grands coups de matraques télévisuelles, radiophoniques. Les maquereaux de la pensée parviennent même à vous faire rire. Manière habile de vous rallier à leur cause. <o:p></o:p>

    La publicité, par son caractère trivial, populaire, faussement artistique heurte ma sensibilité d'aristocrate en particulier, offense le goût en général par son aspect clinquant, par ses artifices vulgaires, par ses éclats mensonger, ses bassesses de vue, de forme et de fond. Elle est une atteinte parfaite à la Beauté.<o:p></o:p>

    Mon rôle est de dénoncer l'abrutissement ambiant, de détourner les humains-bovins de leurs passions vulgaires, ineptes, de leur désigner des sommets et non des insignifiances.<o:p></o:p>

    J'ai pour la publicité un mépris définitif. Si c'est un art, alors c'est l'art de vendre du vent, l'art de tisser le mensonge, l'art de faire rêver les moutons afin de les faire mieux bêler. Il n'y a aucun rapport entre l'Art et la publicité, deux choses résolument incompatibles. L'esthète ne peut éprouver que mépris pour la publicité, oeuvre béotienne par définition.<o:p></o:p>

    Je ne fais qu'enfoncer des portes ouvertes ici. Il est bon cependant de rappeler la nocivité de la publicité, expression la plus achevée de la vulgarité, de l'ineptie, de l'abrutissement de masse que certains esprits contaminés par les médias assimilent à l'Art.

    719 - Anti-pédophilie : excès et chasse aux sorcières

    Il y a vingt ans la pédophilie passait quasi inaperçue. La preuve : Conh-Bendit a avoué sa pédophilie (que je crois réelle, sinon c'est un menteur et je ne fais plus confiance aux écrivains qui s'épanchent dans leurs livres) devant les caméras de la télévision dans une célèbre émission présentée par Bernard Pivot et personne n'avait réagi à l'époque. N'est-ce pas la preuve flagrante qu'il y a des scandales à la mode et des révoltes conditionnées par les médias ?<o:p></o:p>

    Il y a trois siècles la torture ne révoltait personne. Aujourd'hui les révoltes sont savamment choisies selon la sensibilité et les besoins du moment. Qui de nos jours est outragé par l'Armée, institution légale où l'on apprend à tuer son prochain avec méthode et adresse, par les abattoirs où l'on assassine encore des chevaux au nom de la gastronomie, etc. ? Qui s'offusque de tout cela ?<o:p></o:p>

    Lecteurs, il y a vingt ans vous ne vous seriez pas offusqués de la pédophilie comme vous le faites aujourd'hui, car aujourd'hui vous êtes dans le courant de la pensée ambiante. Et vous le suivez, tout simplement. <o:p></o:p>

    Ce qui est grave, car cela signifie que si la dénonciation de la pédophilie n'était pas à la mode aujourd'hui, vous ne dénonceriez pas la pédophilie : elle ne vous gênerait nullement comme elle ne gênait pas grand-monde dans les années soixante-dix.

    Comme la plupart des contemporains, votre humanisme ne découle pas de la qualité de votre coeur ni de la beauté de votre esprit, mais du courant de pensée qui vous emporte. En effet, si tel n'était pas le cas vous auriez dénoncé (à contre-courant) les abattoirs ou les boucheries par exemple.
    <o:p></o:p>

    Vous dénoncez la pédophilie comme d'autres défoncent des portes ouvertes. Moi je dénonce l'ineptie de la pensée ordinaire qui consiste à régler la morale universelle sur les textes de loi. Comme si les textes de loi avaient valeur universelle... N'oubliez pas que les textes de loi changent au gré de l'évolution des moeurs, des progrès de la civilisation. Hier la question de la torture ne se posait pas. On appelait cela la "question". Ces pratiques barbares légales étaient admises par tous. Seuls les êtres évolués dénonçaient la torture. Il en est de même aujourd'hui à propos d'affaires qui vous paraissent anodines. Les vrais humanistes ne sont pas toujours ceux qu'on croit. Vous êtes anti-pédophiles parce que les textes de loi vous demandent de l'être.<o:p></o:p>

    Par la seule qualité de votre conscience personnelle vous serez d'authentiques anti-pédophiles, et non par obéissance à la loi qui vous demande de l'être ou parce que c'est à la mode, socialement valorisant d'être anti-pédophile et de le montrer.

    Et si demain la loi vous demandait d'être de véritable enragés contre les détracteurs de mon espèce ? Vous le seriez.
    <o:p></o:p>

    Rappelons-nous que la pédophilie en elle-même n'a jamais été un crime. Le fait d'être sujet à des pulsions heurtant la morale, à contre-courant des moeurs, et même franchement contre-nature n'est en soi pas répréhensible. Etre né avec la peau blanche ou noire ne constitue pas une offense à la loi, ni à la morale. Il en est de même pour les orientations sexuelles des individus. <o:p></o:p>

    Etre pédophile, c'est-à-dire se sentir sexuellement attiré par les enfants, n'est en soi pas une chose illégale ni même immorale, je le répète. Un prêtre peut se sentir profondément pédophile, cela n'a jamais constitué un péché, encore moins un délit. Le pape lui-même peut être foncièrement pédophile (il l'est d'ailleurs peut-être, qui peut vraiment savoir ?), cela ne pose nullement de problème.<o:p></o:p>

    Nul n'est responsable de sa sensibilité sexuelle.<o:p></o:p>

    Le seul mal n'est que dans le passage à l'acte, et exclusivement dans le passage à l'acte sous quelque forme que ce soit. La loi et la morale ne reprochent pas aux pédophiles d'être des pédophiles, c'est-à-dire d'être nés ainsi, mais seulement le fait de passer à l'acte. La nuance est capitale. Tant qu'il n'y a pas passage à l'acte, n'importe qui peut revendiquer être un pédophile irrécupérable. Personne ne peut reprocher à quelqu'un de se sentir sexuellement attiré par les enfants, de même que personne ne peut reprocher à son semblable de préférer le chocolat à la fraise des bois.<o:p></o:p>

    Les prêtres pédophiles, tant qu'ils ne commettent pas de passage à l'acte, demeureront des gens fort recommandables. Leur pédophilie patente, tant qu'elle est contenue sur le plan social et personnel ne me gêne d'aucune manière.<o:p></o:p>

    Ne confondons pas pédophilie latente (ou pédophilie contenue) et passage à l'acte, deux choses fondamentalement différentes. Sinon, c'est comme si l'on confondait simple envie de tuer son voisin avec assassinat effectif. Ne lynchons pas la catégorie des pédophiles honnêtes qui, conscients du problème, ne passent jamais l'acte avec l'autre catégorie, les pédophiles sans conscience qui donnent corps à leurs pulsions.<o:p></o:p>

    La pédophilie congénitale répétons-le n'est pas un crime. Sinon le fait d'être né bossu, invalide ou attardé mental serait également un crime, et cela justifierait le racisme.<o:p></o:p>

    720 - Souffrir pour être laide

    Jennifer est un produit.<o:p></o:p>

    Dix-huit ans, jolie, vulgaire, sotte, inculte, elle a décidé de s'épiler, devenir blonde, se faire réduire le volume mammaire, remodeler les pommettes et gonfler les lèvres.

    Banal.

    Après six mois de travaux forcés mais nécessaires sur son corps juvénile et sa face de "dindonnette" caquetante, Jennifer est enfin devenue comme elle le souhaitait, c'est-à-dire uniforme, incolore, aseptisée, insipide, "poulaillère".
    <o:p></o:p>

    Bref, sans intérêt. Cela dit sa cervelle n'a pas bougé.<o:p></o:p>

    Jennifer est très fière : elle a accédé à une forme contemporaine de laideur populaire, certes démocratique mais qui n'est pas pour autant à la portée de toutes les finances...<o:p></o:p>

    Depuis ses multiples passages sous le scalpel de son "artisan esthéticien" et après s'être durablement endettée, Jennifer est donc devenue blonde, moche, maigre, malade.

    Mais heureuse.
    <o:p></o:p>

    D'autant plus heureuse que son bonheur est contrefait lui aussi, dans les règles de l'art...

    Enfin presque heureuse... En effet, il ne lui reste plus qu'à se faire sculpter les fesses en forme de coeur retourné et que sur ce nouveau cul charcuté son string soit bien visible derrière son jean-taille-basse afin de ressembler encore plus à sa chanteuse préférée du moment pour que son bonheur soit vraiment parfait.
    <o:p></o:p>

    721 - Leçon de séduction

    LES BELLES ET LES LAIDES<o:p></o:p>

    Amis blancs gantés, apprenez qu'une femme désirable est la première ennemie de l'esthète en tant qu'elle représente un danger pour sa crédibilité. Ce qui fait la grandeur du bel esprit, c'est que les femelles beautés s'inclinent devant lui et non l'inverse. La beauté des femmes leur confère un pouvoir immense, jusque dans les chapeaux de nos empereurs, aussi faut-il dès le premier regard contrer cette supériorité naturelle qui les rend si invincibles et je vais m'employer à vous expliquer la manière de procéder dans ce difficile exercice de domination. J'évoquerai brièvement le cas des laides, beaucoup moins fâcheux.<o:p></o:p>

    Ne flattez jamais la beauté d'une femme. Même pauvre, sotte, méchante, sans éducation, une femme qui se sait belle triomphera de tout. Partout, toujours. La plus grande force d'une femme consistant dans son éclat, la meilleure façon de rester le dominant est encore de le lui contester. Tout en finesse. <o:p></o:p>

    Plus la femme que vous désirez sera belle, moins il faudra vous intéresser à elle. Le prix de son hymen étant très élevé, vous agirez avec dissimulation, patience, perfidie, voire franche cruauté. Ne craignez pas d'être odieux avec les femmes de grande beauté. Accoutumées à exercer leurs charmes venimeux sur la gent masculine, les créatures sont loin d'ignorer les rouages de la férocité... Dans cette situation inédite, c'est contre elles que s'aiguiseront les crocs de la séduction et vous qui tirerez les fils du pantin. <o:p></o:p>

    Les belles femmes n'ayant pas l'habitude d'être traitées avec dédain, surprenez-les ! Sur vous elles lèveront les yeux. L'indifférence pour une belle femme étant la pire des offenses, vous en abuserez jusqu'à ce que, excédée par votre mépris, elle vienne vous manger dans la main. Dès cet instant vous deviendrez le maître du jeu : elle la mouche, vous le lion. <o:p></o:p>

    Le secret de votre succès ? Les belles femmes, nécessairement orgueilleuses, ne supportent pas de ne pas séduire... C'est sur ce point sensible qu'il faut influer. A votre injurieuse indifférence, elles réagiront avec une sorte de panache suicidaire en se jetant à vos pieds, folles non pas de vous mais de leur propre image.

    La beauté et ses poisons constituant leur mode d'action et de pensée privilégié (le fonctionnement psychologique de ces femmes étant essentiellement basé sur l'aspect avantageux de leur personne), osez remettre en cause leurs plus chères certitudes. Elles s'en émouvront, bien qu'elles feindront ne point en être touchées.
    <o:p></o:p>

    La grande règle avec les belles femmes, c'est de ne jamais ramper à leurs pieds. Succomber à cette faiblesse, c'est déchoir de son statut de seigneur.<o:p></o:p>

    Quant aux laides, vous leur ferez croire qu'elles sont belles. Ces jouets de chiffon, beaucoup plus malléables il est vrai que les poupées mondaines, ne vous en seront que plus dévouées. Toutefois soyez subtils si vous voulez qu'on vous croie : ornements de langage (sans en abuser), savantes amabilités et charmants détours seront vos meilleurs alliés lors de ces piètres conquêtes. <o:p></o:p>

    Bien entendu votre ton sera posé, sage, voire grave. Solennel même (votre pompe ne sera jamais ridicule aux yeux d'une femme laide, au contraire). Et vos mots, choisis mais non excessifs, parleront de choses vraies, à portée de vue. Ne soyez ni légers ni irréalistes avec les laides. Les femmes sans charme affectionnent plus que tout autres les séducteurs rassurants, les discours proches. Avec des artifices somptueux vous ferez rêver une créature, mais avec des leurres simples vous mettrez un laideron en extase.<o:p></o:p>

    Jamais un laideron ne méprisera un flatteur, pourvu qu'il sache simuler les accents chastes de la sincérité. Une femme même très laide restera toujours une femme : sensible aux mots veloutés de l'amour. Elle sera éveillée, attentionnée, séduite par vos mots sucrés, surtout s'ils sont banals et attendus : le tout est de porter un masque de grande sincérité. Renforcez ainsi le sol de son propre terrain, son éducation fera le reste : conditionnée comme toutes les femmes par certains schémas mentaux primaires mais efficaces, la femme laide y cèdera plus facilement que les autres, n'ayant pas de plus impérieuse exigence que de se sentir aimée. <o:p></o:p>

    Ainsi aucun cheveu de femme ne doit dépasser le front de l'authentique esthète. Cela dit, seules les belles femmes resteront les vraies adversaires de la canne et du chapeau. Les sujets plus communs, voire les vrais laiderons, auront droit à l'indulgence du bel esprit qui daignera leur cracher à la face non pour l'honneur mais pour la forme.<o:p></o:p>

    722 - Un trait de lucidité

    Je viens d'avoir un éclair de lucidité.<o:p></o:p>

    En passant dans la rue en voiture tantôt, je vois un clochard dormir sous un abri-bus. Un vrai clochard à l'ancienne : barbu, puant, alcoolisé, en guenilles. Plus loin je passe devant l'église du quartier du Pré, petite enclave bourgeoise dans la ville mancelle. Dans cette église plutôt huppée (mobilier soigneusement encaustiqué et oeuvres d'arts de prix accrochées aux murs) se réunit chaque dimanche la chrétienté locale.<o:p></o:p>

    Subitement me vient une pensée d'une simplicité confondante, éclatante de bon sens : comment le curé d'une paroisse aussi rutilante peut-il continuer à s'occuper à astiquer le mobilier de son église quand dehors à deux pas de chez lui son frère se gèle les pieds à dormir sous un abri-bus, imbibé d'alcool, désespéré, méprisé de tous ? La religion me dis-je, est-ce donc d'abord une affaire de messes le dimanche, d'entretien du mobilier des églises, ou bien est-ce quand il le faut une affaire d'hommes, de fraternité vécue, concrète, une affaire de rencontre avec le miséreux du coin, et sans prendre de gants ?<o:p></o:p>

    Je ne suis pas allé plus loin dans ma réflexion. Je me suis simplement arrêté à l'évidence. Volontairement.<o:p></o:p>

    A présent je commence à douter de la valeur des vocations de certains prêtres à cheval sur la qualité des plis de leur soutane, à douter de la pureté des intentions de l'Église officielle pleine de faste... Je me trompe peut-être cela dit, n'étant pas dans le secret des coeurs. Je ne fais qu'interpréter à ma manière une chose vue. Si la religion, les religieux et le sommet des églises qui tous, humains et cloches, prêchent la fraternité et la justice en ce monde ne font que s'organiser entre eux chaque dimanche de jolies messes avec de beaux chants et de rondes hosties, dédaignant cet homme dans la rue, alors à quoi servent les curés, les fidèles, bref tous ces croyants qui prônent un monde meilleur plein d'altruisme ? Je me pencherai donc sur le sort de cet homme en guenilles la prochaine fois que je passerai près de lui, si la honte du regard des autres ne me rend pas lâche. Et je serai à pied, donc à sa hauteur. Et non en voiture (la voiture est bien commode, elle permet de déculpabiliser les consciences). Non pas au nom de la religion mais au nom de la loi universelle et inaliénable décrétée par le coeur, aucune religion n'ayant le monopole de la fraternité.<o:p></o:p>

    D'où j'en conclus que la vraie religion des hommes de coeur, ceux qui ont une âme vibrante et non gelée, ne consiste pas en l'érection de belles églises ni en la régularité de la fréquentation des messes dominicales, mais dans le fait d'aller à la rencontre de ce déshérité qui souffre, et ceci bien entendu non pour la vanité de son petit ego mais pour l'amour de l'humanité.<o:p></o:p>

    L'élévation de l'esprit passe, que je sache, par la considération de son semblable dans sa souffrance. Chanter les hauteurs célestes tout en considérant comme secondaire la détresse de son voisin n'a pas de sens. En ce cas l'élévation n'a pas d'ancrage dans le concret. Elle n'est que pure théorie pour religieux frileux, humanisme de salon, légèreté mystique, voire franche foutaise. L'indifférence à l'égard du sort de son prochain est incompatible avec le désir d'ivresse de l'âme. L'on ne peut dignement s'enivrer, à mon sens, que de hauteurs basées sur le sol tangible de nos terrestres misères. S'élancer dans les airs oui, à condition de prendre appui sur la terre de nos réalités, c'est à dire sur des actes constructifs, humanistes et non sur d'inconsistantes, stériles rêveries sans rapport avec le monde réel qui nous entoure. Du moins la vue de ce déshérité dormant sous l'abri-bus m'a-t-elle fait intimement prendre conscience de la chose aujourd'hui.<o:p></o:p>

    On peut certes fonder une société et baser une culture sur des oeuvres tangibles et durables tels des cathédrales, des châteaux, des pyramides, mais on peut tout aussi bien baser des sociétés, des cultures sur l'immatériel, l'esprit, l'acte altruiste et non l'objet stérile. L'Art, la culture, l'Histoire ont bon dos pour excuser les injustices millénaires, comme si la pierre était indispensable à la hauteur, la permanence de notre pensée... Je ne crois pas au prétexte de la grandeur d'une société basée sur ses monuments ou oeuvres d'art. N'existe-t-il pas des cultures sans écriture exclusivement basées sur l'oral ? Ce sont pourtant des cultures à part entière, ni plus ni moins éclatantes que les autres.<o:p></o:p>

    Je ne dis pas que les églises de pierres sont vaines, je dis que les églises sans le coeur, cela ne vaut rien.<o:p></o:p>

    723 - Le germe divin

    Le sujet est aussi vieux que le monde, vaste comme le ciel et la terre, abyssal, sombre, tragique et agité à l'image des océans, mystérieux, serein et solennel -voire extatique-, ainsi que la voûte étoilée, tout cela à la fois puisqu'il s'agit de l'univers intime qui gronde dans le coeur de l'homme, quand il ne murmure pas pour faire place à un chant, une prière, un rire d'enfant... Aldéhy peint l'humanité entière. Mieux : il raconte l'histoire de chacun d'entre nous. Adam et Ève, c'est vous, c'est moi, c'est l'autre. Ses tableaux sont nos miroirs : ils affirment notre condition humaine, de la naissance à la mort.<o:p></o:p>

    Au fil de l'eau, omniprésente dans les tableaux, la quête du couple originel n'a pas de fin. Étape par étape, tantôt radieuse, tantôt méditative, Adam et Ève ouvrent la route à leur descendance. Aldéhy, à travers des sortes "d'interludes" -ou instantanées-, nous suggère l'éternel cheminement de l'homme dans sa marche vers son destin, que l'on devine certes pénible mais non funeste : rien de désespérant, en effet, sous le pinceau de l'artiste. Si parfois chez Aldéhy la lumière côtoie l'ombre, la première prend largement le pas sur la seconde. L'éclat de ses peintures, procédant à l'évidence d'autre chose que la simple virtuosité de coloriste, semble remonter des profondeurs de son âme. <o:p></o:p>

    Ses personnages évoluent dans un espace physique, onirique et poétique où l'eau rythme leur progression. Le chemin, interminable, âpre mais rédempteur, durera aussi longtemps que l'humanité sera debout. Le monde en plein essor où sont condamnés à vivre Adam, Ève, Abel et Caïn n'est-il pas l'écho vif, bruissant et tempétueux, mais aussi calme et radieux de leur nouveau destin d'hommes où tout commence, tout se joue ? Ses tableaux sont des aires de repos où l'on s'attarde sur l'homme -figé dans des scènes immortelles- pour mieux le contempler dans ses attitudes fondamentales, de la gravité à la légèreté en passant par des nuances plus tranquilles. <o:p></o:p>

    L'on s'émeut devant des paysages de genèse du monde où Abel et Caïn, ingénus, si fragiles et si grands à la fois -eux les petits d'hommes-, arborent ces visages presque connus avec leurs traits qui nous sont si proches... Ces tableaux s'adressent à nous-mêmes, collectivement mais aussi individuellement. Ils s'adressent à notre époque. Universels, intemporels, les visages, les éléments demeurent par conséquent interchangeables. C'est que le peintre, en effet, prenant modèle sur ses propres enfants, produit un raccourci fulgurant : en peignant ces visages actuels, il échappe aux contraintes conventionnelles, s'ouvrant à nous tous sans restriction. Sa peinture va bien au-delà des simples limites esthétiques du genre : l'auteur s'affranchit des grandeurs académiques pour se mettre à notre portée. Et c'est bien pour cela précisément que son oeuvre nous touche. Elle parle, simplement, non pas de pontife à disciple mais de mortel à mortel.<o:p></o:p>

    C'est toute l'originalité, mais surtout l'humanité de l'oeuvre d'Aldéhy.<o:p></o:p>

    724 - Les miroirs de Mourre

    Quand on se regarde dans un miroir de Daniel Mourre, on réfléchit : l'art est une grande affaire qui pose les vraies questions. Que dire de ces glaces aux parures ouvragées comme des écrins ? Avec de telles oeuvres, le cadre vaut le contenu, l'essentiel étant moins le reflet que l'ornement. Ici le cadre est objet d'art à part entière : c'est lui que l'on contemple. On admirera les sculptures élégantes et voluptueuses qui confèrent aux objets un certain académisme. Narcisse en oublierait son propre éclat. <o:p></o:p>

    Fenêtres ouvertes sur bien des perspectives, les miroirs de Daniel Mourre nous interrogent sur la place de notre image lorsque celle-ci se combine à l'art. Rôle secondaire ou prolongement insaisissable de l'oeuvre ? Objet central du cadre ou accessoire superflu ? La question mérite au moins d'être posée. Quoi qu'il en soit, l'effet est saisissant. <o:p></o:p>

    Le reflet est fuyant, l'art persiste. Les oeuvres de Daniel Mourre valent que l'on y regarde de près. De tout près. Éternels jeux de miroirs où le spectateur se pâme sans jamais se perdre de vue... <o:p></o:p>

    725 - De l'oeuf à l'art

    Etranges sculptures que celles de Daniel MOURRE. Formes verniennes, ovoïdales se parachevant dans des figures imaginaires qui ne manquent pas de style, ces conceptions évocatrices s'imposent avec vigueur comme autant d'objets de curiosité. <o:p></o:p>

    A la fois inédits et familiers. <o:p></o:p>

    A travers ces gros oeufs daliens on assiste à la rencontre surprenante de la courbe formelle avec l'angle fantaisiste. L'inconscient n'est pas loin, qui semble prêter ses mots à l'artiste : oeufs de l'esprit qui sont des sortes de songes... <o:p></o:p>

    Le sculpteur a pondu, sans le savoir peut-être, ce qui gît au fond de chacun. Ovule accompli ? Ventre maternel en éternelle gestation ? Coquille qui s'ouvre sur le monde des rêves ? Porte entrebâillée à mi-chemin entre onirisme et   réalité ? <o:p></o:p>

    Mais plus qu'un simple retour sur soi, les oeufs de MOURRE avec leurs tiroirs mystérieux, leurs jaillissements insolites, leurs excroissances baroques ne seraient-ils pas en définitive le commencement de tout ? L'auteur nous plonge d'emblée dans la perplexité : qui de l'artiste ou de son oeuvre mène la danse ? Est-ce le maître d'oeuvre qui naît à lui-même à travers ses créations ou est-ce l'oeuf qui accouche de son auteur, qui l'inspire au fil de ses propres pontes, comme s'il était lui-même fasciné par ces formes suggestives, exalté par ces ovoïdes sortis de ses mains et qu'il faudrait personnaliser, tordre, remodeler jusqu'à leur donner "forme humaine" ? Ici l'éternelle "rivalité" entre l'oeuf et la poule prend tout son sens. <o:p></o:p>

    Comme tous les oeufs fécondés par leurs créateurs, ceux-ci recèlent nécessairement leur part de mystère. Laissons-les achever leur lente éclosion au soleil de l'Art. <o:p></o:p>

    726 - Au fond des couleurs

    Dans les conceptions linéales de Colette Cotte, scènes, animaux, personnages entre allégorie et fantasmagorie -rêve et raison diront certains-, pas de place pour l'ombre. Toute obscurité est chassée de l'oeuvre. Partout, l'éclat, l'or, l'azur, la lumière.

    La couleur n'est pas qu'au centre de ses tableaux, elle est aussi autour, elle déborde de ses sujets pour venir caresser notre imagination. Ces peintures apaisantes ont une place de choix dans les coins familiers de notre mémoire collective : ces scènes sans heurt qui en disent plus long qu'elles voudraient nous le faire croire, n'évoquent-elles pas les grands tableaux sages et silencieux qui nous tenaient compagnies dans les salles d'attente feutrées de notre enfance ?
    <o:p></o:p>

    Rappelons-nous : de semblables scènes accrochées aux murs, à la fois proches et mystérieuses, intimes et énigmatiques, peuplaient autrefois nos têtes rêveuses...

    Enfants songeurs, nous le sommes redevenus devant les tableaux de Colette Cotte : les chevaux, cavaliers et mages traversant les décors oniriques de nos premières années, et qui nous berçaient vaguement, continuent de nous poursuivre à travers son pinceau.
    <o:p></o:p>

    727 - L'or du peintre

    Afin de mieux faire connaître son oeuvre, j'ai proposé à Aldéhy de rédiger un texte de présentation qui soit à la hauteur de son art.<o:p></o:p>

    L'exercice a d'autant plus de mérite qu'il m'est par principe difficile de parler des oeuvres des autres (aussi bien celles de mes proches que de mes "détracteurs", pour ne pas dire mes "ennemis") avec cette coutumière et prétendue "impartialité" des critiques du genre. Étrange "objectivité" pleine d'indulgence qui semble, en effet, être la règle dans le milieu... Ce qui dans pareils cas fausse bien évidemment les avis qui se prétendent être au service de l'Art. Les analyses de ces "spécialistes" plus ou moins dévoyés à des causes peu avouables (amitié, copinage, rémunération, échange de services) ont-elles un réel intérêt dans le contexte actuel de l'Art où la diversité, la multiplicité, l'excès, l'inflation des productions picturales rendent leur promotion si difficile et par là même oblige à la rigueur la plus élémentaire, à la vigilance la plus extrême au lieu de ces suspects, systématiques panégyriques ?<o:p></o:p>

    En outre, et on verra peut-être la chose comme une singularité, voire comme une de ces belles contradictions qui font parfois l'exception, donc le prix (ou la nullité, l'affaire étant à double tranchant...) de tel ou tel art, je ne suis personnellement pas (ou peu) versé dans la peinture... Ce qui ajoutera à ma sincérité et à la spontanéité de mon analyse.<o:p></o:p>

    Pour parler des peintures de Aldéhy, je n'aurai par conséquent ni complaisance ni dureté. Juste ma sensibilité, rien que ma plume d'auteur honnête, sain, posé que seules animent la vérité, l'honnêteté, la simplicité. Qualités légendaires qui rendront mes sentences fiables, claires, crédibles. C'est en tout cas ma prétention, et je souhaite que tout artiste prenne comme un égal privilège mes piques et mes caresses, qu'il soit honoré autant par mes soufflets que par mes éloges. Là sont mes marques d'amitié vraie, sans aucun arrangement avec l'Art. <o:p></o:p>

    Mais entrons dans le sujet.<o:p></o:p>

    Voilà, Aldéhy a fait le choix -et pris le risque- des thèmes bibliques, pastoraux, pour ne pas dire virgiliens. Ou plus quotidiens. Ce qui est une façon comme une autre d'asseoir son art. Entre tradition et originalité, le peintre embrasse "large" donc... Que ce soient vues historiques ou individuelles, sujets académiques ou personnels, les thèmes abordés sont ouverts. <o:p></o:p>

    On s'embarque l'âme légère, l'esprit curieux, le coeur joyeux, ou parfois lourd, dans ces paysages aux horizons clairs traversés par des marcheurs prenant des destinations ultimes et graves (comme ce couple chassé de l'éden), dans ces vues citadines contemporaines, ces lieux parfois étranges ou familiers, ces scènes vivantes des cités avec leurs lumières ou leurs ombres, leurs passants ou leurs statues... Malice, ingénuité, proximité, complicité avec ces portraits de petits garçons grimaçant et souriant. Entre l'éphémère et l'intemporel, la spontanéité et l'universalité.

    Devant quelques autres conceptions baroques ou certaines scènes inattendues, surprenantes, on pourra certes être surpris. Ou heurté, selon la réceptivité de chacun. N'est-ce pas ce qui fait précisément le charme, le piquant d'un auteur ? Une chose est sûre : le pinceau est riche de ses tons acryliques avec lesquels l'auteur semble s'amuser, usant de toutes leurs possibilités, peu avare d'effets, imaginatif, prompt à faire jaillir lumière, couleurs, interrogations.
    <o:p></o:p>

    C'est, en effet, sur ce dernier point que vaut surtout la peinture de Aldéhy. Le spectateur n'est pas simplement charmé, étonné ou même figé dans un prudent, frileux retrait, il demeure également en questionnement devant ces formes vives, ces scènes oniriques, ces lieux énigmatiques, ces portraits bruts qui vous regardent en face ou bien de travers... Un point d'interrogation pour résumer l'oeuvre de Aldéhy, c'est peut être un peu bref me diront certains.<o:p></o:p>

     A ceux-là je répondrai qu'un questionnement en guise de récapitulation n'est-ce pas non plus un avenir royal pour une peinture, une voie ouverte sur l'infini ?<o:p></o:p>

    728 - Les notes perdues

    "Où sont les jouets cassés" est une perle de la chanson enfantine joliment accompagnée par le violon, un petit chef-d'oeuvre fleurant un XIXème siècle littéraire délicieusement obsolète, évocateur et charmant.<o:p></o:p>

    Avec son air nostalgique et immortel, tel "Lettre à Elise", cette chanson nous plonge dès les premières notes dans l'univers riche de nos souvenirs d'enfance. Par-delà l'évocation des jouets cassés, c'est le monde enchanteur et mélancolique propre aux enfants qui a été mis en paroles et musique : doux malaise des longs dimanches d'ennui, rêves tristes des siestes d'été et heures perdues à compter des petits riens...<o:p></o:p>

    729 - L'esprit de la loi

    Hans Schmitt est un brave, jovial et gras bavarois de 58 ans. Marié, quatre enfants géants tous grands buveurs de bière teutonne comme lui, il pratique avec assiduité le tourisme sexuel infantile. Mais exclusivement dans les pays où n'existe aucune réglementation pour la protection de l'enfance. Monsieur Schmitt a de la morale : il ne consomme que des enfants "autorisés".<o:p></o:p>

    Notre imposant citoyen germanique bouffe également de la saucisse pur porc matins, midis et soirs, accompagnée de bonnes grosses pâtisseries industrielles. Il s'impose ce régime fortifiant afin de soutenir l'économie triomphante de son pays où meurent de misère cybernétique quelques millions de déshérités n'ayant pas encore l'accès gratuit à Internet : monsieur Schmitt est un révolté sensible.<o:p></o:p>

    Mais notre homme décidément délicat se mit subitement à dégueuler à gorge déployée ses bonnes grosses saucisses de porc : la loi de son pays du jour au lendemain venait de changer. Il fut décrété que la saucisse de porc ne représenterait plus le produit national. <o:p></o:p>

    Monsieur Schmitt se mit aussitôt à la choucroute garnie, en conformité avec la nouvelle loi.<o:p></o:p>

    Il continua ainsi à vivre très heureux, assis sur son cul, sa gueule de boeuf bien en face de sa télévision, la conscience tranquille, le ventre débordant de bonne bière de Bavière.<o:p></o:p>

    730 - Pillage glorieux de mes textes

    Monsieur le Masque Rouge, <o:p></o:p>

    Je vous félicite pour ce pillage de mes textes hautement pédagogique ! La beauté du geste me touche. Merci de mettre en pratique mon idéal de partage universel et de gratuité des oeuvres intellectuelles ! Pillez, copiez, plagiez, signez de votre nom mes textes, je ne demande pas mieux ! <o:p></o:p>

    Certes pour être honnête j'avoue que je préférerais que l'on reconnaisse le véritable auteur de ces textes au lieu de voir un quidam être applaudi à ma place, cela dit je ne me fais guère de souci à ce propos : mes textes et mon style sont uniques, spécifiquement izarriens et par conséquent recèlent assez de force pour faire éclater mon nom à chaque paragraphe, même lorsque mon identité est masquée. Le lecteur perspicace ne s'y trompera pas...<o:p></o:p>

    Vous m'offensez en me signifiant que sur un mot de moi vous cesseriez ce glorieux pillage ! N'ai-je pas dit que je demandais à être pillé ? Pour qui me prenez-vous donc ? Pensez-vous que je n'aie pas de parole ? Pourquoi me contredirais-je ? Je souhaite que vous continuiez à utiliser mes textes pour votre gloire, la mienne et celle de la Littérature ! <o:p></o:p>

    Il y a des centaines de textes actuellement en ligne sur mon site, alors bon courage ! Profitez sans restriction de cette liberté qui devrait être la règle dans le monde idéal que depuis tout temps je conçois et que j'aime à imaginer proche. Si tous les amoureux de la littérature pouvaient apprécier mes textes comme vous le faites au point de les utiliser pour leurs propres comptes, je serais le plus heureux des internautes de la planète ! Répandez partout autour de vous la bonne nouvelle : mes textes sont gratuits, peuvent et DOIVENT être pillés, plagiés, utilisés sans nulle restriction ! Que mes textes soient ainsi pillés prouve qu'ils plaisent aux beaux esprits. En effet, mes écrits ne peuvent plaire qu'aux esthètes. Vous appartenez par conséquent à cette belle espèce et cela m'agrée singulièrement. <o:p></o:p>

    Merci encore de me rendre gloire par votre démarche qui m'honore. <o:p></o:p>

    731 - Le chantre de la pierre

    La mine est précise, le dessin ciselé, l'observation scrupuleuse. Rien n'échappe à l'oeil scrutateur du dessinateur, et surtout pas les signes tangibles des siècles chargés de légendes qui charment tant notre époque : le Luzéen s'est, en effet, spécialisé dans le dessin des monuments historiques. <o:p></o:p>

    Avec son souci du détail poussé à l'extrême, le Luzéen nous offre un travail soigné, net, fidèle, quasi photographique, sans pour autant tomber dans la stricte, froide illustration technique de l'architecte. Non, car il y a aussi l'âme de l'artiste dans ces relevés qui tiennent autant de la topographie que de l'art et de l'archéologie. A la fois ample et minutieuse, l'oeuvre est élaborée avec une patience toute monacale. Ainsi la "Tour Saint-Jacques" à Paris, érigée à la pointe de son crayon avec des traits d'orfèvre, est un exemple magistral de la maîtrise de son art. L'amour du travail bien fait exige de prendre son temps et le Luzéen le sait bien qui, en travaillant à révéler la patine, à nous raconter l'éclat des siècles révolus, à illustrer le visible et l'invisible, bref à transcrire l'essentiel de la pierre, nous initie aux mystères de l'Histoire.<o:p></o:p>

    C'est ainsi que, chose rare, ce technicien du crayon nous fait rêver. <o:p></o:p>

    Véritable géographe des mythes, le Luzéen met en relief le lustre des temps historiques. Il ne prend pas seulement l'empreinte de la pierre séculaire, il la fait bruire d'échos intimes et lointains... Avec lui l'Histoire se présente en habits d'apparat et robes longues, écussons et cottes de mailles, mais aussi en sabots et chemises de lin : pour nous, il convoque les princes et les gueux, les châtelains et le petit peuple qui hantent encore les vieux monuments. Ces ombres sans âge qui courent sur la pierre, il les capte sur son papier. Et les rend lumineuses. Le Luzéen côtoie les fantômes de granit et d'airain : cloches ou gargouilles, il les interroge, les sonde, tente de nous livrer leurs secrets.<o:p></o:p>

    Et nous écoutons... Et nous voyons sortir de la pierre qu'il dessine toutes ces âmes du passé, nous les sentons vivre à travers ses dessins en noir et blanc. N'en doutons plus : le Luzéen a l'art de faire revivre la pierre. <o:p></o:p>

    Et ressusciter les morts.<o:p></o:p>

    732 - Pantin public

    A propos de la chanteuse Britney Spears, voici un exemple de ce qu'est l'ineptie à l'état pur. <o:p></o:p>

    Cette femme d'une vulgarité inouïe à la solde de marchands de produits de discothèques à destination d'abrutis hormonés est une caricature de petite volaille nerveuse débitrice de musique à usage "commercial-chiottique" et de chorégraphie "gallinacétique". <o:p></o:p>

    Ce qu'elle chante est laid, insipide, affligeant, vide, creux, indigent. Aux antipodes du bon goût, de la mesure, des règles les plus élémentaires de ce que devrait être la musique. <o:p></o:p>

    Bien entendu, tout le monde est d'accord avec moi là-dessus. J'enfonce une porte ouverte ici. Alors pourquoi tant de degénérés indécrottables achètent encore ses disques, donnent leur argent chèrement gagné pour aller voir bouger sur scène son cul infiniment insignifiant de "dindonnette emplumée" élevée en batterie ?<o:p></o:p>

    Il faut que les foules soient complètement atteintes d'authentique crétinerie, écervelées, manipulées jusqu'à la moelle épinière par les marchands de disques pour aller écouter une putain de telle envergure qui chante des inepties que je crois inégalées, à ma connaissance...<o:p></o:p>

    Cette poulette yankee imberbe, piercée, "scalpelisée", reformatée incarne la déchéance de la jeunesse actuelle et même de certains adultes immatures. Une face chargée d'artifices douteux, un air d'une vulgarité extrême, une toilette à vomir, des moeurs béotiennes parfaitement insupportables.<o:p></o:p>

    Britney Spears est une offense même à la femme, la vraie. Une offense aux artistes aussi, aux vrais.<o:p></o:p>

    Cette poupée de latex est la honte de l'Occident, l'antithèse de la classe, un vivant outrage à la féminité, le symbole de la nullité féminine. Après cela, allez vous étonner que des femmes de fer fondent des mouvements féministes ultra radicaux...

    Je ne considère pas aussi sévèrement les individus pris à part, je m'en prends à l'état d'esprit de l'ensemble des personnes complices de l'abrutissement ambiant (une certaine catégorie de l'humanité : en général la populace, le tout-venant, le garagiste du coin, le téléspectateur de TF1, le petit esprit qui part en vacances de ski en hiver, bref le français moyen, le consommateur de base) victimes d'un affaiblissement temporaire -ou permanent- du ciboulot. Je raille ceux qui par leur conduite, leurs choix, leurs goûts infâmes, leur paresse intellectuelle, leur manque de discernement abaissent le niveau musical en cautionnant ce genre de chanteuse fabriquée sur mesure par les gros maquereaux à la tête de certaines maisons de disques, sûr que je suis de mon bon droit, de la supériorité de ma sensibilité musicale.
    <o:p></o:p>

    Ce genre de chanteuse yankee interchangeable m'est particulièrement insupportable. Quand je vois que des internautes publient sur DAILYMOTION les clips ineptes de cette créature triviale et sans talent, j'ai envie de leur dire ce que j'en pense, ce que je fais d'ailleurs ouvertement. Ces pauvres gens ne s'interdisent pas d'étaler publiquement leur indigence musicale sur DAILYMOTION, je ne vais pas me gêner pour leur dire ce que je pense de leur Bretney Spears, DAILYMOTION est fait pour cela précisément. <o:p></o:p>

    S'ils ne veulent prendre aucun risque de recevoir mes railleries sur leur espace personnel, ils ont la possibilité de ne pas poster les clips vidéos de cette putain américaine qui nous braille des nullités musicales jusque dans nos ascenceurs, nos kermesses, nos magasins de cabinets d'aisance.<o:p></o:p>

    Les abrutis sont partout, pullulent dans notre pays, sont présents sur les mers, dans les terres lointaines, envahissent tous les domaines de l'existence, allant jusqu'à piétiner les plates-bandes des beaux esprits de mon espèce. Les abrutis idolâtrent la nullité, l'ineptie, l'insignifiance, allant jusqu'à payer pour se gaver d'âneries. Ne méritent-ils pas de bons coups de pieds au cul izarriens ?<o:p></o:p>

    A ceux que ce discours déplairait, qu'ils sachent qu'il n'est nullement question de faire preuve de modestie ici mais de LUCIDITE. Je prétends que sur ce point les autres (ceux qui payent pour écouter brailler une imbécile "dindée" dans un micro) ont tort et que moi j'ai raison. Cela ne se discute pas, cette affaire subjective n'atteint pas la populace. Le Beau regarde les belles gens de mon espèce, je me dois de défendre la beauté, de dénoncer la vulgarité. Un bel esprit comme moi ne peut qu'avoir raison sur cette question essentielle et la populace tort puisque par nature, par réflexe, par infirmité de l'âme elle fait le choix de la laideur, de la vulgarité, de la bêtise. La preuve chez les disquaires, sur le NET, dans la rue.<o:p></o:p>

    Le Beau est constitutif du bel esprit qui raille, critique, toise, professe, pérore doctement, tandis que la laideur, la bassesse, la vulgarité caractérisent l'homme de la rue, l'automobiliste moyen, l'adepte de football, le pousseur de caddie, le payeur de place de parking, le possesseur de tondeuse à gazon, le propriétaire de maison Phénix, l'acheteur de CD de Britney Spears.<o:p></o:p>

    733 - La pierre pulvérisée

    Bien avant l'ère chrétienne les menhirs, les arbres et même les étoiles à travers d'abstraites constellations en formes d'animaux fabuleux remplaçaient nos églises. La croyance était dans l'air, l'autel était déjà en germe (et même plus élaboré qu'on ne le croit) dans l'oeil du berger, de l'analphabète, du cueilleur de baies sauvages qui s'interrogeaient sur les nuages, la lune, la tombe où gisaient leurs défunts. La pierre était habitée par des fées, des lutins animaient l'eau vive. Il y a eu des mystiques depuis la nuit des temps. Leur vue télescopique se manifestait sous d'autres formes que celles de notre ère. De même, des Hugo ont existé avant l'écriture. Ils n'écrivaient pas mais n'en possédaient pas moins des mondes intérieurs riches qui s'extériorisaient par d'autres moyens que l'écriture : oraux, picturaux, oniriques par exemples. Le fait que la plume et l'ordinateur étaient inconnus aux temps anciens n'a jamais rien ôté aux potentialités de l'esprit humain. Mais surtout, le mysticisme n'est nullement lié à la religion catholique dogmatique officielle. Le mysticisme est une sensibilité de la conscience éveillée aux réalités supérieures relatives à l'esprit et affranchie de toute chaîne dogmatique aliénante, une réceptivité aiguë de cette conscience au monde invisible et lumineux où évolue, progresse, se perfectionne l'être.<o:p></o:p>

    Les vrais mystiques se passent des églises, des dogmes religieux, des signes sacrés : la nature pour eux surpasse en beauté et vérité toutes les cathédrales qui ne sont que de pâles copies des oeuvres naturelles.<o:p></o:p>

    Cela dit, les églises, les autels, les rites pieux sont la syntaxe nécessaire au "discours démocratique et populaire" de la Vie. Sans cette structure grammaticale basique, qui est en fait une organisation de l'esprit comme les mathématiques sont une organisation du monde abstrait des chiffres, l'oeuvre du grand Architecte serait incompréhensible, inintelligible à l'homme de la rue. Les rites religieux, les églises, les chapelets ont leur utilité : ils permettent d'initier les âmes grossières aux richesses impalpables de l'esprit.<o:p></o:p>

    La lentille qui nous révèle l'existence des galaxies lointaines est tout humblement contenue dans une poignée de sable, à l'état brut. A travers ce sable brut le mystique voit directement le cosmos. Le profane quant à lui, pour percevoir la lumière des corps célestes invisibles à l'oeil nu aura besoin de faire fondre la silice contenue dans ce sable, puis patiemment la polir avant de la monter sur un tube télescopique. Grâce à sa vue intuitive extra-lucide le mystique fait l'économie de la fonte, du polissage, du montage de la lentille : pour voir les beautés de l'Univers il se contente d'une simple poignée de sable. Pour lui le mystère commence sous ses pieds, dans les grains aréneux. <o:p></o:p>

    A ses yeux une particule de poussière contient assez de miracles pour qu'il croie au reste de l'Univers et en perçoive les secrets éclats. La cathédrale, le missel, l'église sont le télescope du profane.<o:p></o:p>

    Seuls les êtres très évolués tels les mystiques peuvent se passer de ces intermédiaires palpables que constituent le mobilier sacré, les messes, l'organisation religieuse. A travers l'oiseau, le caillou, l'asticot, l'astre, les mystiques voient l'infini. Une molécule d'eau, un grain se sable, une mouche suffisent à l'esprit éveillé pour s'émerveiller et soupçonner le Ciel d'être l'auteur de ces prodiges que nous foulons du pied. Nul besoin au bel esprit de lui construire des édifices vertigineux. Il comprend vite, sans détour ni artifice. <o:p></o:p>

    Le peuple quant à lui, pour accéder aux hauteurs invisibles a besoin de diriger l'oeil vers la pierre sculptée, de caresser des missels, d'entendre des contes de fée religieux, de poser le genou sur le marbre. Cela est compréhensible, légitime, nécessaire. Tout comme la pyramide, la constellation ou le menhir, la cathédrale n'est que la forme. L'essentiel est ailleurs. Mais la forme est nécessaire pour la plus grande majorité des hommes. La pierre est secondaire certes, cependant elle est utile pour soutenir l'Esprit et le rendre visible afin qu'il se manifeste au vulgaire sous des aspects pompeux, spectaculaires plutôt qu'à travers l'évidence des miracles quotidiens qui l'entoure (qui entoure le vulgaire, je veux dire le peuple). Un brin d'herbe, une poussière, un chat, une étoile sont des réalités trop connues, trop quotidiennes, trop proches pour qu'elles puissent encore émerveiller l'homme du commun qui trouvera tout cela bien banal. <o:p></o:p>

    Il faut éblouir les abrutis pour les sensibiliser aux causes supérieures. Les églises sont faites pour cela, précisément.<o:p></o:p>

    734 - Les feux interdits

    A l'époque je venais d'entrer au séminaire : longue était ma soutane, brève ma vue.

    Mais bientôt troublé par la beauté d'un éphèbe de mon âge, je dus admettre l'inavouable évidence. Ma nature chavira : des flammes inédites s'éveillèrent dans ma chair, des séductions folles incendièrent mon âme. A l'inexpérience, l'ignorance, la mollesse de ma pieuse condition succéda une ivresse infernale. Mon coeur candide en proie à ces passions sulfureuses se mit à battre -pour la première fois de ma vie-, et de l'attente de voir se réaliser les abstraites et lénifiantes promesses faites par un clergé parfaitement dogmatique, promesses certes honorables mais qui me laissaient insensible, je passai aux tourments délicieux d'une réalité magistrale, immédiate, saisi par de plus vifs, plus ardents frémissements.

    Ces tremblements me firent pressentir les véritables sommets de l'existence, loin de mes studieux cours de théologie. L'Amour, le vrai, le tangible, le secret, l'impérieux, le brûlant, le honteux, le beau, le mystérieux, je le vivais dans ma chair, au fond de mon coeur, jusque dans mes songes, à chaque seconde du jour, le dédiant même à tous les astres de la nuit.
    <o:p></o:p>

    Aux antipodes de mes missels.<o:p></o:p>

    Je ne reniai point les hauteurs célestes pour autant, bien au contraire. Enchaîné à une cause aussi éclatante, je ne pouvais que louer l'Auteur de ces affres exquises. Auparavant la sagesse du livre saint, même avec ses ternes agréments, suffisait à me faire désirer porter la robe noire. Mais depuis que l'Amour était entré dans ma vie, depuis qu'à travers cette pédéraste alliance des corps et des âmes je venais de faire l'expérience divine, des ailes claires semblaient percer l'habit sombre que je convoitais tant. Je souhaitai plus que jamais endosser la bure sévère du prêtre, signe de mon appartenance à l'Eglise de l'Amour. Ce cruel paradoxe de l'amour constitué à travers cette tendresse sodomite que j'étais en train de vivre, n'est-ce pas précisément le grand paradoxe de Dieu ?<o:p></o:p>

    J'acceptais mon inversion sexuelle non comme une épreuve mais comme une bénédiction car c'est grâce à cette liaison que l'on dit éhontée qu'au séminaire l'excitation spirituelle la plus pure s'empara de mon être.<o:p></o:p>

    Gardant secret toute ma vie cet amour d'inverti, je fis un excellent prêtre que Dieu s'apprête à recevoir, maintenant que j'approche du grand Sommeil.<o:p></o:p>

    735 - Dieu n'est pas bête du tout !

    Dieu est un type bien, un être contradictoire mais très créatif possédant une personnalité tout de même assez complexe. Étonnamment doué pour les arts, la physique, le 100 mètres en natation, la mécanique automobile, il est imbattable aux échecs, incollable en Histoire. <o:p></o:p>

    C'est un poète qui a la bosse des maths.<o:p></o:p>

    Pas si sot, Dieu a choisi de se cacher pour mieux asseoir sa puissance. Cet animal est particulièrement susceptible : si on veut être dans ses faveurs il y a intérêt à croire à son entreprise multinationale. J'ai bien essayé de le mettre à l'épreuve, mais il est plus malin que l'on croit. Ainsi un jour au casino, alors que je venais de mettre mes derniers jetons dans une machine à sous, je me suis mis à le prier très fort : "si tu existes fais cracher le pactole à cette foutue machine qui m'a bouffé tous mes jetons, et là je croirai en toi, promis-juré !" Retenant mon souffle je mis mes derniers jetons, actionnai la manette, yeux fermés, doigts croisés... "Dieu si tu existes, fais que les rouleaux s'alignent sur les bons numéros " me répétai-je...<o:p></o:p>

    Les rouleaux n'en finissaient pas de tourner dans des cliquetis hystériques... Enfin ils s'immobilisèrent. Fébrile, j'ouvris les yeux.<o:p></o:p>

    Des chiffres apparurent, éclatants de promesses : je venais de décrocher le pactole !<o:p></o:p>

    Mais après une brève réflexion je me dis qu'en fait dans cet enfer du jeu, tirant les ficelles depuis les abîmes, c'est le diable qui venait de se manifester à moi, ce prince du mensonge et du hasard ! <o:p></o:p>

    C'est là que je dis que Dieu est une personnalité complexe, un être contradictoire, un sacré bougre de renard : la preuve que Dieu venait de me donner qu'il était bien derrière cette trouble affaire tout en ne l'étant pas, donc qu'il existait, était que je venais de gagner le pactole au casino. Ma prière avait été exaucée, bien sûr mais par qui ? <o:p></o:p>

    "Si le démon du jeu existe, c'est que Dieu l'a créé" pensai-je, perplexe.<o:p></o:p>

    Je fis don de mes gains à un pauvre diable qui tendait la sébile au sortir de l'établissement impie et ne remis plus jamais les pieds au casino.<o:p></o:p>

    Ainsi Dieu m’avait prouvé son existence en me dégoûtant des casinos. En creux il s'était manifesté : en me faisant gagner puis perdre aussitôt mes gains.<o:p></o:p>

    Il est fort Dieu, non ?<o:p></o:p>

    736 - Interview d'un damné

    Afin d'édifier les immoraux, assassins et autres odieux personnages se vautrant dans le vice, le Ciel m'a chargé d'une mission peu banale. <o:p></o:p>

    On m'a, en effet, présenté le pire des hommes qui vécut sur terre afin de le questionner, sorti du fin fond de l'enfer pour l'occasion. Ce n'était pas Hitler ni Gensin-Khan non, juste un anonyme, un homme du commun, simple, sans histoire si l'on peut dire... Un homme plein d'ordures qui toute sa vie s'adonna au crime, se rendant coupable d'horreurs, d'indignités, de bêtise et de bassesse. Le pire des hommes, disions-nous. Cette étrange affaire s'est passée lors d'un songe qui fut profond et troublant. Mais allons à l'essentiel sans plus tarder. Interview d'outre-flammes.<o:p></o:p>

    - Bonjour, parlez-moi un peu de vous. Qui êtes-vous, que faites-vous dans la géhenne ?<o:p></o:p>

    - Bonjour. Je m'appelle... En fait je n'ai plus de nom, je suis un damné. On me reproche mes actions. Il paraît que je suis le plus mauvais de tous les hommes ayant vécu sur terre. Je suis d'ailleurs resté fort longtemps sur terre où j'ai pu accumuler mes méfaits.<o:p></o:p>

    - Et quels sont ces méfaits qui vous valent d'être exclus des hauteurs paradisiaques ?<o:p></o:p>

    - J'ai tué, égorgé, éventré, brûlé, mis au supplice hommes, femmes, enfants. Je me suis amusé à mettre à mort mes semblables par les moyens les plus ignobles qui soient. Par milliers j'ai vu se tordre dans des souffrances inimaginables des enfants, des vieillards, des femmes. J'ai prolongé par tous les moyens leurs affres aux suppliciés, j'ai ri en entendant hurler et supplier mes victimes. C'était en temps de guerre, moi j'étais une bête. J'aimais ça tuer, répandre sang, désespoir, excrément. J'étais soldat dans une armée royale dans des temps où les Droit de l'Homme n'existaient pas encore, ivre de gains, assoiffé de guerre, je voulais m'amuser, m'enrichir, vivre. Il y avait de l'or a gagner lors de ces expéditions martiales, vous comprenez... J'avais le droit de tout faire alors j'en ai profité. J'étais le plus fort, le plus lâche, le plus atroce. Je ne vivais que pour le plaisir, que pour moi-même, que pour les biens matériels, n'hésitant pas à mentir, trahir, tromper, incendier, violer, étriper, tourmenter le premier venu afin obtenir l'argent, les femmes, la gloire, les vins. J'ai fait énormément souffrir les gens, surtout les enfants car c'était encore plus facile, plus amusant de m'attaquer à eux. J'ai fait cela en temps de guerre comme en temps de paix. J'étais ce qu'on appelle un abominable, un monstre, un démon. Le pire de tous les hommes qui ait jamais vécu sur terre.<o:p></o:p>

    - Vous n'aviez donc aucune pitié ? <o:p></o:p>

     - Aucune. Seuls comptaient mes profits personnels. <o:p></o:p>

    - Aviez-vous une femme, des enfants ?<o:p></o:p>

    - J'avais une femme et des enfants, oui.<o:p></o:p>

    - Et cela ne vous dérangeait pas de vous attaquer à des femmes et à des enfants qui auraient pu être les vôtres ? <o:p></o:p>

    - Ceux que j'ai mis à mort dans d'abominables souffrances n'étaient ni ma femme ni mes enfants. Pourquoi aurais-je eu pitié d'eux ?<o:p></o:p>

    - Comment un tel homme put-il vivre dans de telles immondices, sans aucune morale, insensible aux souffrances d'autrui, animé de desseins aussi vils ?<o:p></o:p>

    - Si je n'avais pas de morale, c'est parce que Dieu ne m'en a jamais donné. C'est de sa faute ! Moi je ne réfléchissais pas : l'or me rendait fou. Pourquoi Dieu a-t-il mis de l'or sur la terre ? C'est bien pour nous faire perdre la tête, non ? C'est Dieu le responsable de mes malheurs, maintenant que je suis en enfer ! Sur terre j'étais capable de tout pour obtenir de l'or. Je suis allé jusqu'au bout de mes désirs. Je suis devenu riche. J'ai joui de la vie, j'étais saoul tous les jours du matin au soir, m'adonnant à tous les excès sans le moindre scrupule ni retenue. Je vivais dans une époque barbare où l'idée des Droits de l'Homme était une totale hérésie. Que me reproche-t-on ? Je ne suis pas responsable de ce que j'ai fait. C'est la faute à mon époque, la faute à Dieu, la faute aux autres.<o:p></o:p>

    - Certes mais d'autres hommes qui vivaient à votre époque dans le même contexte de barbarie ambiante ne s'adonnaient point au crime pour autant... Certes les Droit de l'Homme n'existaient pas, cela empêchait-il aux hommes de faire preuve d'humanité ?Vous aviez bien des exemples de douceur autour de vous. Vous aviez la notion du bien et du mal. Pourquoi n'avoir pas fait le choix du bien ?<o:p></o:p>

    - Parce que le mal, ça rapportait plus d'or que le bien, parce que les autres, ce n'était pas moi. Moi je vivais pour moi, pas pour les autres. Quand j'embrochais un enfant, que j'ouvrais le ventre d'une femme enceinte, que je rompais les membres d'un homme, moi je ne ressentais pas de douleur et en plus cela me faisait vraiment rire. Alors pourquoi me serais-je privé du plaisir de voir souffrir les autres ? Je n'avais aucune raison de ne pas faire souffrir et tuer les autres. Au contraire j'avais toutes les raisons de le faire puisque cela me distrayait beaucoup et me rapportait des biens matériels, en temps de guerre comme en temps de paix. J'ai toujours aimé faire mal aux autres, voler, mentir, m'enivrer, me bagarrer, manger, violer, m'enrichir. Ma vie était belle ainsi.<o:p></o:p>

    - Et si c'était à refaire ?<o:p></o:p>

    - Si c'était à refaire je recommencerais car je préfère être sur terre en train de m'enrichir et m'amuser à supplicier et voir agoniser des enfants plutôt qu'être ici à croupir dans les flammes où je ne m'amuse pas du tout !<o:p></o:p>

    - Vous êtes à ce point mauvais, incorrigible, irrécupérable ? Je commence à comprendre le bien-fondé de votre présence ici ! Ne souhaitez-vous donc pas vous repentir et sortir de ces lieux, commencer à devenir humain ?<o:p></o:p>

    - Me repentir de quoi ? De mes plaisirs terrestres ? Au contraire, j'aimerais bien recommencer moi ! Je n'ai qu'un désir, qu'un seul : partir d'ici et me retrouver comme par le passé à jouir de la vie. Vous croyez que j'aime ça être en enfer ? Qu'est-ce que ça me rapporte d'être ici ? Ici je suis malheureux, sur terre j'étais heureux. Au moins dans le monde matériel où je suis né j'avais de l'or, des femmes, des victimes, plein de plaisirs.<o:p></o:p>

    - Mais alors pour vous c'est quoi la vie ?<o:p></o:p>

    - La vie pour moi, c'est MOI. Moi, c'est tout ce qui compte. C'est moi qui vit, qui me sens vivre. Les autres, ce n'est pas moi. Les autres n'existent pas pour moi. Je ne suis pas les autres, je suis moi. De toute façon en enfer ce n'est pas la vie. Ici ce n'est pas la vie non, ici c'est la souffrance car enfin l'enfer, l'enfer c'est également MOI.<o:p></o:p>

    C'est sur ces mots à la fois pleins de sens et de dérision que je pris congé de l'hôte de la géhenne, n'omettant pas toutefois de lui souhaiter ardemment d'accéder à la rédemption un jour. Ainsi après cette interview exceptionnelle du plus mauvais des hommes ayant vécu sur terre, dans un interminable soupir de lassitude ce dernier était reparti dans ses fonds remplis de ténèbres. Que ces mots vous soient ici rapportés fidèlement et qu'ils vous fassent réfléchir sur vos actions, vous les ignobles individus qui vivez sans aucune morale et agissez en votre nom et en votre nom seul.<o:p></o:p>

    737 - La femme de cinquante ans

    A vingt ans la femme est légère, voire insignifiante. A trente elle est désirable, à quarante elle est resplendissante, mais dès quarante-cinq ans elle devient douteuse.

    A cinquante ans, elle est devenue un fruit en voie de putréfaction.
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    Je les vois bien ces visages en fin d'épanouissement qui traversent les rues à l'heure de sortie des bureaux, ces corps femelles qui commencent à faner... Je les vois chanceler sur leurs souliers un peu plus épais, ces chandelles presque éteintes. Je les vois peser de plus en plus, ces traits empâtés qui sous le fard inutile annoncent déjà la décrépitude... Ce fard qui souligne la disgrâce naissante de la femme, trahit sa beauté dégradée, ce fard sans joie qui n'est que le dernier artifice de l'amour avant la tombe, l'illusion qui ne trompe plus personne.<o:p></o:p>

    Tandis que l'homme vieillit comme un vin exquis, grave et serein, comme un chêne, tout en force et hauteur, tout en charme et légèreté, beau et solennel qu'il est, la femme avec les ans hérite du masque de la pourriture.<o:p></o:p>

    En avançant en âge elle doit apprendre à regarder en face sa laideur. Les plus belles ne sont point épargnées (voir le cas douloureux de Brigitte Bardot).

    Rares, très rares sont les femmes qui gardent intact leur éclat jusqu'aux portes de la soixantaine.
    <o:p></o:p>

    L'originelle flamme qui fait d'elles le centre du monde les quitte en général avant cinquante ans..<o:p></o:p>

    La femme de cinquante ans est morte au monde, sur le plan des charmes. Et plus elle vieillira, moins elle sera désirée, et souvent sera méprisée.<o:p></o:p>

    Chez l'homme on constatera exactement l'inverse.<o:p></o:p>

    738 - La puissance de la beauté

    Le spectacle de la beauté me rend meilleur, plus sensible, plus grand, moins médiocre, quelle qu'elle soit, de la moins évidente à la plus éclatante.<o:p></o:p>

    Du simple caillou -humble et parfait avec ses formes sommaires- au visage de la femme née avec les grâces de sa nature, la beauté me subjugue.<o:p></o:p>

    Alors que la laideur seule m'inspire pitié, dégoût, voire haine, la beauté qui s'affiche aux côtés de la laideur me rend indulgent envers cette dernière : ainsi la femme aux traits méprisables ne sera plus raillée si une créature l'accompagne. Certes je n'aurai d'yeux que pour le cygne, mais dans son ombre l'oiseau déplumé bénéficiera de ma clémence. En effet, je ne crache point au visage des laiderons lorsque dans leur proximité la vision d'un astre retient mon regard : la beauté adoucit mes moeurs.<o:p></o:p>

    La beauté me fait croire à des sommets, elle agit comme un coupe-faim : sous son empire j'oublie les trivialités de ce monde. Je ne songe plus aux soucis du lendemain mais prends conscience de mes ailes.<o:p></o:p>

    La preuve que la beauté est supérieure à la laideur, c'est qu'une femme sans attrait sera toujours moins courtisée qu'une femme vénusiaque. Sur l'échiquier de la Vérité, les dindes seront toujours rattrapées par les gazelles.<o:p></o:p>

    Mes frères les esthètes, toujours chérissez la beauté. Vous les beaux esprits voués aux causes supérieures, sachez chaque jour rendre hommage à la beauté et n'omettez jamais de durement châtier la laideur lorsque celle-ci vous offense. Giflez les laiderons qui à votre vue exposent leur misère sans pudeur ni remords, mais soyez moins sévères envers elles lorsqu'une beauté les accompagne, de la même manière que l'on est plus complaisant face aux grognements de la truie qui allaite : le spectacle touchant des porcelets fait un peu oublier la grossièreté de la génitrice.

    Bref sachez que c'est la beauté et la beauté seule qui sauvera le monde, et non l'infirmité, la bêtise, la bassesse et la hideur.
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    739 - Un petit

    Monsieur Dupont est petit. Monsieur Dupont est médiocre. Monsieur Dupont porte en lui des rêves à la mesure de ses dimanches de minable : cannes à pêche et canettes de bières incarnent pour lui les sommets de la félicité dominicale.

    Maurice Dupont côtoie des minus qui lui ressemblent, d'ailleurs il appelle affectueusement ses amis "Ducon", preuve de l'estime faussement ironique qu'il porte à ses pairs... Ce Dupont serait-il conscient de sa petitesse, du caractère lamentablement "dupontesque" de sa personne ? Notre héros a un petit zizi et, assez sot pour en rougir, assure à qui veut le croire qu'il possède un "zobinard" digne d'un éphèbe qu'il n'est pas. Ce séducteur de caissières de supermarchés aime en outre épater amis et inconnus avec ses histoires insignifiantes. Dans ses aventures peu épiques mais terriblement pathétiques il affronte avec vaillance des dangers imaginaires à travers des jeux télévisés parfaitement débiles. Ainsi il sue avec les candidats auxquels il s'identifie furieusement (des minus habens de son espèce) en essayant de répondre à des questions ineptes du genre "Combien faut-il de grammes de lessive pour laver cinq kilogrammes de linge blanc à la température de 60 degrés Celsius ?" L'enjeu est de taille, il y a un téléviseur à écran plasma à gagner. Dupont a une existence vraiment trépidante devant ses programmes de télévision...
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    Dupont collectionne les bouchons de bouteilles de champagne, persuadé d'être un sacré original. Il n'hésite pas dans ses accès d'orgueil à revendiquer haut et fort sa passion pour les cylindres de liège.<o:p></o:p>

    Monsieur Dupont est petit. Monsieur Dupont est médiocre. Monsieur Dupont porte en lui des aspirations à la mesure des trésors proposés dans ses programmes de télévision. Monsieur Dupont a un secret. Un rêve à sa portée, un grand, un douloureux, un beau rêve : passer à la télévision afin de participer à son jeu favori et devant les caméras gagner le fameux téléviseur à écran plasma. Avoir la France entière pour témoin de son effroyable petitesse, tel est son plus grand rêve de minable.<o:p></o:p>

    Monsieur Dupont est petit. Monsieur Dupont est médiocre. Monsieur Dupont est heureux.

    Monsieur Dupont porte en lui la petitesse et marche d'ailleurs à petits pas, écrasé par le poids de son incommensurable médiocrité.

    740 - TF1, petit père du peuple<o:p></o:p>


    J’ai regardé avec hargne une émission populacière sur TF1. J’ai consciencieusement passé la tête à travers la lucarne donnant sur l’étable à vaches humaines pour mieux entendre meugler le troupeau hilare que sont mes semblables “TFunisés”.

    Qu’ai-je vu, entendu ? Des animateurs prostitués à la cause AUDIMAT caquetant à n’en plus finir. Emissions au concept simple, efficace, parfaitement aliénant : de la lessive et des jeux. Un format soigneusement conçu par les patrons-proxénètes de TF1 pour rassembler un maximum d’abrutis moyens.

    Le bavardage bouche-trous est la spécialité des émissions de TF1 : des femelles stéréotypées au sourire perpétuel blatèrent infatigablement sur des sujets ineptes entre deux interminables séquences de réclames. Plus c’est vulgaire, lourd, saturé de couleurs (remarquons la richesse de coloris des chemises portées sur TF1), plus la lessive se vend.

    Dans ces émissions la pauvreté cérébrale, l’insignifiance du propos, l’indigence de l’esprit sont chaudement applaudies par un public complice qui ne demande qu’à être bêtifié. Les têtes vides des animateurs, des invités, du public résonnent dans la nuit jusque dans les chaumières les plus reculées. Et la lessive n’en finit pas de se vendre. De Paris aux confins du pays, ça rumine, beugle, chie en cadence dans les familles : TF1 pacifie les masses.
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    741 - Pour combattre l’infamie télévisuelle de TF1<o:p></o:p>


    Je m’adresse à tous les détracteurs de TF1 pour leur faire partager mes opinions et éventuellement m’allier à eux dans le but de combattre l’entreprise TF1 (par tous les moyens pourvu qu’ils ne soient pas illégaux) qui répand impunément dans la société française le venin d’une culture basée sur les jeux du cirque et la consommation insatiable de biens temporels. Et qui par des méthodes dignes des mouvements sectaires les plus ineptes tente d’introduire dans notre société traditionnellement lettrée le culte impie des lessives.
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    Je suis sorti mercredi 26 août 2004 à 16 heures d’une garde à vue qui aura duré six heures de temps. La Police Judiciaire de ma ville (le Mans) est venue mercredi 26 août 2004 à 10 heures perquisitionner chez moi au sujet d’un coup de fil que j’ai passé chez TF1 le 14 août 2004 et où mes propos ont été déformés (volontairement ou pas, je l’ignore) par la standardiste.
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    Détail d’importance : entre 12 h 45 et 14 heures j’ai eu droit à la cellule provisoire ainsi qu’au tirage de mon portrait de face et de profil avec prise de mes empreintes digitales. Cela satisfera certainement la curiosité de ceux qui s’interrogent sur la destination d’une partie de l’argent public.
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    Le 14 août 2004 j’avais effectivement appelé TF1 depuis mon téléphone fixe et sous ma véritable identité (n’ayant rien à dissimuler de mes desseins hautement revendiqués) pour menacer l’entreprise d’une manifestation certes outrancière mais toute symbolique au pied de sa tour. Manifestation informelle, précisons la chose.
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    On m’a accusé d’avoir émis des menaces plus matérielles. J’ai dû m’expliquer lors de deux auditions éprouvantes que je n’étais pas du genre à menacer de la sorte les gens, que je ne m’adonnais pas à ces pratiques immorales et illégales, moi qui ne prône ordinairement que la poésie, le rêve et l’amour… La standardiste en question soutient que j’ai prononcé les termes “BOMBE A LA GUEULE” lors de ce coup de fil, ce qui est évidemment aussi infamant que mensonger. Je n’ai pas pour habitude, en effet, de baisser mon niveau de langage pour m’adresser à des inconnues, fussent-elles simples standardistes.
    <o:p></o:p>


    L’audition prit un tour franchement clownesque lorsque l’on m’interrogea sur mes prétendues alliances avec des organisations basques terroristes ou avec d’autres groupuscules politiques extrêmes et dangereux. J’ai pu constater que la république des zélés dûment diplômés n’était pas à une arlequinade près…
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    Les pontifes de TF1, en retrouvant l’enregistrement de ce coup de fil qui était (prétendument) recherché toute la durée de ma garde à vue auront souhaité éviter le ridicule, on le comprend. Dés lors, mieux valait pour ces bandits manipulateurs de foules ne pas déclarer officiellement avoir retrouvé cet enregistrement qui me disculpait superbement, et enfonçait lamentablement TF1 dans la fange du mensonge. Il faut savoir qu’en cas de “perte inopinée” de l’enregistrement de cette conversation téléphonique, c’était ma parole contre celle de la standardiste, avec présomption d’innocence en ma faveur en l’absence de preuve. La première chaîne de télévision française ne peut tout de même pas faire illusion en permanence… Je soupçonne tout naturellement TF1 d’avoir eu intérêt à ne pas retrouver ce fameux enregistrement tournant en ridicule les hôtes de la tour du premier au dernier étage…
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    La farce policière a cessé assez tôt pour que j’en rie, et non que je m’en afflige.
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    Je n’en veux pas à la pauvre standardiste, victime j’en suis persuadé d’une excessive émotivité. Pas plus aux responsables de TF1 qui n’ont pas porté plainte contre moi. Reconnaissons au moins la magnanimité inattendue de ces proxénètes de l’esprit qui dans un autre ordre d’idée n’hésitent pas à exercer un terrorisme culturel outrancier à l’échelle nationale, et ce au nom des grandes marques de lessive.
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    742 - Télédégénérée<o:p></o:p>

    Penchons-nous sur la cérémonie des 7 d’or à la télévision. Dans ce royaume de la futilité la plus achevée, de vieilles morues de journalistes disputent le titre suprême à d’épais présentateurs porcins en mal de reconnaissance populaire.<o:p></o:p>

    De foutues femelles de présentatrices hilares et mielleuses comme des gâteaux d’anniversaire dégoisent inepties sur inepties, applaudies par des célébrités de paillettes à la cervelle déchue.<o:p></o:p>

    Désignons-les d'un index pourfendeur, ces professionnelles décaties du caquetage pénétrées de leur minuscule importance, dénonçons-les, ces petits crétins prétentieux sans plume qui se donnent des allures d’écrivains mais qui ne sont finalement que de minables, de vulgaires présentateurs d’émissions de télévision, raillons-les, ces arrivistes plébéiens, petits journalistes et autres oiseaux sans envergure, sans talent, sans intérêt, sans consistance...<o:p></o:p>

    Tous de pauvres “ramollisseurs” patentés de cerveaux, héros des masses populacières, égéries de tous les minus habens que compte notre pays d’abrutis passant leurs soirées devant la télévision.<o:p></o:p>

    743 - Écran plat

    Si la télévision de TF1 est le reflet fidèle d’un des nombreux aspects de notre société contemporaine, je peux en déduire que nous vivons dans un monde d’abrutis finis où les journalistes qui nous montrent régulièrement leur belle dentition ne sont que des pauvres types, des ratés, des minables en cravate aux mains pleines de sucre à gaver les masses et de mélasse “ketchupisée” destinée à oindre le front plastifié de nos nouveaux-nés, où règnent partout des mangeurs insatiables aux ventres pleins et aux esprits vides dont les âmes sont depuis longtemps corrompues par le beurre de cacahouète et les jeux du cirque. <o:p></o:p>

    Dans ce monde l’ignorance, la vulgarité, l’excrément liquéfié, l’urine issue des asperges, le toc, la bêtise et l’avilissement sont des valeurs sûres. <o:p></o:p>

    Dans ce monde les femmes sont devenues des pondeuses de germes humains dûment “markrétinisés”, les mères de petits singes sans poil d’une nouvelle humanité qui se résume de plus en plus à de la chair à canon tendre, imperturbablement hilare, pour les marchands de lessives, de sièges de WC, de boîtes de conserve. <o:p></o:p>

    Dans cet univers tragique et irresponsable ces femmes sont toutes invariablement heureuses et se laissent volontiers décerveler, “désovairiser”, désodoriser jusqu’au dernier degré par des hommes non moins idiots, dûment écouillés quant à eux. Dans ce monde que me montre la télévision de TF1, l’humanité est certes déchue mais elle garde un sourire à toute épreuve. <o:p></o:p>

    A travers l’écran de télévision la société n’est qu’un énorme, monstrueux, insatiable conduit digestif, les écoles, les médias, les publicités, les productions artistiques ne sont qu’un interminable écoulement anal. Au bout de cette ouverture infâme, pestilentielle, épouvantable, une bouche géante s’ouvre, prête à recevoir sa fange quotidienne. <o:p></o:p>

    Cette gueule ouverte grande comme le monde, c’est celle des millions de petits vers de terre humains qui avalent avec délectation et dans des applaudissements assourdissants les fruits odieux de leurs propres digestions. Ainsi la boucle est bouclée. On ne sort pas ainsi d’un tel cercle d’initiés. <o:p></o:p>

    Bienvenue chez TF1, Disneyland merveilleux pour castrés de l’esprit.<o:p></o:p>

    744 - Farrebique face à TF1<o:p></o:p>

    Après avoir vu en cassette à la bibliothèque de ma ville “Farrebique”, chef-d’oeuvre de poésie pastorale tourné en 1946, je me demande comment les proxénètes de TF1 peuvent continuer à diffuser impunément à l’adresse de leurs troupeaux dénaturés (pudiquement nommés “téléspectateurs”) des films américains imprégnés de vulgarité, imbibés de violence, trempés de vices, complètement vides de sens, aux antipodes de la beauté, de la délicatesse, de la bienséance, de la poésie…<o:p></o:p>

    Après avoir vu “Farrebique”, je crache souverainement sur la tête des maquereaux de TF1, je les juge du haut de mon socle incorruptible, j’écrase ces vers de mes fers comme la charrue pulvérise le chiendent ! De mon talon de bois j’ensevelis leur face de prédateur dans la boue où ils veulent nous faire patauger, je brise contre le roc de la poésie leurs crocs de loup, et je les piétine encore, profondément. Je les châtie de ma semelle rédemptrice, j’étouffe bibliquement leur langue de serpent, martèle leur front de mes coups de sabot afin d’y ensemencer avec douleur quelque graine de vertu. <o:p></o:p>

    Leur crâne est dur, mais le diamant de la Beauté l’est plus encore.<o:p></o:p>

    745 - Rimbaud à l’examen<o:p></o:p>


    (Critique argumentée de la présentation par Jacques Rivière et Verlaine des "ILLUMINATIONS" de RIMBAUD ou procès des exégètes rimbaldiens.)
    <o:p></o:p>


    Voici ce qu’un spécialiste de RIMBAUD a pondu sur ce plaisantin de Charleville, discours applicable à n’importe quel texte "charabiatisant" :
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    "Ces poèmes sont complètement dépourvus d’égards, c’est à dire qu’en aucun point ils ne s’inclinent, ils ne se dérangent vers nous. Aucun effort pour faire passer dans notre esprit les spectacles qu’ils recèlent ; ils sont écrits au mépris de toute sociabilité ; ils sont le contraire même de la conversation. On y sent quelque chose de fidèle à on ne sait quoi. Ce sont des témoins. Ils sont disposés comme des bornes qui auraient servi à quelque repérage astronomique. Il faut prendre le petit livre des Illuminations comme un carnet échappé de la poche d’un savant et qu’on trouverait plein de notations mystérieuses sur un ordre de phénomènes inconnus. Nous n’étions pas là. Nous passons par hasard. Nous ramassons ces reliques inestimables qui ne nous étaient pas destinées." (Jacques Rivière)
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     <o:p></o:p>

    Il suffit qu’un recueil de baragouinages soit signé "RIMBAUD" pour que d’éminents spécialistes se persuadent de sa très haute valeur littéraire. L’auto-suggestion fonctionne à merveille. N’ayant rien à dire sur le fond, ils rédigent d’élogieuses pirouettes contribuant à donner encore plus de lustre aux "pages immortelles" qui décidément, ne les inspirent pas plus que ça... Au vide rimbaldien ils répondent par le vide de l’exégète. Remarquons que l’auteur Jacques Rivière s’en sort ici assez grossièrement. Il ne dit rien, n’éclaire pas, ne sait rien lui-même sur le texte de Rimbaud. Il se contente de justifier les vers rimbaldiens par des phrases oiseuses qui en disent long sur son habileté à retourner les situations les plus improbables. Ou l’art d’interpréter un texte absurde pour en faire un phénomène littéraire... Admirons ce déploiement de vent au sujet de Rimbaud.<o:p></o:p>


    Verlaine quant à lui n’est pas plus inspiré, cautionnant la sottise de son ami en ces mots immortels :

     <o:p></o:p>

    « Le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures coloriées, - colored plates : c’est même le sous-titre que M. Rimbaud avait donné à son manuscrit. Comme on va voir, celui-ci se compose de courtes pièces, prose exquise ou vers délicieusement faux exprès. D’idée principale il n’y en a ou du moins nous n’y en trouvons pas. De la joie évidente d’être un grand poète, tels paysages féeriques, d’adorables vagues amours esquissées et la plus haute ambition (arrivée) de style : tel est le résumé que nous croyons pouvoir oser donner de l’ouvrage ci-après. Au lecteur d’admirer en détail. » (Verlaine)<o:p></o:p>


    On n’en saura pas plus. Verlaine nous demande de lire, d’admirer... Certes. Suivre ce sage conseil suffira-t-il pour emporter l’adhésion des beaux esprits ? Je rétorquerai à Monsieur Verlaine qu’il ne suffit pas de nous proposer d’admirer, encore faut-il que nous les recevions en plein coeur ces fameux mots rimbaldiens, et non pas que nous les adoptions sottement les yeux fermés, ébranlés que nous serions par tant de subtilités poétiques, insaisissables pour les non initiés... Comment un auteur comme Verlaine peut-il se fourvoyer à ce point, se ridiculiser de la sorte, s’exposer avec une telle légèreté au jugement des générations futures de plus en plus aptes à la critique ? Votre statut de grand poète ne vous garantit pas de vos propres âneries, Monsieur Verlaine !
    <o:p></o:p>


    Notons le trouble de Verlaine quand, prudent dans la sottise, il précise : "tel est le résumé que nous croyons pouvoir oser donner de l’ouvrage ci-après". Il se ménage tout de même une commode issue. On ne sait jamais, des fois qu’on se serait trompé sur ce prétendu génie nommé Rimbaud... Sot mais avisé, Verlaine !
    <o:p></o:p>


    Ces deux exemples pris au hasard suffiront-ils pour commencer à semer le doute chez mes détracteurs quant à la vanité des textes sibyllins du sieur Rimbaud ? La mauvaise foi il est vrai aveugle plus durablement les faux envoûtés amoureux des arabesques verbales de Rimbaud que la vérité qui, se révélant dans un seul éclair, éblouit les vrais initiés une seule seconde, ce qui a le don de leur redonner la vue pour la vie entière...
    <o:p></o:p>


    C’est que l’illumination, la vraie, est fugitive. Et la bêtise profonde comme les puits d’ignorance.
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     <o:p></o:p>

    746 - La balle<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Le bonheur semble parfait dans le parc, sous la lumière de juin.<o:p></o:p>


    Un cygne glisse sur l'onde, des enfants pleurent, d'autres rient, un mendiant devise seul, des amoureux s'étreignent sur les bancs, quelques laiderons légèrement vêtus musardent dans les allées.
    <o:p></o:p>

    Mais là-bas sur la pelouse au pied d'un grand arbre un vieillard agonise à l'insu de tous. A le voir, il dort. En réalité il est en train de rendre l'âme. Ses soupirs rasent l'herbe, ne faisant même pas dévier l'aile du papillon. A vrai dire seules les mouches dansent au-dessus de la face immobile du moribond, attirées par l'odeur du sucre : un reste de confiture séchée lui fait une moustache couleur sang sur la lèvre supérieure.

    Un ballon s'égare jusqu'au gisant, rebondit sur son crâne inerte pour venir se loger sous son aisselle. Le presque cadavre esquisse un imperceptible mouvement au contact de la balle. Le bambin ignorant tout du sort funeste des êtres réclame son joujou à l'octogénaire étendu dont les paupières ne daignent pas bouger d'un cil devant les suppliques de l'enfant.
    <o:p></o:p>

    Quatre-vingts années se sont écoulées depuis cette scène. L'enfant au ballon a aujourd'hui quatre-vingt-sept ans. Il prend le soleil dans un parc, le même que celui de son enfance. Endormi dans son fauteuil roulant électrique, il ne sent pas la balle rebondir sur sa tempe, tomber sur le sol, rebondir encore pour finir sa course sur ses genoux. Sa lèvre supérieure barrée par une trace brune a attiré une abeille en quête de nectar. Une boîte vide de coca-cola gît par terre. <o:p></o:p>


    L'enfant s'approche du retraité assoupi.
    <o:p></o:p>


    Il reprend sa balle délicatement et repart sur la pointe des pieds, de crainte de le réveiller.

    Mais l'invalide jamais ne se réveillera.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    747 - La beauté est un silex

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    J'aime me brûler au contact de la beauté. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L'éclat vénéneux de certaines femelles désarme le sybarite que je suis. Je perds pied sous leurs regards cinglants et leurs sourires de crotales sont un onguent mortel et exquis qui me déplume : ma lyre chaste se transforme en trompette de feu... Leurs paroles douces claquent comme des talons, leurs yeux sont des diamants opaques, leurs lignes rappellent les courbes du serpent. De leurs lèvres minces sortent des vérités féroces : leur langue ressemble à des badines qui sifflent dans l'air. Hautaines et vulnérables, ces petites pestes à la voix aiguë sont en réalité des tempêtes cachées capables d'ébranler tout esthète de mon envergure. De toutes petites choses qui détiennent le plus grand pouvoir au monde. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Et qui le savent.<o:p></o:p>

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    Ces femmes comme des flammes me séduisent, me ravissent, m'effraient. Venimeuse, terrible, dure et cassante à l'image du cristal, l'esthétique incarnation est mon plus cher enfer.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Sveltes, menues, redoutables, les femmes désirables sont le poison vital de l'homme de goût. Leur beauté acérée me tourmente, me caresse et me gifle, me vide de mes mots et me remplit de voluptueuse colère.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La beauté qui joue de ses toxines procède d'un principe supérieur : c'est grâce à ses effets que se perpétue le bel esprit. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    De la toxicité des charmes de la créature tentatrice dépend la qualité de la descendance de l'homme de goût qui lui aura déchiré l'hymen. 

    748 – La femme du mort<o:p></o:p>

    La veuve était magnifique.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Son regard posé sur le cercueil conférait à son visage un charme mélancolique qu'on ne lui connaissait guère. L'éplorée sur le défunt avait le chagrin sincère mais lucide : c'était la fin de son époux certes, mais non la fin du monde. Et puis, ne soupçonnait-elle point un royaume d'éternité pour le gisant, lui qui fut si droit en affaires, si loyal avec la religion ?<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Le mari inhumé, son sort était entendu. Quant à elle, il lui fallait songer aux lendemains.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    C'est là que j'intervins.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    - Madame, vous étiez radieuse aux funérailles. Je vous offre et ma fortune et ma renommée. Je suis le conte de Hauteterre, connu pour mes qualités artistiques, esthétiques, verveuses et, accessoirement, en tant que plume de choix. Acordez-moi votre main, et ma gloire sera aussi la vôtre. Et si par malheur vous trépassez avant moi, je vous composerai une ode et la ferai chanter par un barde car je chante faux. Mais si vous me survivez, vous vous consolerez de votre solitude par une existence remplie de mon souvenir éclatant.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Je reçus sa main.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Les médisants penseront qu'elle la destina à ma joue... <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Erreur ! La belle -qui avait un reste de beau sang- fut sensible à mes arguments hautains, sa fibre aristocratique réveillée par le son aigu de ma lyre...<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    A ce jour elle vit toujours, et moi aussi grâce à Dieu. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Notre bonheur ostentatoire en ennuie plus d'un dans notre cercle d'amis, et nous comptons fleurir durant de nombreuses années encore la sépulture de celui qui me précéda dans l'hymen de ma légitime épouse.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    749 - Le travail sarkozien, l'allié des masses bêlantes<o:p></o:p>


    Sarkozi veut rétablir et récompenser la "valeur travail" comme référence absolue dans la société française actuellement sous son régime, critère de vertu individuelle et collective, mais aussi plus traditionnellement, il est vrai, gage de bon fonctionnement de l'économie. Soit. Pourquoi pas ? Il faut bien de toute façon jeter les bases d'un système donné, celles-là ou d'autres... Le modèle sarkozien est une conception honorable de la bonne marche de la société.


    A quelques aberrations près.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Comme si la pénibilité du travail était une valeur en soi et devait être respectée et rétribuée pour ce qu'elle est, indépendamment des bénéfices objectifs que produit cette pénibilité...<o:p></o:p>


    On peut fort bien se lever tôt, travailler dur et longtemps sur un projet parfaitement inutile à la communauté humaine et inversement se lever tard, travailler peu pour produire d'excellents fruits utiles à la société...
    <o:p></o:p>


    Selon ces nouvelles normes sarkoziennes un jardinier qui se lèvera tôt pour trimer dur mais finalement ne produire que des légumes de mauvaise qualité devrait être plus récompensé qu'un jardinier qui se lèvera à midi et s'épanouira dans son travail, le vivant comme un jeu et non comme une corvée professionnelle pour en fin de compte faire pousser d'excellents produits ?
    <o:p></o:p>


    L'essentiel, est-ce vraiment la sueur fournie par l'ouvrier lors de son labeur, le nombre d'heures passées courbées vers le sol à le cultiver, le fait que le travailleur se lève tôt, qu'il se prive, qu'il fasse preuve de courage, de sobriété, d'humilité dans son travail ou bien n'est-ce pas plutôt la qualité des fruits qu'il produit, indépendamment des conditions dans lesquelles il les aura produits ?
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    De même selon ces nouveaux critères un travailleur sobre et courageux qui s'échinera 12 heures par jour à repeindre les routes de France en rose ou à former des élèves astrologues-voyants devrait être plus considéré qu'un travailleur modéré qui fera pousser des patates de qualité supérieure ? En d'autres termes n'est-ce pas plutôt la qualité, l'utilité, la noblesse des fruits du travail qui devraient être récompensées et non pas la masse musculaire ou le nombre de neurones mis bêtement en action tant d'heures par jour ?<o:p></o:p>


    Travailler certes. Mais travailler pour être utile objectivement, effectivement, et non pour asseoir une légitimité de citoyen dont la vertu principale consisterait en sa capacité à se lever tôt pour aller mêler sa sueur à celle de ses semblables dans les grandes étables humaines de l'industrie de l'inutile.
    <o:p></o:p>


    En somme Sarkozi aimerait que chacun tire sa fierté non pas de sa réelle utilité pour soi-même, sa famille ou la collectivité mais d'une vitrine d'honorabilité que conférerait l'exercice en soi du travail rémunéré. C'est oublier que l'on peut être utile, indispensable à autrui sans nécessairement passer par le travail. De même, on peut être totalement inutile, voire nuisible aux autres tout en travaillant comme un nègre... Le plus bel exemple de cette infamie se trouve chez les travailleurs qui transpirent dans les usines d'armement militaire, courageux maillons rémunérés de l'industrie de mort et de destruction.
    <o:p></o:p>


    Comme si le fait de se consacrer à autre chose qu'au travail rémunéré était nécessairement un signe d'inutilité, une preuve de déchéance, une dévalorisation du citoyen... Ce que craint Sarkozi, ne serait-ce pas plutôt le danger que représente pour le système actuel (que je qualifierais de "pensée tout-économique") l'inactivité professionnelle, source de prétendue oisiveté débouchant en fait sur la très subversive et très anti-sarkozienne REFLEXION du citoyen ?
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    750 - Abattoirs : lettre à Sarkozi<o:p></o:p>


    Monsieur le Président de la République,


    J’attire votre attention sur le sort cruel réservé aux animaux de boucherie au sein de nos abattoirs. Les conditions d’abattage de ces animaux sont indignes de notre société moderne traditionnellement soucieuse d’humanité et de plus en plus éprise d’idéaux à caractère universel.


    Il n’est pas rare que ces abattages soient accompagnés de maltraitances inouïes de la part du personnel insensibilisé à la souffrance du bétail dont il a la charge.


    Allant de la simple décharge électrique réglementaire à la brutalité gratuite pure et simple en passant par l’horreur indicible dans les cas où, affolés, incontrôlables, certains d'entre eux sont victimes d’accidents ou de négligences lors de leurs transfert et parcage dans le processus d’abattage, les conditions épouvantables auxquelles sont soumis ces animaux ne sont plus acceptables aujourd’hui.


    L’atroce n’est pas compatible avec nos critères humanistes. Le citoyen français de 2007 ne peut plus s’accommoder de l’abomination, d’autant qu’elle s’exprime de manière flagrante, sanglante, assourdissante derrière les murs de nos abattoirs.


    Nul n’ignore que les mammifères -mais également les oiseaux- sont des êtres doués de sensibilité et par conséquent réceptifs au stress, à la peur, à la souffrance, et particulièrement l’espèce porcine. Prendre en considération cette donnée essentielle devrait faire partie des priorités lors de l’abattage des animaux de boucherie.


    Tout citoyen responsable se sentant concerné par les grandes questions de son époque ne peut que réagir face au scandale des abattoirs.


    Au nom de tous ceux qui en France n’acceptent plus la barbarie exercée envers la gent animale, citoyens de plus en plus nombreux révoltés par les méthodes inhumaines d’une industrie implacable (certes extrêmement respectueuse des normes d’hygiène, très professionnelle quant aux techniques employées mais parfaitement inattentive, voire franchement abjecte sur le plan humain) je souhaite, Monsieur le président, que le gouvernement prenne ses responsabilités.


    Il est urgent que les conditions de transfert et d’abattage des animaux de boucherie soient réglementées selon des critères plus stricts que ceux actuellement en vigueur, dans le sens du respect de l’animal et, sinon de l’assurance de son bien être, du moins de la garantie qu’il ne sera plus exposé à des souffrances aussi inutiles qu’odieuses. Bref, assurer sa protection absolue contre les maltraitances ignobles dont il est victime depuis trop longtemps dans le contexte que j’ai évoqué. Cela, avec la certitude que l’application de ces normes « animalitaires » soit soumise à des contrôles sévères et réguliers.


    Je vous prie de croire, Monsieur le président, à ma parfaite considération.

     <o:p></o:p>

    751 - La magistrature<o:p></o:p>


    L'actualité nous montre fréquemment les aberrations de notre système judiciaire, plus particulièrement le manque de dignité, de pénétration, d'humanité de ceux qui exercent la fonction de magistrat.


    Attention, je n'affirme pas que tous les magistrats sont d'odieux imbéciles qui déshonorent la fonction. Il y a dans le corps de la magistrature un nombre important d'hommes pétris d'humanité, authentiquement justes, patients, humbles, consciencieux, soucieux d'autrui, voire magnanimes. Hélas ! Un nombre semble-t-il tout aussi important de juges incapables et vaniteux à l'esprit étriqué instruisent des dossiers graves dans lesquels la liberté d'innocents est mise en jeu...


    La première des choses que l'on est en droit d'exiger de la part d'un juge qui d'une signature peut envoyer un citoyen sous les verrous, c'est qu'il possède de grandes qualités humaines, prenne le temps d'écouter, soit capable de ressentir la souffrance de son prochain. Bref, qu'il fasse preuve d'humilité, de compassion, de scrupule. Or chez un certain nombre de théoriciens de la loi sans hauteur, purs légalistes pressés de monter en grade, les plus basses motivations les ont placés sur leur trône indu : assise sociale, éclat de la fonction, succès dans leur cercle mondain, revanche sur leur destin familial ou leur origine sociale...


    Rien que la vanité ! Sans omettre l'aspect lucratif de leur situation.


    Plus sensibles aux honneurs, à leur avancement, à leur salaire revu à la hausse qu'au sort des citoyens-pantins (parfois sans défense psychologique ou intellectuelle) broyés entre leurs mains, ces bandits sous hermine ont trouvé dans les textes de la loi de quoi se tailler une place en or dans la société.


    Une place dans l'ignominie des gens bien vêtus.


    La gloire et la gloire seule motive ces opportunistes haut placés. Orgueilleux à l'extrême, bêtes, vicieux, ces juges insolents refusent de reconnaître leurs erreurs. L'orgueil constituant leur inébranlable pilier, la soif de succès leur plus chère alliée, il leur est intolérable de regarder la vérité en face.


    La vérité qu'ils sont censés faire triompher envers et contre tout, ils préfèrent la couvrir d'un voile de pudeur professionnelle et faire éclater à la place leur révoltante bêtise.

    C'est que leur ascension sociale est incompatible avec la conscience... Ces businessmen du code civil n'ont pas de temps à perdre avec la vérité : l'iniquité est plus efficace et gratifiante pour leur carrière.


    Honte à ces magistrats coupables, mais honte également à notre système faussement égalitaire et en réalité pervers qui permet de placer des gens malfaisants aux sommets d'une institution aussi noble que la Justice !

    752 - Les mystères de l’infortune<o:p></o:p>

    J'ai remarqué que certains êtres tout au long de leur existence étaient malmenés par le sort. <o:p></o:p>

    Malchanceux-nés, ces "damnés à durée déterminée" nous offrent le spectacle navrant -et drôle pourtant- de leur vie vouée à l'échec, à la misère, à la souffrance.<o:p></o:p>

    De la naissance à la mort ces gens semblent attirer à eux les malheurs les plus divers, des plus insignifiants aux plus tragiques. Combien de ces tristes cas ai-je déjà rencontré ? Ils se ressemblent à peu près tous : abandonnés dès leurs premiers jours, élevés par l'Assistance Publique, on dirait que dès leur venue au monde ils signent un pacte avec l'Adversité à partir duquel leur vie ne sera qu'une succession de tragédies, de douleurs, d'épreuves insurmontables. Comme si l'enfer les avait désigné pour cible. <o:p></o:p>

    Quel étrange démon les poursuit ainsi ? <o:p></o:p>

    Expient-ils pour des fautes graves commises en autre autre vie ? Ou bien au contraire sont-ils les jouets innocents de forces maléfiques ? Toujours est-il que quoi qu'on fasse pour les aider, les soustraire à leur sort, inévitablement ils retombent dans leur fosse à misères, définitivement mariés au malheur. On dirait qu'ils ne sont sur terre que pour pleurer, recevoir coups et blessures, déceptions, punitions.<o:p></o:p>

    Sinistre et comique répétition de grandes et petites douleurs... Porteurs de destins maudits, proies du hasard (funeste autant que possible), ces éternelles victimes m'étonnent toujours. La foudre tombe-t-elle en un lieu ? C'est leur tête qu'elle frappera, qu'ils soient dans le désert ou dans une foule. Vous pourrez placer un paratonnerre sur leur toit -quand ils en ont un-, le feu du ciel roussira leur front. Vous aurez beau les mettre à l'abri de toutes chutes ou accidents imaginables, le sort leur en inventera des bien tordus, des bien féroces, des inattendus, des inédits... On en rit tellement c'est tragique, répétitif, anormal.<o:p></o:p>

    On se dit qu'ils doivent le mériter pour être aussi persécutés, harcelés par les événements...

    Ces gens pour moi sont un mystère. Ils traînent leur cancer incurable depuis des années -ou quelque maladie invalidante rarissime-, ne parviennent jamais à toucher leurs allocations de grands accidentés auxquelles ils ont pourtant droit (avec eux ça ne marche jamais, l'administration envers eux bloque toujours), se font cambrioler le peu de biens qu'ils possèdent, pour des raisons compliquées n'obtiennent aucun remboursement pour leur maison qui a brûlé alors qu'ils étaient dûment assurés, se font escroquer comme des naïfs par des banquiers, vont en prison pour des crimes qu'ils n'ont pas commis, en ressortent sans indemnité, trouvent encore le moyen de s'endetter avec des amendes pour mauvais stationnement alors qu'ils ne possèdent pas d'automobile (ni d'ailleurs de permis, ayant échoué à toutes les épreuves et examens, quand ils ont eu l'occasion de tenter leur "chance") vu qu'ils marchent avec des béquilles depuis des lustres... Etc. Etc...
    <o:p></o:p>

    L'accumulation de toutes ces calamités paradoxalement leur donne une force spirituelle proportionnelle à leur infortune. Désabusés, meurtris, déchirés corps et âme mais pleins d'espoir et d'humanité, conscients de leur malédiction et cependant inébranlables dans leur foi en un monde meilleur, ces hères foncent sans frémir vers la mort avec leurs haillons, certes persuadés de rendre l'âme dans d'affreux râles d'agonie, leur centième et dernier malheur, mais heureux de quitter cette terre de misères pour un Ciel cent fois mérité.<o:p></o:p>

    753 - Le poison de la publicité<o:p></o:p>

    La publicité omniprésente dans notre société d'opulence prend des formes de plus en plus vulgaires…<o:p></o:p>

    Agressive, lourde, laide, elle viole les esprits les plus faibles. Autant dire la majorité des citoyens. A travers les spots télévisés et les affiches publiques, les "héros" mis en scène censés incarner le consommateur moyen sont en fait les parfaits archétypes de ce qu'on pourrait appeler les minables, les pauvres types, les abrutis. Qui s'en rend compte ? Certainement pas les intéressés... <o:p></o:p>

    Le consommateur de base s'identifie ainsi à ces modèles d'inepties, heureux d'être "reconnu" dans sa misère, son insignifiance, son vide. La publicité édifie des autels à sa bêtise, glorifie sa docilité, cultive sa stérile avidité, flatte son goût pour la médiocrité. L'âne bipède, enivré par ces carottes agitées sous son nez ne songe plus qu'à se vautrer dans l'ornière.<o:p></o:p>

    Authentique pornographie culturelle, véritable obscénité esthétique, les boîtes de conserve, les aliments pour chiens et les paquets de lessives s'étalent en gros plans, impudiques, aux coins de nos rues, sur nos frontons, jusqu'au fond de nos consciences.

    Les minus affectionnent la bassesse. Ils appellent "liberté d'expression" les oeuvres insanes de ces odieux publicistes. Dans leur paresse intellectuelle savamment entretenue par ces publicistes qui les manipulent de la naissance à la mort, ils confondent la tolérance avec la criminelle bêtise consistant à accepter cette atteinte à la beauté, à l'intelligence, à la noblesse que représente la publicité... Les fabricants de rêves frelatés leur proposent de la bouillie pour bébés jusqu'aux services mortuaires, et entre les deux ils les font bêler au maximum de manière à pouvoir les gaver de bagnoles, de saucissons, de pots de fleurs...
    <o:p></o:p>

    "Braillez, chiez, mourez, on vous fournira les couches-culottes, le torchecul, le cercueil. Payez, on s'occupe de tout !", tel est le message de la publicité.<o:p></o:p>

    Aux minables la publicité propose vraiment tout et n'importe quoi pour les accompagner tout au long de leur existence : le réceptacle à excréments pour leurs bambins, la charcuterie pur porc qui les rendra heureux jusqu'au fond de leurs artères, le papier-toilette ultra-absorbant pour rafraîchir tout anus digne de ce nom...

    Et pour finir en beauté, les publicistes proposent même du marbre bon marché pour le jour où ces crétins de vivants sortiront du circuit des consommateurs !
    <o:p></o:p>

    Et tout cela en gros plans sur les affiches géantes.<o:p></o:p>

    La publicité est décidément la pire arme de destruction massive de l'intelligence.<o:p></o:p>

    754 – Le talent<o:p></o:p>

    Le talent est peu de chose. Le talent est mince. Le talent est étouffant. C'est un bois sec : il se casse, on le brûle, il s'évapore.<o:p></o:p>

    Le talent est une fumée qui sort des cheminées à mirages, un souffle bref qui fait siffler les moulins à vent, une vapeur qui fait résonner les violons creux, une bagatelle qui fait chanter les imbéciles, un costume amidonné qui fait braire l'Académie.

    La tare se distingue avantageusement du talent par son caractère universel, sage, serein. Humble, accessible, répandue, la tare est un air rafraîchissant qui met tout le monde d'accord. Si tare et talent élisent leurs sujets à la naissance, à l'heure de la mort seule la tare n'oublie personne en se rappelant à tous les autres, tarés et talentueux. Le talent est fait pour certains vivants et la tare pour tous les morts car enfin gésir c'est non seulement être définitivement privé de talent, mais encore plein de tares étant donné que nul n'a jamais vu un poète talentueux continuer à chanter une fois trépassé.... Dans les cimetières la parole est aux muets, par définition tarés.
    <o:p></o:p>

    Le talent est royal, traître, passager. La tare est républicaine, honnête, durable.<o:p></o:p>

    Le talent est funeste, la tare salutaire. L'un est un venin, l'autre une eau claire. Le premier prend racine chez la corneille, la seconde est issue de la foule des menus moineaux. Le talent jaillit comme une fontaine, c'est un monstre haut-perché enchaîné à ses bois hautains et qui croasse entre ses propres branches tout en s'attardant dans les ténébreuses profondeurs où plongent ses orteils, les plumes engluées dans du fromage qui pue... Tandis que la tare est telle une délicieuse tarte à la crème reçue en pleine poire. Le talent est une prison étroite de pierres où court et croît sur les murs le mot "LIERRE" qui à force de grandir devient molle liane autour de laquelle le plus rusé des renards finit par se prendre la queue, alors que la tare est une volière sans mesure où s'ébattent les oiseaux heureux de lustrer leurs courtes ailes.<o:p></o:p>

    Le talent est bourré d'artifices, la tare riche de sa graisse.<o:p></o:p>

    Le talent fait cligner les étoiles, alors que la tare ouvre les yeux aux hommes.<o:p></o:p>

    755 - Le discours autour de l'art<o:p></o:p>


    Le discours sur l'Art est en grande partie composé d'approximations oiseuses. De prétendues références historiques. De considérations générales ou au contraire extrêmement pointues. Bref, un ramdam érudit parfaitement arbitraire mais authentiquement verbeux plus ou moins consciemment fait pour impressionner le profane et suggérer une initiation au vaniteux.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Moi-même je me suis essayé à maintes reprises aux discours traitant de l'art. Textes aux apparences sérieuses faits de doctes allusions, construits sur de savantes fumées, tissés de phrases creuses tonnant comme des mirages pleins d'autorité conventionnelle, voire avant-gardiste... On l'aura compris, ce genre n'est qu'imposture. Le plus fort, c'est que ça marche !<o:p></o:p>


    Nul ne comprend rien ou presque, tous acquiescent. Personne au fond de lui-même n'est d'accord avec le critique d'art, et pourtant même l'esprit le plus indépendant adhère. C'est que dans le domaine de l'Art officiel le poids de l'autorité des "initiés" est si grand, l'impact psychologique de l'artifice verbal si puissant qu'ils annihilent tout esprit critique.
    <o:p></o:p>


    On a applaudi à mes textes sur l'Art, ce n'était pourtant que de purs exercices de style à la "Christie's". Il suffit de lire les brochures distribuées dans les galeries d'Art pour se rendre compte de la grande farce académique que constitue la critique d'Art. Personne n'ose contredire ces solennelles âneries écrites autour de la plupart des oeuvres d'art. Il y a beaucoup de vent dans la critique d'Art, peu de propos réellement pertinent, et c'est d'ailleurs ainsi que le système fonctionne : une bonne dose d'imposture (faite d'hypocrisie culturelle, d'effets linguistiques brillants et d'artifices phraséologiques recherchés) est nécessaire à l'élaboration du mythe des oeuvres d'art.
    <o:p></o:p>


    Certaines oeuvres d'art parmi les plus vides doivent d'ailleurs leur célébrité à tous les discours creux inventés pour leur servir de projecteurs. Discours longs, denses, difficiles d'accès émis par d'éminents clowns diplômés des grandes écoles des Beaux-Arts. Le vent est la composante la plus importante dans le domaine de l'Art. L'on s'extasie sur des pots de chambre, sur des toiles couvertes d'un blanc uniforme, sur des tableaux peints avec de l'excrément, sur des sculptures prétendument abstraites et qui en fait représentent le vide difforme et monstrueusement boursouflé de leurs auteurs...
    <o:p></o:p>


    Qui aujourd'hui est encore capable de se dresser contre ces statues de sable qui éblouissent autant les imbéciles que les esthètes ?
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     <o:p></o:p>

    756 - Les mâles honnêtes<o:p></o:p>

    Le NET est le terrain d'action privilégié des marchands d'illusions et d'amour frelaté pour mâles esseulés de tous horizons. Ainsi l'imbécillité de ces hères en quête de femelles stéréotypées est largement exploitée par les profiteurs en ligne très bien organisés. Ces derniers, sans la coupable et active complicité de tous les mâles crédules de la toile à qui ils s'adressent, ne pourraient pas prospérer comme ils le font. La sottise des hommes excités en quête "d'amour" est bien évidemment la clé du succès de tous ces vendeurs de mirages.

    Comment un homme normal, raisonnable, sensé peut-il devenir subitement crétin au point de s'inscrire -moyennant finance- chez MEETIC et autres sites de rencontres du même genre ? Soit-dit en passant, sites dit "génériques" formatés à l'image de TF1 dans le but de ratisser large.

    Dans la rue des panneaux publicitaires vantent les mérites de MEETIC en montrant la photo d'une femelle (très sûre d'elle et semblant sortir tout droit d'un concours de mannequinat) censée tomber potentiellement dans les bras de ces mâles insignifiants qui s'inscriront sur le site...

    Des ficelles aussi énormes parviennent donc à tromper des gens à priori structurés, à duper des êtres pensants, à anéantir le sens critique de citoyens responsables ?

    Des hommes sans imagination sont ainsi persuadés que grâce à MEETIC leur petite personnalité, leurs aspirations minables, leur calvitie fièrement assumée, leur paresse cérébrale, leur misère sexuelle et leur indigence amoureuse intéresseront des jeunes femmes de grande classe, exigeantes et superbes... Et ils s'inscrivent. Et ils payent.

    Et ils trouvent cela normal.

    Les seuls vrais gagnants sont les responsables de ces célèbres et honorables sites de rencontres ayant "pignon sur WEB" comme MEETIC, la référence en matière d'exploitation de la bêtise du mâle moyen.

    En s'adressant à des mâles communs, au tout venant du sexe fort, à des hommes de la rue gavés de stéréotypes sur la relation amoureuse, à la réflexion sommaire et peu exigeants quant à la manière de se faire séduire par les publicistes, enclins à se faire plumer pourvu que cela se fasse avec le soutien de grands panneaux publicitaires très officiels, publics, reconnus, ces nouveaux entremetteurs industriels -véritables brasseurs de masses et de vent- ont trouvé un filon à grande échelle, LE filon inépuisable par excellence : la bêtise masculine.
    <o:p></o:p>

    757 - Le baiser de la lune<o:p></o:p>

    La lune me tira du lit. <o:p></o:p>

    Dans mon sommeil agité, je ne cessai de lui jeter des regards troubles. Il fallait bien que je succombe... C'était l'été, je fus bientôt sous les étoiles en pleine campagne, ahuri. Je m'égarai vers la sylve. Quelque volatile de nuit frôla ma tempe, mais je ne vis rien dans la nue. Rêveur, j'imaginai alors la caresse triste de Séléné sur mon front. Tout en songeant de la sorte, j'errais vers les bois. Autour de moi, un grand silence. Et moi, hagard, hanté par une présence astrale irradiante, douce et vénéneuse, je cheminais le regard divaguant entre sol et zénith, le pas alangui.<o:p></o:p>

    Étendant dans les airs son grand voile d'éther, le spectre semblait projeter sur le monde ses songes silencieux et blafards. L'ordre cosmique s'ébranla dans ma raison ensorcelée par l'astre : je me demandai si je ne faisais pas partie des fantasmes sidéraux imaginés par ce globe luisant... Dans mon demi sommeil je le crus un instant. Tel une silhouette née des rêves de la lune, un pantin d'ombre et de nuée issu de ce crâne argenté errant au firmament, j'eus l'impression d'appartenir à cette tête pâle glissant dans l'empyrée... <o:p></o:p>

    Puis, dans un grand vertige où je vis tournoyer les constellations, je perdis connaissance. Ou plutôt je m'endormis d'un sommeil brutal et étrange. Je me réveillai avant l'aube, frissonnant parmi les herbes imprégnées de rosée. <o:p></o:p>

    Machinalement je passai la main sur mon front engourdi. J'eus la sensation d'y essuyer un sang funeste ou quelque écume mystérieuse. Retournant ma main d'un geste fébrile, je vérifiai.<o:p></o:p>

    Une cendre dorée fit luire ma paume, furtivement, avant de se désagréger quasi instantanément en des milliers de particules étincelantes.<o:p></o:p>

    758 - Le journalisme sans envergure<o:p></o:p>

    Le paradoxe de la caméra médiatique consiste à mettre un cache imbécile sur l'objectif, à consciencieusement dissimuler ce qu'elle est censée montrer.<o:p></o:p>

    Ainsi à la télévision cette pratique réglementaire, quasi systématique du floutage des enfants, des marques, des témoins et même de certains passants est révélatrice de l'état de total abrutissement de notre société incapable d'assumer la diffusion des différents visages de la vérité. <o:p></o:p>

    Ou du mensonge.<o:p></o:p>

    La mollesse des journalistes, l'inanité de leur prétendue étique, leurs minables concessions à des causes bassement mercantiles, leur frilosité, leur lâcheté confèrent à leur corporation une envergure guignolesque absolument méprisable.<o:p></o:p>

    Ainsi dans le moindre reportage télévisé pour justifier le floutage de la célèbre bouteille de soda à base de coca nommée COCA-COLA, ces vendus parlent de morale, de respect dû à l'entreprise multinationale qui fabrique cette merde liquide... Ils invoquent le respect de la loi relative à l'interdiction de la mention publique des marques pour justifier leurs odieux -et inutiles- floutages, ils osent même parler de déontologie professionnelle dans le fait de ne pas citer nommément le Coca-Cola ! Comment voulez-vous dénoncer -voire encenser- quand vous vous imposez le devoir de ne pas nommer ? Un journaliste n'est-il pas payé justement pour tenir ce rôle ? Si le journaliste s'interdit de dire ce qu'il pense, à quoi peut-il bien servir ? Si sous couvert de morale professionnelle il se croit obligé de faire le jeu de ceux dont il est censé ne subir aucune influence ni pression, où est son indépendance ? Ainsi de nos jours les marques, les juges, l'air du temps dictent au journaliste ce qu'il doit ou ne doit pas écrire, montrer, citer.<o:p></o:p>

    Insidieusement, à force de faire preuve de scrupules envers les entreprises connues pour leur réussite commerciale, célèbres pour leur logo ou leur puissance, et ceci grâce aux lois relatives à la protection de l'image des marques et à la pratique des journalistes relayant cette iniquité, les marques semblent jouir de plus de respect médiatique, de protections légales que les êtres humains. Sur le plan juridique il sera en effet plus périlleux pour un journaliste de salir l'image d'une grande marque de boisson ou de lessive que de s'en prendre à un individu anonyme ! Ce qui est révélateur de la déférence médiatique éhontée faite aux marques et prouve que les journalistes de nos jours se sont prostitués à l'éthique du marché imposée par les grand manitous du matérialisme occidental (qui va jusqu'à investir le code pénal), qu'ils se sont laissés acheter par les mirages dominants du siècle.<o:p></o:p>

    Ces journalistes à la solde des puissants ne citent aucune marque, comme si les dépositaires de ces marques n'avaient pas les moyens de se défendre d'eux-mêmes... La critique médiatique des marques est interdite en France. Mais si un produit est de qualité, la marque ne devrait-elle pas pouvoir se défendre d'elle-même sans autre réponse que le produit en lui-même, et ainsi voir la critique s'effondrer face à la "vérité" du produit ? Cela tombe sous le sens. Mais non, les grandes marques non contentes d'asseoir leur pouvoir quasi subliminal dans les esprits faibles ont encore besoin d'une protection juridique sévère ainsi que de la complicité des journalistes pour renforcer leur statut de tyrans industriels.<o:p></o:p>

    Les journalistes sont de moins en moins des inquisiteurs, des questionneurs impertinents et de plus en plus des publicistes, des protecteurs d'intérêts économiques. Au moins par omission : la marque n'est pas critiquée, pas citée, à peine suggérée, jamais montrée en images, ce qui contribue à la sacraliser encore un peu plus. Ce sont également des poules mouillées : le coupable qu'il faudrait montrer est au contraire protégé par leur "silence déontologique", le notable s'il est suspecté de quelque faute mineure est évoqué en biais, avec prudence, le magistrat chez eux ne s'affronte que par textes de lois interposés, jamais directement dans leurs lignes ou à travers leur objectif. <o:p></o:p>

    Dans ce contexte un journaliste est par définition un poltron, un menteur, un complice de l'immoralité, un esprit sous le joug des valeurs mercantiles.<o:p></o:p>

    Bref, un "flouteur" de vérités.<o:p></o:p>

    759 - Vue sur les étoiles<o:p></o:p>

    Je contemplais depuis des heures le ciel étoilé de septembre, étendu dans un près en quelque lieu reculé de la campagne sarthoise. La nuit était sereine, la brise douce.

    Je m'endormis sous le firmament.
    <o:p></o:p>

    Je fis un rêve dans ce champ d'herbe. Un rêve mystérieux et pénétrant, puissant et profond. Un songe à la fois étrange et réel, un mirage comme une vision. Une sorte de fantasmagorie faisant naître en moi des sensations étrangères et familières où je vis ce qui se trame dans les profondeurs des galaxies, ce qui s'y passe à l'échelle humaine... Comme si le temps d'un somme j'avais eu dans la tête les pensées du dieu Jupiter ou que des flammes divines avaient éclairé subitement le ciel devant moi. Bref, ma conscience s'ouvrit sur le cosmos, sonda les espaces infinis pour aller observer jusqu'au moindre insecte, jusqu'au plus petit grain de sable, jusqu'à la plus quelconque peuplade d'hommes vivant là-bas sur des planètes aux confins de l'espace... Par quel prodige eus-je accès au grand théâtre sidéral ? Peu importe. Toujours est-il que là, endormi par une nuit de septembre en pleine campagne, je vis couler au-dessus de moi l'incommensurable fleuve cosmique. Composé d'une infinité d'étoiles, ce flot que l'on nomme Univers charriant la vie à gros bouillons, sans fin, sous des millions de formes, je l'ai rêvé. <o:p></o:p>

    Et ce songe était palpable. <o:p></o:p>

    Voilà ce que je vis :<o:p></o:p>

    Des humanités par milliards peuplant l'Univers, des mondes minuscules ou gigantesques, certains aussi isolés dans l'espace qu'une coquille de noix en pleine mer, d'autres rassemblés en bouquets formés de millions d'étoiles. Partout, des peuples, des civilisations, des océans humains. Des races d'hommes variées, étonnantes, magnifiques, laides, effilées, trapues... De la vie même là où c'est inimaginable, des espèces animales par milliards répandues à travers autant de mondes. Ces mondes multipliés eux-mêmes par cent milliards : autant qu'il y a de galaxies, abritant chacune cent milliards d'autres formes de créatures ! Des contrées grandes comme des planètes et des planètes aussi vastes que des petits soleils. Il n'est pas rare que mille Chine puissent ne former qu'une province d'une partie plus étendue encore. Deux-cent milliards d'individus s'agitent sur certains globes. Dix milliards de sosies parfaits vivront et mourront simultanément sans jamais soupçonner que leurs doubles pussent exister à dix milliards d'exemplaires, dispersés à travers l'océan sidéral.... Moi, je les ai vus. <o:p></o:p>

    J'ai vu bien des choses encore : des empires paisibles de plus de 100 000 ans, des bâtiments étranges, des grandes villes silencieuses et mystérieuses, habitées par quelques personnes seulement. Et sur cet autre monde, qu'étaient ces déserts semés de cubes de verre oranges hauts comme des maisons ? Des cités endormies ou des champs de batteries solaires ? Ailleurs, par millions des habitants primitifs sortaient de leurs forêts et s'alignaient pour former des signes magiques. Il y avait des processions de toutes sortes, sur beaucoup de mondes très différents les uns des autres. On brandissait des espèces de noix géantes en pleurant dans les rues tortueuses d'une cité sombre sur tel monde. Sur un autre des voix à l'unisson scandaient des mots aigus le long d'une route étroite (cette route était creuse et faites d'un assemblage de plusieurs bandes de couleurs différentes) tout en faisant jaillir de la fumée bicolore dans lesquelles se formaient des images de paysages (des genres d'hologrammes ?) à partir de cônes géants translucides posés sur leur tête... Qu'était-ce donc ? Une manifestation de revendications sociales, des opposants politiques, des réjouissances profanes, des ingénieurs établissant des mesures lors de travaux publics ? Il m'a été permis de voir, non de comprendre.<o:p></o:p>

    Ailleurs il y avait un homme qui marchait dans une prairie vêtu d'une multitude de cercles -d'un rouge vif- très minces superposés, comme suspendus en l'air par je ne sais quel effet magnétique tout en épousant sa silhouette et ses membres (un peu comme le bonhomme Michelin). Ces cercles tournaient sur eux-mêmes lentement tout en flottant autour du corps de l'homme qui marchait. Je me dis : voilà une espèce de farfelu qui, comme chez nous, entreprend quelque exploit courageux et inutile. A l'image de nos "traverseurs" d'océans à la rame, de ces sauteurs de tours en parachute, de ces excentriques allant se perdre volontairement dans le désert munis de casques à pointe ou de ces funambules habillés en clown qui font du vélo en équilibre sur une corde suspendue au-dessus de quelconques chutes d'eau... A moins qu'il ne s'agît d'un citoyen banal d'une république utopiste ou d'un royaume complexe en train de vaquer à des occupations fort ordinaires échappant à mon regard profane... Comment aurais-je pu interpréter avec justesse ce que je voyais ? Des gouffres psychologiques, des abîmes philosophiques me séparaient de ces mondes. Je me contentais d'observer, émerveillé, étonné, amusé.<o:p></o:p>

    J'ai pu voir mille autres choses que je suis incapable de nommer, des merveilles impossible à relater, des phénomènes que je percevais comme extraordinaires et qui semblaient naturels à des milliards d'individus...<o:p></o:p>

    Lorsque je me réveillai l'herbe était humide, les constellations avaient changé de place. La vision avait duré deux heures... Je sais intimement que ce songe n'était point un mirage mais un voyage fulgurant vers des mondes disséminés à travers le cosmos, un voyage qu'il m'a été permis d'effectuer comme une grâce, emporté par les ailes de Séléné. <o:p></o:p>

    +++++++

    PRECISION DE L'AUTEUR
    <o:p></o:p>

    A ceux qui à travers ce texte me reprocheront de m'égarer sur les sentiers d'une imagination à leurs yeux peu réaliste :<o:p></o:p>

    Ne serait-ce pas plutôt le manque d'imagination qui paralyse les petits esprits et les empêche de projeter leurs pensées plus haut que leur friteuse électrique, plus loin que leur programme télévisé du samedi soir ? La réalité dépasse de toute façon tout ce que l'on peut imaginer et ce dans tous les domaines, la preuve à chaque instant sous nos yeux que ce soit à travers le mystère mille milliards de fois reproduits du brin d'herbe, du moucheron, à travers l'incroyable complexité du cerveau humain ou bien tout humblement à travers les atomes de l'air qui nous entourent... Tout procède d'une imagination infiniment plus fertile, plus folle que la simple imagination humaine qui elle ne prend qu'une infime mesure de la réalité des choses.<o:p></o:p>


    Qu'aurait donc pensé un laboureur du Moyen-Âge s'il lui avait été donné de voir son descendant taper sur un ordinateur dans son exploitation agricole ? Il aurait dit :
    <o:p></o:p>

    - J'ai vu un paysan s'entretenir avec un carré plein de lumière et le carré lui répondait avec des signes magiques qui apparaissaient, disparaissaient. Puis naissaient des images fulgurantes qui s'agrandissaient, rétrécissaient... Et même des bruits étranges sortaient du carré lumineux. Ensuite le paysan est sorti de sa maison et un énorme animal de fer l'a avalé. Et je vis l'homme dans la tête du monstre qui rugissait, il se maintenait accroché à une roue derrière les yeux du dragon, il était vivant mais ne bougeait pas, tournant juste la roue devant lui, et la créature avançait pour emporter sa proie jusque dans un immense champ de blé dans un grondement de tonnerre.... Un oeil orange clignait au-dessus du démon d'acier et cet oeil éclairait le champ de blé comme une torche qui s'allumait et s'éteignait cent fois par minute !<o:p></o:p>

    Le paysan du Moyen-Âge viendrait juste de décrire avec ses yeux médiévaux un paysan contemporain faire ses comptes sur son ordinateur avant de monter sur sa moissonneuse-batteuse surmontée d'un gyrophare. Un fait qui nous semble à nous parfaitement banal peut être observé avec effarement, incrédulité par un témoin d'une autre époque ou d'une différente mentalité.<o:p></o:p>

    Je ne fais rien d'autre à travers mon "rapport de voyage" à travers les étoiles : je raconte avec mes mots de terrien du XXième siècle ce que j'y ai vu. Je n'ai pas affirmé que je comprenais ce que je voyais, je n'ai fait que raconter ce que j'ai perçu du haut de mon esprit non initié, de la même manière qu'un citoyen de la Rome antique raconterait à ses contemporains le métropolitain de TOKYO du XXIème siècle ou notre aviation de transport de masse...<o:p></o:p>

    Soyez persuadés que des habitants d'autres planètes observant certains de nos comportements seraient aussi incrédules que vous face à ce que je rapporte de mon voyage onirique. Marco Polo racontant certaines scènes orientales n'avait pas été cru de ses contemporains qui l'accusaient d'affabulation (même si certains historiens prétendent qu'il ne fit jamais son voyage en Chine).<o:p></o:p>

    On pourrait ainsi multiplier les exemples.<o:p></o:p>

    Ce n'est pas parce que je raconte des faits avec mes mots que ces faits n'existent pas. Qu'on me laisse au moins la liberté de proposer à mes lecteurs l'évocation de ces autres mondes. Libre à eux de ne pas y porter crédit, de restreindre leur vue à leurs clochers, leur LOTO, leurs vacances en Normandie et leurs croquettes pour chiens<o:p></o:p>

    760 - Le cirque<o:p></o:p>


    Novembre 1880, juste avant la tombée du jour.
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    Le petit cirque s'installe dans un pauvre village du nord de la France. Avec la pluie, le convoi s'est embourbé aux abords de la commune. Et, arrivés sur la place, hommes et bêtes -fatigués- doivent encore patauger dans une terre trempée. Sur la carriole une affiche crasseuse annonce les "numéros incroyables" et autres "tours de magicien".

    Prodiges misérables qui éblouiront les ignares de ces lieux...
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    La venue des forains a déjà attiré laboureurs, enfants et commères. La pluie est glaciale, l'ambiance solennelle : tous observent ces "troubadours" aux têtes sinistres censés divertir les villageois, crottés eux aussi... Le glas n'en finit pas de se lamenter : une âme dans le village s'est éteinte vers la fin de l'après-midi. Mais le cirque est l'évènement exceptionnel du bourg, plus rare que la mort. Même le curé s'en émeut. Pensez : un cirque au village !
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    Après le souper les habitants, fébriles, s'agglutinent autour de la charrette des forains. La pluie s'est mêlée de neige fondue. Les plus pauvres n'ont pas eu droit aux places sous la bâche rapiécée. Qu'importe.
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    Que le spectacle commence !
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    Contre quelques sous on y voit une chèvre savante et famélique trembler de terreur sous la baguette d'un clown ombrageux à faire peur. Devant trente paires d'yeux écarquillés on sort un singe récalcitrant de sa cage pouilleuse pour une exhibition des plus exotiques. Le clou du spectacle. Quelques coups de bâton lui font réintégrer sa prison puante sans trop d'histoire. Un trompettiste lugubre joue un air connu des campagnes. La démonstration sonore fait pleurer deux ou trois enfants impressionnables. Un jongleur vêtu de haillons raconte des vieilles blagues. Personne ne rit vraiment mais tout le monde est fasciné par les trois balles passant d'une main à l'autre dans un "tourbillon céleste effarant" ! Une jeune enfant chante l'hymne patriotique, le regard triste, le ton blasé. Lorsque, la lèvre marquée par l'habitude de la chique, la mine crapuleuse, l'équilibriste se lance sur la corde tendue pour y gesticuler avec fausse maladresse, il répand sur l'assistance une odeur aigre de vinasse. La soirée s'achève sur un tour de passe-passe anodin exécuté par un magicien à l'air patibulaire. Tour raté d'ailleurs.
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    Le troupeau d'illettrés s'en retourne à ses masures, les sabots boueux, les têtes pleines de sons inconnus et de lumières inédites.
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    Le lendemain, sous de grosses flaques éclaboussant les bas de pantalons, la troupe d'artistes repart émerveiller d'autres villageois, là-bas au loin à trois kilomètres d'ici.
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    761 - La déchéance du beau sexe


    De nos jours la femme occidentale a beaucoup perdu les qualités de sa nature.


    Sous prétexte d'indépendance, de libération, et même de liberté tout court, elle a succombé aux moeurs infâmes du siècle.
    <o:p></o:p>


    Sous le règne actuel de la "femelle vulgaire" les bassesses d'hier sont devenues normes. Ainsi ce qu'elle appelle "force de caractère" ou "fierté de femme" n'est en vérité qu'odieuse licence consistant à cracher son fiel en direction des gentlemen, à hausser le ton devant la mâle autorité, affichant sans rougir sa détestable éducation...

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    Impertinente, impolie, immodeste et dévoyée, elle injurie, outrage, blasphème à la moindre contrariété. D'un geste ou d'un mot, elle signe sa définitive déchéance. Ayant perdu le sens du commerce galant, elle foule de ses talons hauts toute bienséance, n'hésitant pas à publiquement user des termes les plus vils pour qualifier plus beau, plus noble, plus honorable qu'elle. Qu'un bel esprit accorde sa charmante attention à l'une de ces femmes en termes chastes et choisis, pour peu que la chose lui semble incompréhensiblement surannée et lui fasse l'impression d'une délicatesse étrangère à ses us, elle répondra au compliment par l'offense la plus crue. <o:p></o:p>


    Un baise-main ? Une formule exquisément courtoise ? Un geste de raffinement ? Une allusion à ses charmes galamment codifiée ? Elle réagira avec la brutalité d'une femme ayant perdu toute décence. Dans les circonstances ordinaires de la vie (métro, rue, établissements d'agrément, lieux de proximités), certaines se permettent même de tutoyer directement leur interlocuteur sous prétexte d'incompatibilité sociale, culturelle, vestimentaire ou d'humeur. Ou tout simplement par pur relâchement.

    <o:p></o:p>

    Et même, comble du comble, de s'octroyer le droit de l'insulter !<o:p></o:p>


    La plupart des femmes occidentales aujourd'hui n'ont plus de tenue. Déplaisantes, provocantes, agressives, en accédant à l'argent, au pouvoir, à l'invincibilité, elles ont perdu cette fragilité qui faisait leur gloire, jadis.
    <o:p></o:p>


    Les femmes de classe sont de plus de plus rares. Celles qui au milieu de cette plèbe ont su garder intacts les codes de la séduction et des relations humaines traditionnellement en usage dans le monde -et même plus simplement les codes de la courtoisie élémentaire- n'en sont que plus estimables aux yeux des beaux esprits.
    <o:p></o:p>


    Au contraire des femmes asiatiques et des femmes nord-africaines qui sous le poids de leur culture ont su rester décentes, polies, soumises, respectueuses, aimables, les femmes européennes ayant rompu les liens de la grâce sont de plus en plus haïssables, viles et vulgaires.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    762 - Les Beaux Assassins<o:p></o:p>


    Bien sûr ils sont beaucoup plus intelligents que les autres. Nécessairement.


    Fortunés, instruits, bottés, coiffés de leurs parures de chefs et bien à l'abri dans leurs salons feutrés en train de déguster thé et biscuits fins, ils devisent avec science et gravité sur la situation, causant économie martiale, tactique et stratégie. Marcel Constantin dans son trou à Verdun vient de recevoir un éclat d'obus à la face. Son corps patauge dans la boue. Le sang de ce qui est à présent un cadavre chaud fait des bulles rouges sur la terre mouillée. Le thé de ces beaux messieurs à cent lieues de là est trop chaud. Léger mouvement de moustaches.


    Il y a là le ministre de la guerre, deux ou trois généraux, un grand industriel automobile recyclé dans l'artillerie lourde, quelques personnages importants joliment costumés de cuir et de soie. Marcel est exsangue. Peu importe, il est mort. Son visage mutilé qui fait face au ciel est vite recouvert par une épaisse couche de terre déplacée par un obus ennemi. L'industriel est préoccupé... Le ministre de la guerre exige des garanties de livraison, par conséquent il lui faudra restructurer tout son système de production. Pas simple. La signature est retardée. Il faut trouver un accord rapidement. Le thé est un peu moins chaud, les moustaches se relèvent. Tout s'arrangera bien... Entre gens éduqués, intelligents et bien vêtus, tout s'arrange toujours. D'un sourire courtois on conclut un accord tacite, de principe. La signature se fera le jour-même. De Marcel Constantin il ne reste plus grand-chose. Enfoui dans la terre, enseveli sous le fer et le Mal, on ne retrouvera plus rien de lui, il fait déjà partie de ces milliers de disparus de la Grande Guerre, pulvérisés, détruits, broyés, effacés de la surface du globe par la mitraille et dont pas un seul ossement ne témoignera de leur existence sur cette terre. A cet instant tout est fini pour Marcel. En haut lieu, à cet instant, à cet instant-là, à cette même minute où Marcel vient d'avaler sa dose de boue par la gorge, les orbites, les oreilles et le cul, on ressert du thé aux grands décideurs de ce monde aux moustaches décidément bien frétillantes.


    Ils sont beaux, ils sont aimables, ils sont respectables ces personnages importants à la tête des affaires de l'État, de l'industrie, de l'économie... Marcel quelque part sous la boue de Verdun ne les connaissait pas, tous ces beaux messieurs pleins de hauteur et de gravité. C'est normal puisqu'ils sont plus intelligents, plus fortunés, plus instruits et mieux placés que lui.


    Eux sous les lambris de la République courroucée contre le Boche, lui dans sa fosse à charognes de Verdun.


    763 - L'écologie en question
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    Après avoir vu à la télévision une intervention argumentée d'un fervent représentant de la cause écologique, Nicolas Hulot, qui dans son discours général particulièrement hystérique prétend que si nous ne changeons rien nous courons à la catastrophe planétaire, de saines, sages, sereines réflexions ont fusé de ma cervelle impartiale. Dans mon esprit clair, critique, apte à la réflexion et pas encore contaminé par l'exaltation collective, des éclatantes évidences se sont opposées aux obscures, approximatives constructions intellectuelles de Nicolas Hulot.


    Je commence à me demander si le problème de la pollution de la planète ne serait finalement pas une vaste chimère, une énorme psychose mondiale, un fantasme planétaire comme il y eut en d'autres époques des fantasmes cosmiques (par exemple avec les passages de comètes), religieux, astrologiques, magiques, ainsi que moult autres terreurs irrationnelles... Bref, une pollution universelle des esprits par des fumées médiatico-scientifico-politiques.


    L'obsession écologique me semble avoir des point communs avec certains mythes obscurantistes. Hier les sorcières, aujourd'hui la pollution.


    Que dit l'adepte de la verdure à tout prix ?


    Que nos rivières polluées vont répandre mort, maladie, désastre, que nos pots d'échappement vont provoquer des raz-de-marées, faire fondre la banquise, empoisonner l'atmosphère, que nos activités économiques vont déclencher des cataclysmes, faire gronder le ciel, la terre et encore ébranler les océans...


    Et pourquoi pas déclencher l'écroulement des montagnes, faire pâlir le soleil, éteindre -ou raviver- les volcans, provoquer la chute des étoiles ? Soyons sérieux. Cessons d'adhérer à la sottise ambiante, redevenons sensés.

     <o:p></o:p>

    Les rivières françaises sont polluées, je ne le nie pas. Et alors ? Cela fait belle lurette que nous ne mangeons plus de poissons péchés dans les rivières ! Il y a les piscicultures pour satisfaire nos exigences : des truites toujours bien dodues, saines, disponibles à profusion. Dieu merci, l'homme civilisé a su depuis longtemps imiter et même améliorer les bienfaits de la nature. Il n'a pas attendu que les rivières soient polluées pour produire des fruits de la nature encore plus savoureux que la nature jamais ne le fera elle-même... Par conséquent je ne vois pas en quoi la pollution de nos rivières est si catastrophique. Certes cela n'est guère réjouissant et même assez ennuyeux que nos rivières soient ainsi polluées. Je l'admets. Et j'aimerais mieux qu'elles ne le soient point, cela s'entend. Mais c'est ainsi, nos rivières sont polluées et ce n'est pas une raison pour ajouter à cette pollution chimique une inutile bêtise à notre réflexion.


    Le problème de la pollution des rivières n'est de toute façon pas si grave qu'on le prétend puisque la blessure que nous avons infligé à la nature s'est tout naturellement accompagnée de son remède. En effet, nos usines de retraitement des eaux ne sont-elles pas nées pour contrer ces pollutions, précisément ? En ce cas où est le problème ? De quoi nous plaignons-nous ? N'avons-nous pas de l'eau pure à la sortie de ces centres de retraitements des eaux ? N'est-ce pas là un réel progrès ? Nous sommes étrangement -et de manière parfaitement stupide et irrationnelle- plus prompts à nous désoler de voir couler l'eau sale en amont de nos usines que nous réjouir à la voir jaillir, claire, en aval... Nous grossissons de façon outrancière la boue initiale tout en occultant l'onde limpide qui en naît. Et pourtant, en cela l'homme a fait bien mieux que la nature : il l'a purifiée en un temps record. Là où la nature aurait mis des années à régénérer ses eaux polluées, l'homme avec son génie a été cent fois, mille fois plus vite !

     <o:p></o:p>

    Et puis qui se baigne encore dans les rivières ? Les plages depuis presque un siècle ont remporté les suffrages des vacanciers.


    Que prétend encore l'écologiste ?


    Que nos émanations carboniques vont étouffer le globe terrestre à petit feu, le réchauffer, le vider en partie de ses hôtes, jusqu'à changer les contours des côtes par l'effet de la fonte des glaces aux pôles... Rien que cela. Depuis la création de la terre aucune éruption volcanique n'est jamais parvenue à engendrer de tels bouleversements, encore moins à éradiquer la vie sur la planète. Sérieusement, quel est l'impact de l'action de deux milliards de pots d'échappement durant cinquante ans sur une planète dont le poids et le volume de l'atmosphère sont infiniment plus consistants que ces rejets de fourmi ? Cela n'équivaut même pas -du moins je le suppose- au dixième d'une seule éruption volcanique de type Vésuve en 79 de notre ère en terme de masse de matières "polluantes" !


    Que des espèces disparaissent, en quoi cela est-il catastrophique ? Depuis la création de la terre, des millions d'espèces sont apparues, puis ont disparu. De manière parfaitement naturelle, dans l'ordre normal des choses, à l'image de tout ce qui existe dans l'univers. Des espèces animales et végétales disparaissent de nos jours sous l'action de nos activités économiques, culturelles, gastronomiques, voire politiques. Je ne vois là que minuscules événements amplifiés par la subjectivité humaine. Des étoiles disparaissent également dans notre propre galaxie et partout ailleurs sous le simple effet du temps qui passe, sous l'action des atomes, bref sous le vent du destin... Telle est la loi des choses. Les écologistes n'échapperont pas à cette loi : eux aussi disparaîtront.


    Que ce soit sous le poids de nos activités économiques ou sous les nécessités bien plus féroces encore de la nature, tout change, disparaît. Espèces, montagnes, océans, astres, systèmes galactiques, rien n'est épargné par le grand ordre naturel. Pourquoi les ours et les loups échapperaient-ils à cette loi ? Et pourquoi ne pas inclure l'action humaine dans cet ordre naturel ? L'homme avec sa réflexion, ses choix, sa volonté, son action sur la matière, les saisons, l'ordre "naturel" des choses, n'est-il pas issu de la nature lui aussi ? N'en n'est-il pas d'ailleurs le chef-d'oeuvre ? En quoi les effets de l'action humaine sur la nature seraient-ils pervers ? La disparition du loup, du choléra, de la peste ou du moustique vecteur de la malaria seraient donc des malfaisances selon la logique écologiste ? La nature ne s'occupe-t-elle pas elle-même de faire disparaître des espèces, et par milliers encore ? Certes elle le fait à l'échelle géologique. On reproche à l'homme de le faire à son échelle. Fondamentalement, je ne vois aucune différence. Ni perversion. Il est vrai que la volonté de préserver les espèces est également dans l'ordre naturel des choses humaines, fait partie de notre pensée. Je ne suis pas contre la préservation des espèces. A condition de ne pas sombrer dans la folie consistant à s'ingénier à réintroduire un corps étranger dans un système déjà bien établi. On ne met pas de loups dans une bergerie, pas plus qu'on ne lâche des ours en pleine nature ! Et pourquoi pas la réintroduction des lions à l'orée des villages africains, des tigres tueurs autour les agglomérations du Bengale ?


    Entendons-nous : je ne fais nullement l'apologie de la pollution et de la destruction de la nature. Certes j'aimerais que la pollution n'existe pas sur notre planète, que les océans soient nets, les terres propres, les eaux claires. Qui ne le souhaiterait pas ? Simplement je prétends que nous avons fait de la pollution une sorte de quête du Graal moderne, un mythe idéologique et social fou, et donc par définition irrationnel, inutile, voire dangereux.


    La pollution de la planète est réelle et ses pires effets se font sentir actuellement, je l'admets. Les effets de cette pollution planétaire sont catastrophiques, il est vrai. Mais dans les têtes.


    Et rien que dans les têtes.

    764 – Les économes<o:p></o:p>

    Les deux époux s'échangent des banalités autour d'une soupe bien chaude. Une buée dense sort de leur bouche, trahissant la température glaciale de la demeure. Assis sur d'énormes sacs de bon bois de chauffage définitivement clos, ils devisent dans la maisonnée gelée, satisfaits de n'avoir pas succombé à la tentation du feu. Trop heureux de préserver leur immense stock de bois, ils mangent leur soupe, seule source de chaleur dans leur igloo. Un quart d'heure par jour, ils peuvent se réchauffer les doigts autour de leur bol vespéral, l'unique plaisir coûteux, le seul réconfort d'avares qu'ils se sont accordé. Le matin et le midi, c'est repas froids.<o:p></o:p>

    A force d'avoir économisé sur le feu des années durant en passant leurs hivers à tousser et à frissonner dans leur grotte de radins, ils ont accumulé une imposante réserve de bois. Que jamais ils ne se décident à entamer. D'hiver en hiver, ils repoussent l'échéance. Chaque année dès les premières gelées, c'est la grande question qui revient sous le toit pris par les glaces : "Va-t-on chauffer ou non ?"<o:p></o:p>

    Et chaque année, pris d'angoisse à l'idée de brûler leur bois, il se rendent à l'évidence : invariablement ils se disent que jusque là ils n'en sont pas morts, d'avoir passé l'hiver sans "gaspiller" leur précieux bois... Ils ajoutent que ce n'est pas parce que le bois de chauffage est gratuit (ils le ramassent en quantités quasi illimitée dans la forêt qui les entoure) qu'il faut le brûler pour un oui, pou un non... Avec eux tous les prétextes sont bons pour ne pas mettre des bûches dans la cuisinière. Et ça fait 34 ans que ça dure ! 34 hivers sans se chauffer.<o:p></o:p>

    En faisant durer au maximum la chaleur de la soupe autour de leurs mains, ils dissertent à l'infini sur l'opportunité de conserver leur bois. Il se disent que se serait tellement dommage, après 34 ans d'efforts, de rompre un cercle aussi vertueux... La seule idée de mourir sur un trésor de bois sec les rend chaque année un peu plus résolus.

    A chaque fois plus intransigeants que l'année précédente, ils préfèrent se serrer la ceinture, grelotter trois mois durant plutôt que commettre le sacrilège de brûler ne serait-qu'une bûche !
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    Pour leur soupe, du méchant, menu bois leur suffit. Et encore, ils trouvent que c'est trop.

    Courage ! se disent-ils, dans une vingtaine d'années on aura accumulé 50 ans de bois d'hiver.
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    Rien que l'idée d'économiser un demi siècle de bois de chauffage les galvanise. "C'est beau", se répètent-ils sans cesse pour unique justificatif à leur obsession d'économie.<o:p></o:p>

    765 – L’inégalité des sexes et des âges<o:p></o:p>

    Alors que l'homme avance en âge sans crainte, la noblesse au front, le port altier, le pas sûr, le regard sage et pénétrant, la femme que rongent les ans pénètre dans l'ombre de la vie avec des terreurs qui affligent sa face et l'enlaidissent davantage. Ses fards tardifs, loin de soigner le mal, accentuent sa décrépitude.<o:p></o:p>

    Tandis que l'homme se bonifie de décennie en décennie, la femelle qui déjà est altérée, déformée, gâtée par l'orgueil s'étiole au fil des saisons, vaincue par le temps, le simple temps qui passe. Les années sur l'homme ont des effets flatteurs, charmants, exquis. <o:p></o:p>

    Mais dégradent les dernières arrogances de la femme... Irrémédiablement. <o:p></o:p>

    L'homme avec le temps présente un miraculeux allongement et glorieux durcissement pénien, ses productions séminales s'avivent, son coeur bat avec sérénité, son esprit s'éclaircit comme un astre, ses pensées s'approfondissement tel un puits immense, il arbore une irrésistible grisaille dans les cheveux, ses sourires matures et virils ont des charmes fous qui séduisent même les tendrons. La femme du même âge au contraire devient repoussante : sa chair tombe, sa chevelure teinte est pleine d'indécence, sa face reflète la ruine.<o:p></o:p>

    Et sa bêtise s'enracine avec plus de vigueur dans les vanités déçues de sa féminilité dévastée.

    C'est la raison pour laquelle l'on voit toujours des jeunes créatures aux bras de vieux messieurs galants et jamais d'éphèbe courir après des vieillardes, sauf si elles sont fortunées, bien entendu.
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    766 - Neige de minuit<o:p></o:p>


    CONTE DE NOËL
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    En cette fin de journée du 24 décembre je quittai mon refuge de province et fonçai sur les petites routes de campagne en direction de la prochaine entrée d'autoroute menant vers la capitale. Comme tous les ans je partais assister à la messe de minuit à la cathédrale Notre Dame rejoindre mes pairs, gens distingués et importants de la scène parisienne. Je me faisais un devoir mondain de me mêler à cette assemblée hautaine en perpétuelle représentation. Il fallait qu'en belle société l'on me vît, que parmi les personnalités de mon espèce ma présence fût remarquée, applaudie.
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    Bref, imitant les notables de mon rang, le spectacle de ma vie ne devait jamais s'arrêter.

    Tout à ces pensées futiles, je roulais dans la nuit. Une neige fine et abondante se mit à tomber. Très vite la campagne blanchit et je dus bientôt ralentir. La chute de la poudreuse redoubla d'intensité. Je ne reconnus pas ma route, fis demi tour, faillis choir avec mon véhicule dans le fossé avant de m'engager dans une fausse direction... Egaré en pleine campagne à trois cents kilomètres de Paris, seul dans ce paysage glacé, âpre et magnifique, loin des lumières et du tapage de la cité, imperceptiblement je sentis naître en moi une immense lassitude pour cette existence superficielle que depuis toujours je menais.
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    La roue de ma berline dérapa, puis s'enlisa dans l'écume. Bloqué au milieu de nulle part, je décidai de rejoindre à pied la première habitation venue pour y demander de l'aide. Une humble lumière attira mon regard. Elle émanait de l'église d'un hameau sans nom. J'entrais dans ce refuge, réconforté à l'idée d'y trouver secours et chaleur. Là, je fus saisi par un spectacle à la fois misérable et grandiose : à la lueur de quelques cierges cinq ou six fidèles aux crânes gris et aux épaules voûtées priaient avec ferveur avec le curé, et de cette rustique assistance s'élevait un chant. Le choeur chantait faux tout en grasseyant avec force... Devant cette scène navrante et sublime d'un autre siècle, j'oubliais tout : la voiture embourbée, les amis qui m'attendaient à Paris, mes devoirs mondains... On ne fit guère attention à ma présence. En me réchauffant les mains, je demeurai au fond de l'église à observer discrètement ces chanteurs maladroits et touchants.
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    Puis le chant prit des allures plus solennelles : un enfant dont je n'avais même pas remarqué la silhouette -si bien enfouie parmi ces vestes sombres et ces fronts ridés- mêla sa voix juvénile au morne concert. Sa voix cristalline domina peu à peu celles des vieillards qui l'une après l'autre finirent par se taire. Le chant solo du jeune garçon résonna dans la semi-clarté de l'église, pur. L'expérience de la Beauté me figea. De temps à autre on pouvait entendre dehors quelque rafale de vent faire trembler un vitrail. Certes l'enfant à la voix d'ange ne semblait pas maîtriser parfaitement les règles élémentaires de la prosodie, mais qu'importe, c'est son âme qui chantait. <o:p></o:p>

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    Submergé par des sentiments inédits et suprêmes, j'assistai jusqu'au bout à cette messe des pauvres.<o:p></o:p>


    Paris et ses séductions frelatées, Paris et ses feux mensongers, Paris et ses hôtes vaniteux n'existaient plus : j'étais aux anges sous ce clocher sans fard. Asile de la piété simple et sincère, aux antipodes des ors de la capitale festive, on chantait faux près de cet autel, mais on chantait avec coeur.
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    Je passai la veillée de Noël dans l'église de ce hameau perdu dont j'ai oublié le nom, la plus belle de toutes mes nuits de Noël, en compagnie de ces âmes vives.<o:p></o:p>


    Après la messe un veilleur m'aida à sortir mon véhicule de son ornière, si bien que je rejoignis tardivement la capitale, définitivement désillusionné sur ses artifices vides de sens et de beauté.
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    C'était il y a plus de trente ans.
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    Certain de n'avoir pas rêvé, pendant longtemps j'ai essayé de retourner dans ce hameau, passant et repassant par tous les chemins possibles mais jamais, jamais je n'ai pu retrouver ce lieu qui depuis plus de trente ans me hante. Depuis, chaque soir du 24 décembre une mystérieuse nostalgie me gagne lorsque je me remémore ces vieillards, cet enfant, cette messe de Noël sous la nuée nivéenne, au milieu de nulle part, étrange et belle.
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    767 - Réactions étranges lors de licenciements économiques
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    Pendant les informations télévisées on voit souvent des reportages au cours desquels des ouvriers se font licencier de leur usine. Ils sont toujours graves, en colère ou hébétés. Certains pleurent.
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    Je n'ai jamais compris leur affliction. Pourquoi se mettent-ils donc dans un état pareil devant une si heureuse nouvelle ? Il y en a même qui se suicident. Sont-ils devenus fous ?
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    Non vraiment je ne les comprends pas. Moi à leur place je serais HEUREUX de me faire licencier de la sorte. Heureux. Enfin la liberté ! Avec quel bonheur je tirerais un trait définitif sur l'usine qui pendant tant d'années m'aurait aliéné, abruti, empêché de vivre ! Je me sentirais des ailes. Eux, non.
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    Un licenciement, n'est-ce pas une heureuse nouvelle pour un ouvrier ? N'est-ce pas la promesse d'une existence débarrassée de chaînes héritées parfois de plusieurs générations ? Et d'ailleurs pourquoi montre-t-on toujours du doigt les "méchants licencieurs" ? Quel mal y a-t-il à licencier des travailleurs ? Non seulement licencier un ouvrier c'est donner la liberté à un oiseau qui, de toute sa vie, n'a connu que la cage et qui, depuis le nid, a subi l'enfermement mental pour raisons strictement économiques, mais en plus c'est lui accorder un consistant pécule pour un nouveau départ ! En effet, les patrons qui licencient rendent leur liberté et leur dignité à ces hommes en leur octroyant en plus des indemnités de licenciement.
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    Et, eux, ils pleurent, enragent, désespèrent, se suicident.
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    Comble du bonheur, comme si cela ne suffisait pas ils ont, en outre, le droit de toucher des allocations de chômage pour vivre pendant des années sans devoir aller travailler loin de chez eux en affrontant le froid matinal et la pluie du soir. Alors qu'ils ont trente, quarante, cinquante ans, ils peuvent enfin pour la première fois de leur vie se lever le matin sans se soucier d'aller gagner leur pitance dans des endroits sales, bruyants, dangereux... Et ils ne sont pas contents !
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    Ce n'est pas tout : certains parmi eux qui avaient misé sur leur usine-providence pour recevoir pendant trente-sept ans un salaire mensuel qui devait surtout servir à rembourser leur ignoble maison Phénix s'étaient déjà endettés avant même leur licenciement, parce qu'en plus de leur maison Phénix ils avaient eu d'autres envies : grands écrans plats, grosses voitures "comme-celle-du-patron". Mis au chômage, ils pourront faire une demande d'aide pour sur-endettement et ainsi soit abandonner leurs rêves ineptes et coûteux de minables, soit les faire payer à l'État.
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    Personnellement, avec le peu d'expérience professionnelle que j'ai accumulée dans ma longue carrière d'esthète, les meilleurs moments vécus sur mes lieux de travail n'étaient pas quand on me donnait ma paye, non pas quand j'écoutais avec mon coutumier dédain les inepties des collègues parlant de leur voiture ou de leurs points-retraites, pas même quand je me restaurais à la cantine, non... Les meilleurs moments vécus sur mes lieux de travail étaient ces instants cruciaux où l'on m'annonçait mon "licenciement" en raison d'inaptitude, d'incompétence ou de désintérêt pour mon poste.
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    A chaque fois c'était, pour moi, un immense soulagement. Une inexprimable sensation de liberté retrouvée. Un sentiment de bien-être extrême, comme une respiration libératrice, un poids énorme que l'on me retirait. A chaque fois qu'un patron m'annonçait que je devais cesser de travailler pour son entreprise, je me sentais renaître, voler, aimer, vivre !
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    Et encore, on ne m'a jamais accordé le moindre dédommagement lors de ces sorties forcées du circuit professionnel. J'étais heureux, pourtant.
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    Comment se fait-il que ces ouvriers pleurent et vont même jusqu'à se suicider sous prétexte qu'ils ne reverront plus jamais leur usine alors qu'ils ont tout avantage à la quitter ?

    En fait c'est moi qui dois me tromper... Ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas être malheureux parce qu'on les a licenciés de leur usine. Je dois me tromper...
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    Je crois plutôt qu'ils pleurent de joie et se pendent par amour.<o:p></o:p>


    768 - Ce siècle de minables
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    J'observe depuis un certain nombre d'années un phénomène qui ne cesse de s'amplifier dans la publicité télévisée, laquelle est le reflet le plus direct de la société, l'écho cru et éloquent de la France moyenne, le révélateur fidèle et durable des aspirations du tout-venant : les "héros" masculins en quête de bonheur fromager, bancaire, cosmétique ou automobile sont tous des incarnations stéréotypées du pauvre type, du citoyen minable, du mâle médiocre.
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    Le consommateur de base est censé s'identifier farouchement à ces représentants de la gent masculine sur la voie de la déchéance. Et ça marche ! Le minus fondamental se sent rassuré en voyant à travers des spots publicitaires d'autres minus primaires de son espèce. Les publicistes l'ont bien compris : il ne faut pas heurter l'acheteur, il faut le caresser dans le sens de sa bedaine, le conforter dans sa petitesse afin qu'il se sente à l'aise avec ses pairs, et même, comble de la perversité consumériste, qu'il soit fier de son insignifiance !
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    Ainsi les films publicitaires télévisés sont peuplés de petits Sancho en quête de chaussettes, de piètres Dupont béats d'admiration devant leur cuvette de WC, de frileux épargnants avec des charentaises dans le coeur, d'imbéciles pères de famille hilares face à leur écran plasma...
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    L'offense faite à homme, l'indignité avec laquelle il est représenté dans ces publicités sont tellement quotidiennes et si bien entrées dans les moeurs que nul ne s'en offusque. L'homme à travers la publicité est devenu un âne, pitoyable client-pantin des grandes enseignes, un crétin heureux de son sort, un abruti total, un parfait vermisseau sans pensée, sans gloire, sans destin, sans plus rien de ce qui fait sa grandeur de bipède éclairé. Depuis ce miroir contemporain que constitue la publicité, l'homme n'est plus qu'une pauvre chandelle morte. Pire : l'indolent réceptacle de la vulgarité du siècle.
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    Bref, la publicité -qui tire tout vers le bas- pour fonctionner aujourd'hui et tourner à plein régime a de plus en plus recours au procédé miracle consistant à mettre en scène les figures variées et navrantes de l'universel pauvre type.
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    Ce qui est éminemment dans l'air du temps.

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    769 - 11 septembre 2001 : le règne du mensonge<o:p></o:p>


    A la lumière des faits il est incontestable pour qui a un minimum de sens critique que les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sont le fait du gouvernement américain. Démoniaque opération de manipulation psychologique des foules à l'échelle mondiale ! L'état américain n'a pas hésité à sacrifier 3000 de ses citoyens pour tromper, émouvoir puis rallier à sa cause le reste du monde et ainsi pouvoir continuer à exercer "légalement" son hégémonie planétaire à travers invasions, agressions et pillages de pays pétroliers.


    Celui qui après avoir pris connaissance des enquêtes de journalistes indépendants (et même des contre-enquêtes menées par les journalistes à la botte du gouvernement américain censées ridiculiser la version alternative) adhère toujours à la version officielle en dépit des évidences, celui-là par son coupable et volontaire aveuglement se fait le complice des crimes du gouvernement américain.
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    Face à l'énormité de la version officielle qui entre autres fables prétend que deux tours de 400 mètres de hauteur constituées de béton armé et d'acier ignifugés se sont non seulement écroulées mais pulvérisées en 10 secondes sous l'impulsion d'une pichenette, je suis aujourd'hui définitivement convaincu de l'entière responsabilité du gouvernement américain dans les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés sur son propre sol... Cela n'est plus discutable : les preuves allant dans ce sens abondent, autant que les incohérences et invraisemblances de la thèse officielle. Le mensonge, le crime, l'ignominie sont les armes sataniques de ce gouvernement qui n'est en fait qu'une insidieuse dictature déguisée en démocratie, la plus dangereuse au monde car détentrice du feu nucléaire qu'elle n'a d'ailleurs pas hésité à expérimenter par deux fois en 1945.
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    Bref, aujourd'hui JE SAIS que les USA sont aux mains de grands criminels. Le gouvernement américain est l'instigateur des attentats du 11 septembre 2001. Les naïfs qui adhèrent à la version gouvernementale sont les victimes du règne du mensonge qui prévaut sur ce monde façonné (avec subtilité ou brutalité selon les circonstances) depuis 1945 par la "secte yankee" et sa volonté agressive de suprématie martiale, idéologique, commerciale et culturelle.
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    Les crédules d'aujourd'hui qui font confiance au gouvernement américain font preuve de la même inconscience, du même aveuglement que les béats et amorphes citoyens de 1933 qui de l'autre côté du Rhin affichaient une foi inébranlable en leur gouvernement.
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    770 - Rue de Pologne<o:p></o:p>


    Il y avait cette rue -rue de Pologne-, terne, droite, anonyme, léthargique.
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    Mortelle.

    Il était né dans cette rue et sa vie ressemblait à un dimanche qui ne finissait jamais, un jour d'ennui qui durait depuis vingt, trente, quarante ans. Eté comme hiver la rue s'assoupissait, se rétrécissait, s'aplatissait, stagnait dans un continuel, désespérant soupir. Il connaissait par coeur les maisons sans goût, les jardinets sans joie et les habitants sans relief de "sa" rue où jamais rien ne se passait, à part la pluie de mars et les échos de la télévision des voisins les samedis de juin. Enfer indolent qui lui ôtait les ailes ou bien paradis névrotique qui le rassurait, comment pouvait-il songer à quitter cette matrice médiocre ?


    Cette rue, seul horizon de ce prisonnier sans désir condamné à y mourir, il l'avait en lui. Quitter ce cordon ombilical, c'était voir s'écrouler le monde sous ses pieds.


    Célibataire sans histoire entouré d'une famille bienveillante mais sans  consistance   -voire insignifiante-, citoyen transparent aux convictions modérées -et à vrai dire sans conviction du tout-, homme stable bien intégré dans son travail, bref moineau sans plume édifié dans une routine parfaitement huilée, son existence se résumait en un mot : torpeur. On pouvait ajouter : tristesse.
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    Et puis un jour... L'apparition !
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    Une femme.
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    Une femme dans "sa" rue. Pas une femme comme les autres femmes habitant la rue, pas une de ces ombres si reconnaissables, épouses ou ménagères, mères ou travailleuses à la vie simple et aux aspirations limitées qu'il avait vu vieillir sous leurs tabliers non, pas une de ces femmes sans visage, invisibles. Lui avait vu un fantôme, un ange, un démon, une déesse, la lumière, l'inconnu, le souffre, le ciel... Enfin une femme, une femme belle, désirable, mystérieuse. La première qu'il voyait hors de son monde, loin de son éducation, aux antipodes de ses petitesses. Une femme...
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    Tout se déchira en lui : sa famille d'humbles ouvriers, son existence morne, son célibat apathique, et surtout, surtout "sa" rue qu'il se mit à détester de toutes ses forces pour la première fois de sa vie. Une femme. Qui aurait pu penser à un événement aussi prodigieux chez cet homme sans existence ? Une femme, c'était la fin du monde.
    <o:p></o:p>


    La fin de SON monde.
    <o:p></o:p>


    Il se mit à aimer. Pas comme il aimait son caniche, pas avec cette tendresse apprise, singée de dimanche en dimanche en compagnie de ses pairs, pas avec cette tendresse misérable de pauvre vieillard qu'il a toujours été depuis sa naissance, non.
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    Il aima comme un astre. Il aima avec une dignité nouvelle qui le rendait homme, mâle, grand, beau, fort, radieux, Homme enfin.<o:p></o:p>


    Il aima cette apparition au point de la rechercher au-delà des bornes de "sa" rue. Ainsi à quarante ans le mort-né tira un trait passionnel sur la rue de Pologne, quitta sa famille de séniles, quitta son existence de minable et retrouva la passante au regard de flamme. Il goûta à la pierre, goûta au sang, se délecta des fruits amers de la vérité, bu à satiété l'eau de mer et se noya dans un étang de soleil.
    <o:p></o:p>


    Bref il expérimenta la vie, la vraie. Elle n'aima point cet oiseau à l'essor tardif toutefois, ce qui limitait ses choix entre le suicide et le retour à la rue de Pologne... Il opta pour l'entrée dans les ordres.
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    Il avait quitté rue, famille et travail pour connaître les affres du coeur en proie aux passions les plus chères de l'homme et se retrouvait crucifié sous la bure que désormais il portait pour la gloire de l'Amour, cause pour laquelle il avait décidé de dédier le reste de ses jours.
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    771 - Vue perçante sur mon psychiatre<o:p></o:p>

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    Stupéfaction mais également heureuse nouvelle ! <o:p></o:p>


    Ce matin mon psychiatre m'a annoncé, à la onzième consultation, que je présentais des "troubles importants du comportement" induits par un "culte de la personnalité", troubles m'interdisant de subvenir par mes propres moyens à mes besoins matériels et qu'en vertu de ce fait il était légitime que je fasse une demande de prise en charge médicale à cent pour cent pour maladie de longue durée.
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    Ce qui signifie que je viens de franchir avec succès la première étape importante dans mon édification personnelle et, indirectement, dans celle de mes frères humains enchaînés à leurs misères sociales et spirituelles. Ils pourront peut-être bénéficier d'une plus grande liberté d'action de ma part grâce à la reconnaissance officielle de mon statut de "sauveur de foules abruties", ou plus modestement de "bel esprit oeuvrant à son niveau pour le salut de la masse". Certes ce que je viens de qualifier en termes glorieux, les psychiatres nomment cela plus sobrement et plus imbécilement "maladie".
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    Peu importent les mots.
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    La prochaine étape consistera -théoriquement- à percevoir une pension pour "invalidité", donc de mon point de vue à recevoir un salaire pour asséner à longueur de temps la vérité salvatrice à mes semblables. En d'autres termes je serai payé pour éclairer le monde de mes lumières izarriennes. Payé par ceux-là mêmes qui cotisent afin que moi, sujet marginal demeuré sain et qu'ils estiment néanmoins "malade", je bénéficie de la sécurité matérielle me permettant d'agir de manière bénéfique, sans souci du lendemain, sur leur esprit infirme.
    <o:p></o:p>


    Noble mission !
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    Autrement dit les handicapés de la pensée qui travaillent dans cette société -"handicapés" à cause précisément de leur investissement exagéré dans leur vie professionnelle (que je pourrais aussi appeler "assujettissement au siècle") qui nécessairement borne leur vue à des considérations strictement matérielles, les rend aveugles aux hauteurs que je m'efforce de leur désigner- cotiseront pour que je puisse percevoir un salaire de "malade", salaire me conférant une liberté individuelle et sociale accrue et surtout une légitimité supplémentaire pour les aider à se réveiller, à s'élever, voire pour les rudoyer s'il le faut en cas d'insensibilité, de surdité et de cécité importantes.
    <o:p></o:p>


    Ce que dans mon cas mon psychiatre nommerait "aide financière au malade que je suis", moi j'appelle cela "salaire de bel esprit destiné à éduquer mes frères cotisants qui pataugent dans l'abrutissement ambiant".
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    Finalement le monde n'est pas si mal fait que cela.
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    P.S.

    J'inclus partiellement mon psychiatre dans la catégorie des "pataugeurs".
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    +++++++

    J'ajoute trois réponses que j'ai faites à certaines personnes ayant réagi à l'article ci-dessus :
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    1 - Certains auraient honte d'avouer une telle tare. Moi je suis FIER d'apprendre aux gens normaux que j'ai des chances de toucher un "salaire" pour ma "démence" et le trompette d'ailleurs sans retenue. Pour moi ce serait le signe d'une réelle réussite : le triomphe de l'esprit individuel sur la bêtise du siècle.
    <o:p></o:p>


    2 - Ceux qui ne saisissent ni la portée ni l'éclat de mes mots me taxent de déséquilibré. Les beaux esprits qui savent discerner mes trésors izarriens me considèrent comme leur égal, voire leur supérieur. Ce qui est le cas pour certains d’entre vous. En reconnaissant que je les dépasse d'une tête, ces admirateurs de ma personne nous prouvent leur très haute intelligence.
    <o:p></o:p>


    Bref, seuls les beaux esprits se délectent de mon verbe. Les autres, ceux qui méprisent mon égocentrisme qu'ils assimilent à une stérile autosatisfaction, mes positions justes qu'ils qualifient sottement d'extrémistes, ma hauteur de vue qu'ils pensent chimérique, irréaliste, oiseuse, ceux-là ne voient en moi qu'un être inutile qui ne travaille pas, ne produit rien de palpable, ne rapporte aucun salaire. Leur vue reptilienne se borne à ce genre de considération "alimentaire". Et c'est très humain, je les comprends au même titre que je comprends les grognements des porcs pataugeant dans leurs excréments.
    <o:p></o:p>


    Mon psychiatre pour en revenir à lui, je le laisse faire son travail de psychiatre.
    <o:p></o:p>


    De deux choses l'une :
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    - Ou la psychiatrie est un art suprême consistant à débusquer les travers et tares humains, et selon cette psychiatrie je suis réellement malade.
    <o:p></o:p>


    - Ou cette discipline médicale comporte une part d'approximation, d'imposture, voire de franche hérésie, et ma « maladie » avec ses aspects si brillants est enviable.
    <o:p></o:p>


    Dans les deux cas je suis là pour éprouver la sagacité de mon psychiatre. L'enjeu n'est pas inconsidéré puisqu'il s'agira de m'attribuer ou de me refuser une pension d'invalidité, financée par le grand club des travailleurs qui selon moi sont les plus malades dans cette affaire (mais ce n'est là que mon point de vue "de l'autre côté de la barrière"...)
    <o:p></o:p>


    A noter qu'il y a deux siècles, avec ma particule et ma pensée, le roy m'aurait gratifié d'une pension à vie en plus de quelques autres privilèges pour "éclat d'esprit" et "hauteur de vue au service de ses frères humains". De nos jours les beaux esprits de mon espèce sont considérés comme des déséquilibrés. Cela dit il y a tout de même une justice en ce qui concerne les oiseaux d'envergure dont je suis la plus belle incarnation puisque la pension qui m'aurait été attribuée il y a deux siècles par le bon roy change simplement de nom dans notre société : aujourd'hui elle est appelée "AAH" (Allocation Adulte Handicapé).
    <o:p></o:p>

    3 - Je ne joue nullement le malade. Je n'aime pas la tricherie en ce domaine. Je suis RELLEMENT malade, du moins selon les critères actuels de la société.<o:p></o:p>


    Vous semblez ne pas avoir compris mon texte. Mon psychiatre a vraiment diagnostiqué des "troubles importants du comportement" chez moi. Je lui ai répondu que ce qu'il nommait "troubles importants du comportement", j'appelais cela "hauteur de vue". Il a acquiescé, ajoutant que j'étais libre de nommer cela comme je voulais. Il a également prétendu que cela semblait d'ailleurs constituer mon équilibre et qu'en vertu de ce fait il n'y avait pas lieu de me rapprocher de la norme, mon état ne présentant aucune inquiétude. Il me permettait juste de faire une demande de prise en charge médicale à cent pour cent. C'est un droit, non un privilège, aussi vais-je faire exercer ce droit, pour le bien de tous.
    <o:p></o:p>


    Si une pension d'invalidité m'échoit, en la dépensant chez mon boulanger, chez le pompiste ou chez mon professeur d'équitation, par mes efforts consuméristes je participerai à leur personnel essor. En faisant tourner la roue économique j'aurai mon utilité parmi les hommes, tout en me faisant plaisir.
    <o:p></o:p>


    Ce qui est très moral.
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     <o:p></o:p>

    772 - La bêtise canine<o:p></o:p>

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    On prétend que les chiens sont des animaux très intelligents. <o:p></o:p>


    Moi je les trouve stupides.
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    Quelle plus grande offense à l'intelligence, en effet, qu'un chien qui aboie bêtement pendant des heures pour un oui, pour un non ?
    <o:p></o:p>


    Et leurs maîtres qui ajoutent leurs propres cris de roturiers pour essayer de faire taire ces furies sur pattes, que c'est pitoyable !
    <o:p></o:p>


    Aucun chien au monde ne sait faire la distinction, pourtant très élémentaire, entre un facteur et un cambrioleur : aux deux il réserve sa morsure sans objet. Ou bien au contraire, à l'invité et au voleur il fait le même accueil caressant, habitué à sauter au cou de tout ce qui entre chez le maître. Ou à poursuivre loin dans la rue de sa hargne stérile ce qui en sort : homme, chat, vélo, papier dans le vent... Quand il n'affiche pas une olympienne indifférence pour l'humanité et toute la création, le gros toutou placide qui ne sert à rien et qui mange comme quatre !
    <o:p></o:p>


    Le chat est subtil, le chien épais. Le félin grimpe aux arbres, file sur les gouttières, côtoie les sommets, l'aboyeur rase le caniveau. Le mistigri sent bon la plume, la paille et l'aventure, le fils de Cerbère pue à faire vomir.
    <o:p></o:p>


    L'hôte des belles gens est distingué, discret, élégant, mystérieux, le gardien de maison de la plèbe est grossier, bruyant, trivial, sans surprise.
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    Les chiens ne me semblent faits que pour aboyer, mordre, chier sur les trottoirs.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Et, accessoirement, pour mesurer la bêtise, l'abrutissement ou la sénilité de leurs maîtres selon leur poids, leur race ou leurs taux d'aboiements.<o:p></o:p>

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    773 - La vie<o:p></o:p>

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    La vie c'est une humeur qui naît de l'air, de l'or qui n'a l'air de rien, une heure qui n'est pas leurre.<o:p></o:p>


    Miracle qui ne se nie, ni ne meurt, point qui demeure, plus léger qu'un mirage et pourtant plus grand que tout, telle est la vie. Indéfinissable dans le dictionnaire.
    <o:p></o:p>


    La vie c'est une racine qui plonge dans la lumière, s'abreuve d'infini, se nourrit de rien, se contente de l'Univers entier, et plus encore. La vie n'exige que l'impossible, laissant les miettes aux rêveurs.
    <o:p></o:p>


    La vie est un songe quotidien, une vérité dure comme un sommeil, un soleil imbibé de pluie, une pierre qui s'évapore, une neige sans fond, une flamme qui sort du lot. La vie c'est un crâne qui rit, l'amour qui pleure, l'eau qui réfléchit, le ciel en suspens... Mais surtout, un mystère à notre porte : l'éther sur terre, la matière qui déborde d'idées.

    La vie frappe l'esprit, caresse la peau, cogne les fesses. Et ne cesse d'étourdir les têtes...

    La vie ça fait aussi être, ça fait naître et ça fait paître. La vie est gratuite mais valant tout et n'importe quoi elle ne vaut plus rien puisqu'elle est égale à la poussière, aux astres, aux vers et au vent... C'est dire combien la vie nous est d'autant plus utile qu'elle ne sert à rien du tout, et plus on s'en sert, plus on en a envie. Et plus on la veut, moins elle est utile.
    <o:p></o:p>


    Et moins elle est utile, plus on l'aime, la vie.
    <o:p></o:p>

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    774 - La Beauté universelle<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    J'aime la beauté. La beauté innée des choses.


    Beauté des astres, beauté de l'Homme, beauté des éléments. De tous les éléments : des plus éclatants aux plus humbles. Même le fumier m'élève. Tout est mystère, grandeur, divine ingéniosité. Je regarde les choses avec hauteur et je vois leur lumière. Gloire de l'atome inextinguible, de la matière organisée, des êtres vivants... La beauté universelle se révèle à peu d'hommes. Par delà la sensibilité individuelle de chacun, l'araignée immonde pourtant est pure merveille. Merveille est la bactérie dont on ignore si elle vit, si elle végète. Merveille, le brin d'herbe côtoyant le chêne et qui l'égale en profondeur.


    La particule de sable inerte est aussi énigmatique que la dynamique synapse humaine. A l'échelle de la Création tout se vaut, tout est égal car l'univers entier est un permanent, immense, insatiable miracle.


    La sphère, la flamme, l'éther, le souffle, la pensée, les chiffres, les impalpables principes : les formes de la beauté se manifestent dans toutes les directions de l'Univers. Et au-delà.


    Le monde est gouverné depuis des hauteurs qui ne se mesurent pas : ses lois sont puisées dans l'infini, ses inventions inspirées par une folie sans limite. Ce qui nous semble simple est impénétrable. Le moindre atome nous dépasse et cependant l'Univers est à nos pieds.


    En effet, l'Homme n'est-il pas le fruit pensant de cet Univers ? Par la seule pensée nous appréhendons le Tout, en un éclair. Avec quelques synapses nous intégrons le monde et tout ce qu'il contient, et ne contient pas. Une étincelle dans la tête, une immatérielle lueur capable d'englober la Création, notre pensée y compris.


    Lorsqu'on est conscient de cela, comment ne pas s'émerveiller devant le vermisseau, l'azur, la vache, l'hydrogène, l'onde, le cri de l'autruche, le temps, la cendre, le vol de la mouche ?

     <o:p></o:p>

    775 - L'effet bière<o:p></o:p>

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    La sève féconde me caresse le gosier, embrase mon âme, met de l'artifice dans mon coeur qui se noie, se noie...<o:p></o:p>


    De mous éclairs d'ivresse traversent ma conscience. La bière est un fluide cosmique, la pisse des étoiles, le sel de l'esprit, l'eau des dieux.
    <o:p></o:p>


    Je nage en plein bonheur, buvant à lentes gorgées le vin jaune de l'orge. Le soleil qui me coule dans la gorge, c'est l'or de l'esthète, le chant de la muse : le breuvage doré me confère de la plume et me donne des ailes.
    <o:p></o:p>


    Sous l'onction olympienne - flamme liquide qui m'imprègne et me chauffe - je m'élève en délectable direction, volant vers des champs de mots pleins de rimes sages et de prose folle.
    <o:p></o:p>


    Ici l'herbe devient verve. Là, le verbe est vin et le vers est bleu.
    <o:p></o:p>


    Et le verre, jaune. Toujours.
    <o:p></o:p>


    Quant au rêve, il est de mise.
    <o:p></o:p>


    La bière, ce miel qui pique, cette lumière qui se boit, cette idée divine dont on a fait une essence est une encre céleste avec laquelle j'écris ces mots.
    <o:p></o:p>


    Buvez-les vous aussi, mes mots. Ils vous donneront des pensées légères et des vues profondes.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    776 - Prise de bière<o:p></o:p>


    Un verre de bière m'attend.


    En portant à mes lèvres l'ampoule brune, il me semble descendre dans un fût au bois séculaire. Les vapeurs délicieusement rances imprègneront bientôt mon cerveau...


    Tandis que les bulles amères et sucrées se dissolvent dans ma gorge, l'onde qui imbibe mes voies nobles s'évapore mollement dans mon âme. A la dixième gorgée, des astres se présentent à moi avec des politesses d'un autre siècle. Je les vois, ils me tournent autour en me faisant des signes empreints de majesté. Leur danse hypnotique m'entraîne vers des hauteurs soudaines : mes pas deviennent des sauts et je vole.


    Mes ailes débordent de mon verre et je me noie dans l'air. Et je ris d'un rien. Et je me fous de tout.

    Alors que la bière coule en moi, je monte aux étoiles, m'en prends aux dieux romains, grecs, latins, enfin je veux parler de ces drôles de rois qui gouvernent les buveurs, et je descends des escaliers galactiques, me prends les pieds dans un tapis de brume, tombe dans un tas de chimères.


    Je me relève, perds l'équilibre, retombe dans mes nues, la semelle pénétrée de joie, le coeur humecté d'éther. Le houblon parfume mon ciel. Sa voûte ouatée est ambrée, chaude, généreuse. Je ne monte plus, je flotte.


    Le temps de trois autres gorgées.


    Puis lentement je glisse, je succombe, je sombre, je m'endors, je rêve.


    Non, je ne rêve pas. Je suis ailleurs. On me parle, je balbutie. En fait je ne sais plus.


    Je dois être en train de picorer des constellations, de faire sonner quelque clocher ou de courir je ne sais quel gibier fabuleux. Bref, je suis saoul, je suis plein, je suis rond.


    Fier d'être mort... Non, mort de bière. Enfin je veux dire livré de bière, rire de mort. Ou à peu près cela... Quelque chose comme ivre de mort, fier de vivre.


    Ou peut-être mis en bière.

     <o:p></o:p>

    777 - Buvez !<o:p></o:p>


    Le vin vaut bien vingt dieux, deux ou trois faux pas et quelques jurons !
    <o:p></o:p>


    Buvez car la vigne n'est pas mauvaise pour le coeur assoiffé. Buvez, des lutins dorés vous descendront dans le gosier. Buvez surtout de peur de vous noyer dans une eau qui nécessairement sera plate.
    <o:p></o:p>


    Buvez, humains. Buvez, chiens que vous êtes ! Buvez, braves braillards ! Votre joie vous sanctifie, fait de vous des hommes. L'ivresse est bonne, saine, féconde : elle délie les langues, rosit la sombre mélancolie, rallume les âmes. Et inspire toutes les natures.

    Le breuvage alcoolique bonifie les caractères, allège les idées et adoucit même les crapules. Ce qui fait tourner les têtes fait monter les âmes.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Il n'y a que les fous qui chantent sous l'eau de pluie.<o:p></o:p>


    Et vous les abstinents buvez plus que les autres car en vérité je vous le dis, le salut de votre gorge asséchée est dans la bière, le petit rosé et l'eau-de-vie.
    <o:p></o:p>


    On prétend que le vin rend méchant, sot, imprudent. Fadaises ! Les corrompus, les ânes, les écervelés, ce sont les buveurs de lait ! Ces mesquins ne connaissent pas l'or de l'esprit. Méprisant les hauteurs éthyliques, ils ne sont jamais dans le secret des dieux de la bouteille. Ce bonheur à portée de lèvres, ils le boudent pour un oui, pour un non. Et ils meurent un jour. Sans feu, sans joie, sans bruit.
    <o:p></o:p>

    Imbibés d'eau. <o:p></o:p>


    Et ils font un petit plouf ! Et ils appellent cela "dignité"...
    <o:p></o:p>


    Tandis que le buveur, hydraté avec l'onde dorée, brune ou verte, meurt à voix haute, la tête la première, le souffle vif, le coeur battant.
    <o:p></o:p>


    Et fait un magnifique plongeon.

     <o:p></o:p>

    778 – Jean-Louis Costes<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Je ne connais Costes que par échos, bribes d'interviews, rumeurs. Je n'ai pas lu ses oeuvres littéraires. J'ai juste aperçu des extraits de ses "opéras" outrageants... Je ne me suis jamais penché sérieusement sur ses productions artistiques, cependant je sens chez lui certaines profondeurs propres au mystique. Profondeurs qui ne sont pas nécessairement hauteurs... N'importe ! Chez lui il y a une consistance, une énergie qui sans être tout à fait sacrée n'a rien de profane pour autant. Disons qu'il serait sur la voie, en chemin vers l'éblouissement. Certes moi non plus je n'aime pas du tout son côté glauque, scatologique ou prétendu tel, enfin toutes ses outrances répugnantes, mais après tout je me dis que cette apparente ordure est secondaire. Peu importe l'odeur de fumier qui se dégage de ses oeuvres, finalement je ne le trouve pas si choquant que cela tant que je ne m'arrête pas à mes premières impressions, superficielles. Ses tableaux scéniques, aussi misérables et décadents puissent-ils paraître ne sont que les supports trompeurs et anecdotiques -et peut-être même maladroits- de ce qui brûle en lui. L'essentiel chez lui, me semble-t-il, n'est pas dans cette esthétique dégénérée. L'important, c'est cette flamme qui l'habite. Ce feu qui le porte toutes ailes déployées là où peu d'entre nous accepteraient de poser ne serait-ce que le bout de la semelle. <o:p></o:p>


    Avec Costes ne nous arrêtons surtout pas aux apparences. Le personnage mérite mieux que notre mépris mondain.
    <o:p></o:p>


    Derrière cette façade d'excréments, de scandale, je sens chez lui une pureté, un éclat, une beauté supérieure, non pas sottement esthétique mais plus universellement -et plus simplement- mystique. Son parcours fangeux me fait songer à un cheminement vers le divin. La merde n'empêche pas la lumière. Il n'y a que les froids, hautains et frileux contradicteurs aux fronts délicats, aux dentelles fines et aux pensées molles qui font les dégoûtés-révoltés devant Costes. Face à lui ils font les caniches de salon. Ils parlent de lui depuis leur hauteur de petits insectes secs et dignes, bien propres sur eux, ne daignant baisser leur vue ni la lever au-delà de leur horizon lustré. Attitude bornée, confortable et lâche que j'adoptais moi aussi, au début. Mais Costes la bête, Costes l'ogre est aussi et surtout Costes l'Homme. L'Homme sous tous ses aspects : l'humanité totale, paradoxale, révoltante et glorieuse. Du bébé angélique au moribond crapuleux, de l'individu au collectif, de l'ordinaire au monstre, de l'insignifiant au génie, de l'insipide au vomitif, bref l'humanité de la terre, de notre terre, de notre temps, l'humanité de "notre monde". Et non l'humanité indolore, incolore, flasque, insensible et irresponsable de ces livres d'images bêtes que nous avons dans la tête.
    <o:p></o:p>


    L'astre et la pourriture, la fange et le cristal, la cendre et la chair, le sang et la fleur, tels sont les trésors flatteurs et dérangeants que porte en oui cet infréquentable champion de l'indicible.
    <o:p></o:p>


    Costes incarne magistralement et avec une insupportable sincérité les paradoxes odieux du monde et de l'homme, entre abîmes et sommets, entre "gouffres sans issue" et céleste essor. Là où nous fermons les yeux, il ouvre les siens. Nous détournons le regard de la mare humaine, il y plonge son âme. Parcours christique, cheminement rédempteur, explorations abyssales de l'âme... Costes n'est-il pas descendu dans nos enfers cachés pour mieux s'en extraire à présent que le fond a été atteint ?
    <o:p></o:p>


    Avec sous ses pieds ces tonnes d'engrais malodorant (qui n'est à mon sens que la simple illusion de celui qui n'a qu'une vue partielle des choses), que peut-on attendre d'autre de Costes qu'une montée fulgurante et extatique vers lui-même, doté depuis toujours de ce que je soupçonne être des ailes ?
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    779 - La société d'abrutissement<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    En parcourant les centaines de chaînes de télévision accessibles grâce aux technologies numériques, on a un aperçu édifiant de l'état pitoyable des sociétés du monde occidental. <o:p></o:p>


    Même les sociétés orientales (que l'on aurait pu croire à l'abri des séductions superficielles) à force de singer nos travers et aberrations se corrompent dans les bassesses qui forment nos normes. A travers leurs chaînes de télévision elles offrent le même spectacle affligeant. Désormais Occident et Orient se ressemblent de plus en plus, le premier exerçant sur le second une imbécile influence. A travers la télévision -un des plus immédiats reflets de l'âme des sociétés citadines-, la vulgarité, la médiocrité, la bêtise, la laideur, l'insignifiance sont les ingrédients essentiels -on ne change pas une formule qui marche- pour l'assouvissement des masses. Les cruels jeux du cirque ont, il est vrai, été abandonnés depuis des siècles. A la place on a adopté la bêtise.
    <o:p></o:p>


    On s'est détourné du sang pour se vautrer dans la vomissure.
    <o:p></o:p>


    Certes, parmi ces centaines de chaînes de télévision diffusant des programmes tous semblables dans l'ineptie, l'inconsistance, voire la profonde débilité, il en existe de bonnes, voire d'excellentes.
    <o:p></o:p>


    Elles sont rares.
    <o:p></o:p>


    La grande majorité des chaînes européennes, asiatiques, africaines ne diffuse que du vent, de la lavasse et beaucoup de ronds de fumée, le tout emballé dans un "format-concept" plein de couleurs très vives agrémentées de rires hystériques et maints autres artifices crétinisants. Ne parlons même pas de l'Amérique du Nord : dans la course à la stérilité, il n'y a pas de plus grand champion.
    <o:p></o:p>


    Bref, ces télévisions déversent sur les populations moyennes -par définition faibles, malléables, peu exigeantes- ce que les spécialistes du marketing de masse (les mêmes qui semblent être à la tête de ces chaînes) nomment pudiquement du "divertissement".

    C'est qu'il s'agit de vendre de la lessive et du coca-cola à des millions d'abrutis qui s'ignorent, les mêmes hélas qui iront voter... Ou pire, qui seront élus maires de leurs villages !

    Dans ce monde frelaté, repeint en rose et bleu par les gourous des causes mercantiles qui ont élargi leurs nuisances jusque dans le domaine public (agressions publicitaires sur la voie publique), tout est spectacle, même la laideur.
    <o:p></o:p>


    Surtout la laideur.
    <o:p></o:p>


    Le rire à but vénal, la consommation superflue, l'exploitation mentale des moins lucides, le viol intellectuel des plus vulnérables, l'infantilisation de tous, la culture intensive du divertissement forment ce que j'appelle une société de total abrutissement.

    La nôtre.

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    780 - Les sites payants de rencontres, mirages pour abrutis<o:p></o:p>

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    MATCH.COM, pour prendre ce seul exemple, fait partie des grands sites payants de rencontres dont les membres sont représentatifs de tout ce que le WEB peut compter de minables de base et autres petits mâles inconsistants capables de débourser une vingtaine d'euros -voire beaucoup plus selon le degré de leur imbécillité ou la profondeur de leur bêtise- pour s'offrir de pâles illusions d'aventures donjuanesques...<o:p></o:p>


    Ces minus qui s'inscrivent par milliers ont vraiment l'air de croire aux boniments de ces invisibles marchands de vent... Sinon ils ne paieraient pas pour s'inscrire sur ces sites, c'est l'évidence même. La preuve par le paiement de leur ineptie, voire de leur misère psychologique ! D'ailleurs ils s'imaginent naïvement que parce qu'ils payent, ils auront droit à une de ces poupées irréelles, plus ou moins numériquement retouchées, postées à l'entrée de ces sites pour appâter le gogo.
    <o:p></o:p>


    Sous prétexte que ces pigeons engraissés de partout (depuis les artères jusqu'au coeur en passant par la cervelle) ont pris l'option payante leur offrant divers avantages et promesses tous frelatées, ils sont persuadés qu'ils auront plus de chance que les non-inscrits de rencontrer une de ces déesses vulgaires qui les font tellement rêver tout au long des jours ordinaires de leur existence de minables.

    Ces créatures crapuleuses parfaitement stéréotypées et au sourire frauduleux, toutes faites de toc et de faux serments, sont des Graal informatiques à la hauteur de leurs rêves de petits mâles bedonnants. Ils y croient tellement à ces sourires fabriqués, ils sont si certains qu'une de ces bombes virtuelles leur tombera potentiellement sous la souris dès que leur inscription "privilégiée" sera validée qu'ils n'hésitent pas à payer cette inscription, et au prix fort...
    <o:p></o:p>


    Qu'ont-ils dans la tête ces anti-séducteurs, ces pitoyables crétins qui pensent pouvoir s'acheter des liaisons et même d'idéales histoires d'amour grâce à leur carte de crédit ? Et même qui se persuadent que leur chance de pouvoir compter fleurette à de dociles écervelées toujours promptes aux délices de la chair sera proportionnelle à la somme qu'ils se seront fait débiter en ligne ?
    <o:p></o:p>


    Les vrais gagnants de ces arnaques légales sont comme toujours les créateurs de ces sites payants qui ont, il faut au moins leur reconnaître cette prouesse, l'art de faire croire au mâle moyen plus ou moins insignifiant que d'insatiables femelles à la toilette clinquante (et aux charmes douteux, du point de vue de l'esthète) vont se jeter dans ses bras après une ou deux conversations insipides sur les forums de ces sites à péage...
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     <o:p></o:p>

    781 - L’androgyne<o:p></o:p>

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    Son charme indécis en effraie certains. <o:p></o:p>

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    Il fascine, scandalise, éveille des passions inédites, provoque d'hypocrites répulsions, fait se détourner les regards ou au contraire les attire. Et déclenche aussi des rires.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    On déteste ce qu'il a d'ambigu, chérit ce qu'il a de différent. Paradoxal, fantasmagorique et pourtant semblable à tous, il inspire les plus délicates nuances de l'amour.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ou de la haine.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Sa beauté suspecte intrigue, inquiète, enflamme : l'essentiel chez lui, il faut le lire entre les lignes. Son visage est une grêle vernale, un rocher aux angles lisses, une plaisanterie pleine de gravité. Sa mâchoire est carrée, son front dur, son corps viril. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ses sourires de femme font toute la différence.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Douteux, énigmatique, presque maléfique, l'androgyne est un ange entre l'enfer et le Ciel : les uns vacillent sous son ombre, les autres s'élèvent sous ses feux. Il charme les brutes, irrite les esthètes, corrompt les chastes, converti les débauchés. Ami de la vertu, il est entouré de curés pédérastes, d'épouses aussi dépravées qu'épanouies et de mystiques éphèbes. Est-il vierge ? Est-il sodomite ? Seule certitude : son âme est intacte. Ni mâle ni femelle, elle plane au-dessus des hommes et des femmes, ne s'attachant qu'au principe supérieur de l'amour, flamme qu'il semble toucher de son aile.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Partagé entre le soleil et la lune, tiraillé entre Mars et Vénus, l'androgyne à la voix de pastel est dans le secret des sexes. Entre le Cosmos et la fleur des champs, quelle différence ? Ses traits reflètent ce que vous êtes, ce que je suis, l'autre, nous, eux. Tous. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Rassemblant ce qui est séparé, identifiable et confus, alliant le noir et le blanc, à la fois différent et commun, le plus grand mystère de l'androgyne c'est qu'il donne un visage trouble à l'universel.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    782 - L'étable des morts-vivants<o:p></o:p>

    (Texte biographique.) <o:p></o:p>


    Midi sonne dans la salle à manger de l'hospice.
    <o:p></o:p>


    Le centre est spécialisé dans le "traitement" de la vieillesse défaillante. Pour dire la vérité, c'est tout simplement l'antichambre de la mort. On est loin des refuges dorés pour vieillards fortunés. Ici on accompagne les grabataires, pour certains démunis. Ou presque.
    <o:p></o:p>


    C'est l'heure du déjeuner, midi sonne disions-nous.
    <o:p></o:p>


    Moi, jeune stagiaire de vingt-cinq ans qui découvre sur le tas le métier d'auxiliaire de vie, j'observe. Je suis nouveau, inexpérimenté, curieux. Resté à distance dans un angle de la vaste salle à manger de l'hospice, j'observe la scène qui -je ne le sais pas encore à cet instant- me marquera profondément pour le reste de mes jours.
    <o:p></o:p>


    Le spectacle qui est en train de se dérouler sous mes yeux est pour moi seul : le reste du personnel soignant, que je suppose habitué à la chose ou tout simplement bien trop pris dans son labeur pour prêter attention à ce genre de vision subtile et fulgurante, me semble parfaitement étranger à ce que je considère encore aujourd'hui comme la plus impressionnante "pièce de théâtre grandeur nature" à laquelle j'ai pu assister de toute ma vie. Les soignants font d'ailleurs eux-mêmes partie intégrante du tableau.
    <o:p></o:p>


    Je suis donc le seul pour qui la scène se joue. A l'insu de tous.
    <o:p></o:p>


    Lentement, progressivement, la scène apparemment anodine se construit, s'élabore pour prendre bientôt des allures magistrales, dantesques, quasi bibliques. Et ce n'est plus un simple fait du quotidien que je vois, ce n'est plus une scène banale, insignifiante qui s'offre à ma vue...
    <o:p></o:p>


    C'est un drame. C'est une toile de Caravage. C'est une leçon de vie et de mort.
    <o:p></o:p>


    Effaré, ému, subjugué, incrédule, découvrant un aspect inconnu de l'existence humaine, je reste dans mon coin à observer.
    <o:p></o:p>


    Voilà ce que je vois :
    <o:p></o:p>


    Comme surgit de nulle part, au son de la cloche une troupe claudicante de petits vieux décharnés s'avance avec mollesse, désespoir, infinie lenteur vers les tables... Un sombre, funèbre, sépulcral cortège de vieillards en "expédition alimentaire".
    <o:p></o:p>


    Certains cheminent affaissés dans leur fauteuil roulant d'un autre âge, poussés par des infirmiers ou secondés par leurs compagnons d'infortune eux-mêmes invalides, d'autres -avec ou sans béquilles- arrivent au bras d'un infirmier. Rares sont ceux qui marchent sans aucune aide. Tous sont voûtés, sinistres, saisis de stupeur.
    <o:p></o:p>


    Que le chemin est long pour aller se restaurer !
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Vue cauchemardesque sur le monde de la vieillesse ! Des visages à faire peur, des corps usés, un rythme au ralenti extrême. Une marche solennelle et pitoyable de centenaires avec leurs petits pas de reptiles ridés... Une procession de morts-vivants convergeant vers les assiettes fumantes... (L'image, effroyable, romantique, cruelle mais aussi profondément humaniste restera à jamais gravée en moi.) <o:p></o:p>


    Le tout dans un silence de mort.
    <o:p></o:p>


    C'est cela le plus impressionnant, c'est le silence. Ce silence -terrible, effrayant- qui n'est que l'écho atténué du Silence qui bientôt viendra refermer les yeux de ces tortues ternes et tristes qui se meuvent avec une mortelle léthargie.
    <o:p></o:p>


    Fantômes hors du temps, oubliés du reste du monde, ces êtres font partie d'une autre réalité, tragique, universelle, où l'ombre de la mort recouvre plus de la moitié de leur face. Et qui fait qu'ils deviennent invisibles à notre monde.
    <o:p></o:p>


    Et comme je suis le seul à les voir, ces êtres devenus invisibles au monde, je continue de les observer au fond du réfectoire, fasciné, muet, interdit.
    <o:p></o:p>


    Ces ruines de chair et épaves d'esprit ignorent qu'en retrait dans un coin de la salle une jeune âme émotive mais lucide qui a toute sa vie d'homme à faire les regarde se traîner lamentablement vers leur destin finissant, enregistre l'instant pour toujours...
    <o:p></o:p>


    Comment pourrais-je, en effet, oublier cette marche cérémonieuse et misérable, pittoresque et macabre de gérontes boiteux et accablés vers un repas sans joie ?
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    783 - Les silhouettes<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Les hommes sont des silhouettes qui traversent les siècles, des ombres animées sur l'immuable fond cosmique.<o:p></o:p>



    Les humains avec leur destinée individuelle deviennent d'anonymes insectes quand, assis à côté du philosophe, on les observe depuis les hauteurs du Théâtre. C'est bien connu, la prise de distance donne de l'acuité.
    <o:p></o:p>


    Ainsi François Dupont, parisien cinquantenaire inconnu du XIXème siècle avec ses humbles drames et ses petites gloires, avec ses "petits blancs" dominicaux et ses pot-au-feu du mardi n'est plus qu'une ombre parmi les milliards d'autres enfouies sous la terre, recouvertes par le temps, perdues, oubliées des vivants. Ce François Dupont est le passant sans visage, la personne sans nom aperçue avec des milliers d'autres sur telle ou telle pellicule de film tournée au début du XXième siècle.
    <o:p></o:p>


    Sur ces vieux films datant des années 1900 où apparaissent des scènes de rues, les passants aux traits indistincts apparaissent tous identiques sur la toile de fond. Vainement je tente de les identifier, de leur donner un nom, d'imaginer leur destin individuel... Et je me rends compte que ces silhouettes uniformes, ces têtes d'une autre époque reproduites sur le même modèle, ces milliers de moustaches sur ces visages tous semblables, c'est moi, c'est vous, c'est nous.
    <o:p></o:p>


    Nous nous croyons "mieux" (c'est à dire plus individualisés) que ces anonymes qui traversent la pellicule et dont les tombes, pour la plupart, ne sont plus que pierres effondrées aux épitaphes érodées au fond de nos vieux cimetières, et pourtant nous aussi nous sommes des ombres, nous aussi nous sommes les insignifiants anonymes des observateurs de demain en dépit de nos vanités de "gavés de technologie", de nos certitudes clinquantes et imbéciles d'internautes moyens. Éblouis par nos écrans, nous nous croyons à l'abri de l'Ombre...
    <o:p></o:p>


    Nous sommes tous des François Dupont.
    <o:p></o:p>


    Tous des silhouettes furtives dans la grande, inaltérable, immémoriale arène cosmique.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    784 - L’homme vieillit comme un chêne<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Comme je l'ai déjà écrit à maintes reprises, de manière générale, aux abords de la cinquantaine la femme devient sexuellement, esthétiquement et socialement repoussante, aux abords de la soixantaine, crapuleuse voire franchement répugnante, passée cet âge elle est invisible, insignifiante. Quand elle n'est pas purement et simplement méprisable, pour peu que sa laideur croissante n'entraîne la bêtise et la méchanceté.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Il m'en avait fallu du courage pour écrire les âpres vérités qui fâchent ! <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    C'est pourquoi aujourd'hui je vais m'attarder avec sérénité sur l'homme vieillissant. Un sujet qui m'est cher : je sais que ces vérités-là ne chagrineront point les lecteurs. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    C'est à partir de cinquante ans que le mâle entre dans l'âge d'or de son existence, ce qui coïncide exactement avec l'âge de l'entrée de la femme dans sa déchéance. A partir de la cinquantaine plus l'homme vieillit, plus il rayonne. Et plus il rayonne, plus il s'élève, s'approfondit, s'allège, s'éclaircit. C'est bien connu, l'homme embellit avec les ans. Que l'on me pardonne cette banalité, mais elle est si vraie, si belle et si juste que l'on a tendance à l'oublier. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    En bien des points le cinquantenaire est préféré à ses cadets. Le soixantenaire plaît aux jeunes femmes. La barbe argentée de soixante-dix ans séduit l'âme verte. Le vieillard qui n'a plus d'âge, quant à lui, agrée aux dieux. Plus l'homme avance en âge plus il charme, impressionne, fascine. Chez lui le nombre d'années fait la loi, les qualités, la séduction. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L'homme avec les années devient seigneur, prince, roi. Et d'un regard foudroie une femme.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L'âge rend l'homme meilleur, volontaire, viril, plus vivant. L'intelligence qui s'enracine en lui ennoblit sa face. Ses rides sont belles, ses claudications solennelles, ses allures graves et supérieures. Et quand il rit, le patriarche a la femme à ses pieds. N'importe quelle femme car enfin, répétons-le, l'homme vieux est beau, fort, instruit, irrésistible. C'est pourquoi l'homme ne doit pas craindre la vieillesse. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Dieu a fait naître la femme belle, mais a dégradé son éclat en la faisant vieillir. C'est le modèle floral.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Tandis que, sur le modèle de l'arbre, il a mis plein de grâces dans les rides de l'homme.

     <o:p></o:p>

    785 - La soumission naturelle de la femme<o:p></o:p>


    La femme naît soumise. Son destin est d'être enchaînée à la virile autorité. Malheureusement la société a perverti la femme, avec la complicité du mâle dévirilisé.

    Notre monde occidental obsédé d'égalité et de modernité nie bêtement ce principe naturel. Ainsi la femme dénaturée se croit libre sous prétexte qu'elle vote, conduit, boit, fume, jure, crache... Or la vraie liberté de la femme est de se contenir sous la coupe de l'homme. La femme n'est véritablement femme que lorsqu'elle ne sort pas de son rôle, qu'elle demeure sur le trône où l'a placée sa naissance : à mi hauteur entre le mâle et la casserole.
    <o:p></o:p>


    Quoi de plus détestable, de plus vulgaire qu'une femme qui ignore les préceptes les plus élémentaires du savoir-vivre et qui se rebelle contre les lois cosmiques ? Une femme de classe sait se taire, se placer dans l'ombre pour laisser la lumière éclairer son maître. La femme digne de ce nom aime faire valoir son seigneur. Je sais bien que, à l'heure où tout le monde trouve normal que la femme moderne -que j'appellerais volontiers "dégénérée"- cherche à humilier l'homme au lieu de lui faire honneur, mon propos semblera insupportable...
    <o:p></o:p>


    La société est à ce point corrompue par la dictature de la vulgarité féminine, par l'hystérie générale faite autour de l'égalité contre nature des sexes, que prétendre que la femme doit élever l'homme et non l'écraser, le célébrer et non le maudire, le servir et non l'opprimer passe pour un crime aux yeux de la plupart des gens !
    <o:p></o:p>


    La femme de par la volonté céleste, terrestre, cosmique et même atomique est soumise à l'homme de la même façon que la lune est soumise à l'attraction de la Terre.

    Toutes les femmes sont soumises.
    <o:p></o:p>


    Beaucoup l'ignorent tant notre société frileuse, molle, éprise de nivellement envers les êtres (qu'elle appelle "égalité") a formaté leur cervelle dans le sens du sexuellement faux. Certaines se croient autonomes, insoumises, libres parce qu'elles gagnent leur vie seules, vivent en solitaire, ont remplacé la présence souveraine et magistrale de l'homme par un vulgaire salaire. Voire son phallus par une prothèse en plastique qu'ont réussi à leur vendre des professionnels du marketing exploitant le filon de la "femme libre". Bref, loin de l'autorité de leurs seigneurs et maîtres, les "femmes libres" mènent des existences vides qu'elles meublent avec de la vanité.
    <o:p></o:p>


    Elles ont beau arborer des apparences de liberté triomphante, dans le secret de leur âme elles restent des femmes, fondamentalement. Même si elles l'ignorent, s'en défendent, se rebellent. Le mensonge social ne résiste pas devant la force, l'éclat, l'évidence de la Nature qui dicte à la femme ses lois justes, belles, vraies.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Il suffit juste que la femme cesse d'alimenter son sot orgueil, renonce à adopter les modèles artificiels de cette société pour que la nature sur elle reprenne ses droits et que tout aille pour le mieux dans le plus ordonné des mondes.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    786 - La contamination des sexes<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Le commerce charnel de mes contemporains est à l'image de cette société d'impuissants chimiquement assistés, d'homosexuels pleurnichards et de mâles culturellement castrés : incolore.<o:p></o:p>


    Le romantisme citadin parfaitement niaiseux d'influence médiatico-cinématographico-publicitaire a corrompu les rapports amoureux de millions de couples moralement avachis. Jusque dans l'intimité des hyménées, au fond des secrètes alcôves cette idée frelatée de l'amour -fabriquée de toutes pièces par les marchands de lessive et également colportée par Hollywood- s'est imposée dans notre civilisation d'eunuques.
    <o:p></o:p>


    La soupe aux navets est devenue la norme.
    <o:p></o:p>


    Les Vénus redoutables, amantes originelles, hôtes superbes et vaillantes de l'Olympe ont disparu. Cette société de castrats frileux a fait de la femme une ménagère, une écervelée éprise de "partage amoureux", une poire aspirant à des "moments sublimes", une idéaliste d'opérette en quête de niaiseries érotico-égalitaires et de contacts protégés, d'échanges hygiéniques...
    <o:p></o:p>


    Le mâle quant à lui est devenu un coquet. Un douillet. Un scrupuleux à l'écoute des "revendications féminines". Bref, un coquelet épilé qui sent le parfum de la crête à la plume finale. Le prince charmant ne pique pas, ne transpire pas, ne crache pas. Mais pleure. Bien entendu il sera émasculé, depuis le cerveau jusqu'aux ongles des pieds qu'il aura, éventuellement, finement oint de vernis.
    <o:p></o:p>


    Notre société a inculqué à ses membres ramollis une image parfaitement dénaturée de l'amour et du plaisir. Il en ressort une culture érotique polluée par le bavardage publicitaire et médiatique se manifestant par une sorte de mélasse relationnelle insipide où humanisme de salon et pratiques lénifiantes se côtoient pour un résultat "politiquement édulcoré". Ce qui fait que les vrais mâles sont entourés de dindes aseptisées pleines de chimères "romantico-lessivières" dans la tête, la mentalité pervertie par les "contes de comdom" et les histoires d'égalité des sexes, de féminisme, de partage, de respect, de tendresse...
    <o:p></o:p>


    Egalité des sexes, partage, respect, tendresse : principes élémentaires de la relation amoureuse, prétendront les efféminés.
    <o:p></o:p>


    Faut-il que tonne plus fort la voix virile de la vérité, qu'elle couvre le sifflet de leur hérésie, qu'elle les fasse trembler, ces moineaux, ces vaincus-nés ? Le vrai mâle, celui dont on n'a pas encore bagué les doigts de pieds, lui prétend que ce sont là des moeurs intimes à la sauce urbaine, pitoyables. Des bêtises inconsistantes issues de cervelles de poulets. Des sornettes inventées par des esprits châtrés contaminés par la publicité, le cinéma et les médias !
    <o:p></o:p>


    Edulcorants hollywoodiens alliés aux antiseptiques cérébraux, ainsi est composée la soupe aux navets évoquée plus haut.
    <o:p></o:p>


    Cette conception de l'amour totalement indigente -aux antipodes de la flamme charnelle ardente- initiée par les vendeurs de fromage blanc et de poudre à laver est devenue le lieu commun de l'homme et de la femme d'aujourd'hui. Comment s'étonner après si des femelles élevées aux "idées chimiques" et qui ont par conséquent grandi avec des habitudes contre leur nature dans le culte de l'insignifiance amoureuse, non contentes de rêver stérilement de "partage", de "moments sublimes" comme elles disent si sottement, réclament concrètement ce genre d'imbécillités quand un mâle, un vrai, daigne honorer leur petitesse congénitale ?
    <o:p></o:p>


    Ces dindes farcies de balivernes inodores, pétries d'idéal conjugal standard déclarent avec un air éthéré de circonstance que le sexe est sacré, que le plaisir des sens est un temple, que l'accouplement humain a une dimension quasi religieuse !
    <o:p></o:p>


    La vérité, c'est que ce sont les vendeurs de Coca-Cola de Hollywood qui ont sacralisé le sexe afin de mieux vendre leur jus ! Ils auraient pu sacraliser les betteraves à sucre, les roues de brouettes, les tuyaux d'échappement des tracteurs ou les orteils des eunuques sénégalais, mais ils ont choisi le sexe car c'est ce qui fait le mieux vendre.
    <o:p></o:p>


    C'est même un blasphème que de sacraliser ainsi le sexe car c'est l'esprit qui devrait être sacralisé et non les instincts de reproduction ! Nous avons été contaminés par les vendeurs de soupe. Ils nous ont inculqué leurs valeurs mercantiles outrancières au point que l'on s'est insidieusement mis à penser selon leurs normes. Ce qui est réellement sacré, c'est la pensée, l'esprit, la réflexion, l'âme et non le sexe. Si on accepte de sacraliser ainsi le sexe, pourquoi alors ne pas sacraliser le plaisir du manger, les nécessités de la défécation ou l'inanité du bavardage insipide ? Ce sont aussi des actes naturels à l'homme...
    <o:p></o:p>


    Après les bagnoles, les lessives, les pots de yaourt, ce sont les téléphones portables qui ont été "sexualisés" par les professionnels du marketing.
    <o:p></o:p>


    La femme est devenue un menu volatile et l'homme un gros mulet.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    787 - Différences fondamentales entre l'homme et la femme vieillissants

     <o:p></o:p>

    La femme est sotte, faible, hystérique, l'homme est grand, fort, sage.<o:p></o:p>


    La femme dépense, l'homme achète. La femme ignore, l'homme apprend. La femme est belle, l'homme pense.
    <o:p></o:p>



    Entre l'homme et la femme les différences s'accentuent encore plus lorsqu'ils prennent de l'âge. Tandis que l'une vieillit purement et simplement, l'autre s'ennoblit.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La femme avec l'âge blanchit, devient cendreuse, perd ce qui faisait, plus jeune, son principal intérêt : l'éclat. L'homme tout au contraire mûrit idéalement avec les ans, prend de la valeur en s'argentant. Lorsque la première entre dans la plus infâme décrépitude physique et mentale, le second devient un marbre, un socle, un mythe. L'homme se déifie pendant que la femme s'amenuise.<o:p></o:p>


    La femme est une poule d'eau, l'homme un lion.
    <o:p></o:p>


    De la tête aux pieds l'homme de grand âge est noblesse, hauteur, force. Il sourit comme un seigneur, mange avec des grâces célestes et viriles, détaché des choses vulgaires avec grande classe. Digne, beau, magistral, exquisément intemporel dans sa toge aux plis esthétiques (car le vieillard porte le linge blanc avec une naturelle élégance pleine de simplicité et d'authenticité), l'homme âgé impose le respect. Le mâle qui a vécu a le front antique, ses allures sont olympiennes, ses pensées profondes, radieuses... Et quand il parle, de ses lèvres marmoréennes sortent des sentences immortelles.
    <o:p></o:p>


    La vieillarde n'est que petitesse, mesquinerie, avarice, acrimonie, charogne hurlante, parfaite abjection, objet de répugnances et sujet de moqueries. Mais surtout elle est
    <o:p></o:p>

    l' image sordide, immonde de l'originelle beauté gâtée par le temps. La femme vieille incarne la marche inéluctable de Vénus vers les gouffres de Vulcain.<o:p></o:p>


    Le patriarche est auguste, la femelle devenue inféconde est grotesque, fielleuse, pitoyable.
    Les jeunes filles sont attirées par le noble centenaire au pas réfléchi et au regard clair. Mais quel éphèbe aurait l'idée de poser ne serait-ce qu'un demi regard sur une sorcière de soixante-dix, quatre-vingts ans ? La déchéance n'a jamais allumé aucune flamme. Mais la sagesse, la gravité, la majesté sont de mâles trésors que toutes les femmes -les belles encore plus que les autres- cherchent en secret.

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    Ce qui est encore le signe le plus certain de la valeur grandissante de l'homme qui prend racine dans le temps.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    788 - Le miracle de la Beauté<o:p></o:p>

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    La beauté me désarme, me subjugue, m'électrise.<o:p></o:p>


    Esthète avant tout, je fléchis d'extase devant la "lumière qui engendre la lumière", ce que nous appelons la Beauté.
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    Ce qui dépasse mon front est radieux, ce qui touche le ciel est rayonnant, ce qui met le feu à mon âme est éblouissant. La Beauté est bonne, juste, pure. La Beauté est bleue, blanche, translucide.
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    Invisible.

    Le firmament, un visage, une mare : le Beau fait pleurer l'Homme.
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    Toutes les femmes ne sont pas belles. Les nuits étoilées n'inspirent pas une flamme invariable. On voit aussi ce qui est laid dans la terre.
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    Mais dès qu'une femme est belle parmi les laiderons, qu'un astre chante dans le grand silence sidéral, que le clabaudage du crapaud fait l'herbe mystérieuse, l'esthète s'illumine et trouve la Création admirable : aussi bien le vermisseau dévorant la charogne que le marbre hellène, la cendre dans l'âtre du pauvre que l'artifice dans le palais du prince, l'être minuscule qui d'une particule d'eau fait son univers que la galaxie aux bras incommensurables.
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    Une seule étincelle de beauté suffit à tout enflammer dans le regard de l'esthète qui percevra le reste monde d'une nouvelle façon. Dès que brille le moindre grain de sable dans le regard de celui qui s'émerveille, dès que l'observateur éveillé voit des diamants dans une pincée de simple poussière, dès que l'être sensible perçoit l'essentiel, qu'il capte non avec l'oeil mais avec l'esprit cette "vibration supérieure" qui donne à la matière son relief, sa hauteur, son éclat, alors pour lui l'Univers entier prend le même aspect : il n'est plus qu'un réservoir de Beauté.
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    La Beauté est une voie vers l'infini, une vérité universelle, une preuve d'immortalité de tout ce qui vit car ce qui est beau procède d'un principe suprême, est issu d'une inextinguible source de lumière, et est fatalement d'inspiration divine. C'est pourquoi la Beauté est éternelle.
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    La Beauté, c'est un mouvement perpétuel transposé dans l'immatériel, un principe auto-créateur car, miraculeusement -à l'image du kaléidoscope aux combinaisons incalculables-, à l'infini le Beau engendre le Beau.
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    789 - Tante Jeni<o:p></o:p>

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    Aujourd'hui dimanche, pour la jeune et joyeuse famille c'est jour de visite chez tante Jeni, vieille célibataire roumaine arriérée à la mentalité, aux moeurs et au corps définitivement rigides<o:p></o:p>


    La vieille parente porte avec mauvaise humeur ses soixante années de chasteté hargneuse. Elle reçoit avec ostensible retenue les bambins et leurs géniteurs qu'elle appelle d'ailleurs "géniteurs" afin de bien faire comprendre aux invités que son coeur est un glaçon en forme d'arête... Chez elle les embrassades familiales, c'est mi bise, mi gifle. Les enfants incarnant à ses yeux le "péché du plaisir conjugal", elle tire grand orgueil de son célibat qui a préservé ses flancs de toute "souillure" et ne manque jamais une occasion de rappeler la "pureté" de son hymen à sa nièce pleine de joie et de vie ayant enfanté trois fois... Ce qui pour tante Jeni équivaut à une triple damnation.

    Ce puits de haine, de bêtise et de sécheresse en chignon amuse beaucoup ses hôtes à la vérité ! Tante Jeni est laide, sotte, méchante, et c'est bien ce qui fait son prix. Qui d'ailleurs ignore les vices cachés de l'hypocrite ? Même les enfants savent les secrets de la vieille chèvre. Après la messe du dimanche, combien de fois l'a-t-on vu s'attarder sur la statue de Saint Sébastien, reluquant d'un oeil pervers ce corps lascif percé de flèches, allant jusqu'à baiser avec fausse ferveur les pieds du plâtre ? Même le curé qui n'a jamais été dupe de sa piété frelatée observe son manège, encore plus amusé que les autres.
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    Tante Jeni est, il est vrai, son ouaille la plus fidèle. Et la moins crédible. L'exemple type pour les autres de ce qu'il ne faut pas être. Cela dit son curé est miséricordieux, indulgent, charitable envers cette coche libidineuse déguisée en sainte icône.
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    Le plus drôle chez tante Jeni, c'est sa manie de nettoyer avec acharnement les poignées de portes de sa chaste et mortelle demeure une fois les invités partis... Tante Jeni, obsédée par le plaisir sexuel et ses mystères, suspecte sa nièce et son époux d'avoir copulé juste avant leur visite. Idée insupportable pour cette vieille carne acariâtre, ce qui justifie les réactions hygiéniques les plus extrêmes ! Jusqu'au grotesque, l'hypocrite ne craint pas de prouver le degré de sa "très grande pureté" en allant jusqu'à exhiber à qui veut les voir les chiffons artificiellement souillés ayant servi au nettoyage des poignées de portes après la visite de sa nièce et de sa  famille ! Elle pousse parfois le vice jusqu'à conserver les chiffons usagés pendant toute la semaine afin de les montrer à la nièce le dimanche suivant.
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    Alors, avec un air plein de dignité, toute triomphante, elle étale devant sa nièce les chiffons ayant servi à la désinfection des poignées de portes de sa maison de "femme honnête", tandis que mentalement elle profère les injures les plus immondes à l'adresse de la jeune mère qui silencieusement l'écoute avec un mélange de lassitude et de pitié amusée...
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    Tante Jeni est un trésor, sa nièce le sait. Un trésor de monstre humain échappé d'un roman pittoresque et improbable, lui-même issu d'un siècle qui n'a jamais existé... Tante Jeni n'est pas de ce monde.
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    Et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle existe, la tante Jeni : parce qu'aucun romancier n'aurait pu concevoir ce personnage, s'il n'existait réellement.
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    790 - Morphéose et Ophyngiée<o:p></o:p>

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    Morphéose était singulièrement belle, quoique infâme par le caractère. Eprise d'un verveux et indifférent éphèbe nommé Ophyngiée auquel elle prodiguait un amour étrange et désespéré, elle perdait son temps à essayer de le séduire.<o:p></o:p>


    Lui était égoïste et cruel, même si paradoxalement on lui trouvait des qualités humaines incontestables.
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    Bref, Ophyngiée recevait la flamme de Morphéose avec froideur, voire avec les plus féroces railleries selon qu'il avait mangé ou non à satiété la veille au soir ou selon la température qu'il faisait dans la région, tandis qu'à côté de cela il consacrait temps, énergie et argent à aider des orphelins en Espagne.
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    Morphéose se mourrait de langueur pendant que l'objet de ses feux se dévouait sans compter à ses oeuvres charitables. Un jour, lassée de la goujaterie de l'adonis au coeur ambigu l'amoureuse éconduite tenta le tout pour le tout : elle lui ouvrit son corsage sous le nez afin qu'il pût apprécier le prix de ses ardeurs, la profondeur de ses sentiments, la sincérité de ses vues.
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    Heurté par tant d'impudeur Ophyngiée répondit à cette provocation mammaire par une moue hautaine à peine forcée qui fit sur Morphéose un effet encore plus insupportable que son ordinaire indifférence.
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    Ils se marièrent cependant, eurent un seul enfant qu'il appelèrent sobrement François, vécurent une dizaine d'années sans histoire avant d'envisager une séparation. La perspective joyeuse d'un célibat retrouvé eut raison de leurs dernières réticences.

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    François fut abandonné aux bons soins d'une institution religieuse fort sévère, ce qui permit aux parents déçus de leur mariage de trouver une paix qu'ils avaient longtemps cherchée.<o:p></o:p>


    Morphéose profita de sa nouvelle liberté pour s'adonner à l'art de la couture et de la broderie. Ophyngiée quant à lui, n'ayant plus d'orphelins espagnols pour occuper son temps se tourna définitivement vers l'étude stérile des étoiles, n'ayant aucune compétence scientifique en ce domaine.
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    791 - Le citoyen de base est un minable<o:p></o:p>

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    Le socle de la société est composé d'hommes ordinaires sans histoires ayant des préoccupations à la hauteur de leurs pieds. <o:p></o:p>


    Minus de naissance, ils suivent l'ornière avec des espoirs "d'ascension bancaires", attendent pendant des années leurs promotions d'employés, de comptables, leurs augmentations de salaire de chauffeurs-routiers, leurs réductions d'impôts d'ouvriers spécialisés ou de patrons d'entreprises, aspirent à rembourser leurs maisons achetées à crédit, passent leur temps libre à s'engraisser le corps tout en se vidant l'esprit, sont contrariés -voire franchement énervés- par une rayure sur la portière de leur voiture, vivent avec des soucis d'assurés, meurent avec des rêves de retraite qui ne sortent jamais de leurs têtes. Chez eux la perspective de la retraite est comme un appendice mental, un mystère quasi génétique dont ils ne parviennent définitivement pas à faire abstraction. Ils appellent cela un "acquis social". Pour eux c'est sacré, la retraite. Tellement essentiel qu'ils passent leur existence à l'attendre.
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    Précisons que ces minables qui travaillent toute leur vie pour se constituer une retraite meurent souvent avant la retraite, ce qui prouve que la justice divine existe, au moins en ce qui concerne les abrutis.
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    Du berceau à la tombe ces citoyens ordinaires rasent le sol de leurs pensées triviales, caressant des chimères aussi volatiles que des gains de LOTO, aussi clinquantes, plates, vulgaires, superficielles que des écrans de télévision à plasma.
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    Pour eux les vacances sous les cocotiers représentent le sommet de la félicité. Ils sont fiers de leurs automobiles. Ils vont aux enterrements avec des lunettes noires, fêtent leur anniversaire tous les ans de leur vie, se promènent aux Champs-Elysées en famille, sont farouchement opposés à la chasse mais pas contre leur "steak" du midi. Bien entendu leurs habitudes alimentaires sont infâmes, grossières, voire ignobles. Mais eux ne voient rien, c'est le principal.
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    Leur morale se borne au code civil. Leur bonté est basée sur les arguments commerciaux des publicistes. Leur vue humaniste est réglée sur les fluctuations économiques. Les pieds bien sur terre, jamais ils ne décollent.<o:p></o:p>


    Il faut toutefois reconnaître leurs mérites : assoiffés de confort aussi bien mobilier qu'intellectuel, ils font d'excellents patriotes, de bons ouvriers, des pions dociles pour le marketing, la politique, la télévision.
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    Ce sont les citoyens de base. Ils sont gentils, aimables, parfois même assez courtois. Il n'empêche que ce sont des minus, des infirmes de l'esprit, des atrophiés de l'âme, des pauvres types pour qui la mort se résume à des préoccupations strictement funéraires : le choix du "prestataire de services", voilà ce qui compte pour eux.
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    792 - Marie-Josette et Arthur<o:p></o:p>

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    Marie-Josette, célibataire dans la fleur de l'âge, n'a pas vraiment conscience d'être un authentique laideron. Du moins elle semble vouloir l'ignorer.<o:p></o:p>


    Ou pire : feindre de croire être une belle femme.
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    Certes elle arbore une grande chevelure blonde assez impressionnante qui la rend réellement séduisante vue de dos, certes elle a une large dentition bien carrée à faire enrager de jalousie une californienne de souche, certes elle se maquille avec goût et sa toilette est toujours luxueuse. Il n'empêche, Marie-Josette quand on la voit de face, avec ou sans fard, est ce qu'on peut appeler une femme laide.
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    Et même fort laide, pour être juste.
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    Ajoutons que son abyssale bêtise n'arrange rien au tableau déjà peu reluisant de sa personne physique.
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    Marie-Josette non contente de n'avoir point de poumons, ni de hanches, ni de flancs, ni de grâces, ne possède pas plus de cervelle. Bref, elle n'a rien de ce qui fait les charmes habituels d'une femme. Privée de l'essentiel, elle se rattrape sur le   superflu : Marie-Josette, en effet, affectionne singulièrement la compagnie du vent, la contemplation incessante de ses souliers vernis, s'enquérant auprès de son concierge des rumeurs colportées par les journaux mondains, bavardant à n'en plus finir avec sa boulangère sur tout et rien.
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    Un jour, sous l'empire d'une de ses furies utérines elle s'ingénia à chercher l'ivresse charnelle au-delà des bornes de sa réflexion et de ses moyens de séduction : elle fit des propositions libidineuses à un Apollon (nommé Arthur) deux fois moins âgé qu'elle et vingt fois plus attrayant.
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    L'inconcevable se produisit : l'éphèbe ne repoussa pas l'indigente, fit honneur à sa féminité absente, ne rechignant pas ensuite à s'afficher publiquement avec cette blonde chamelle au cerveau d'autruche.
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    Ils sont toujours ensemble, le prince charmant ayant été fidèle à sa Cunégonde écervelée. Ils n'ont pas eu d'enfants mais plein de critiques et se consolent de leur stérilité par des satisfactions égoïstes.
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    De quoi s'interroger sérieusement sur les mystères de l'amour...
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    793 - Lettre aux publicitaires<o:p></o:p>

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    La publicité ramollit la cervelle du citoyen moyen, et cela d'autant plus que des esprits dégénérés ont osé l'élever au rang de l'Art... Ce dernier point est pervers car oser élever les ritournelles et saynètes "lessivières" au rang de l'Art est un argument commercial mensonger supplémentaire (subtil et détourné) en faveur des yaourts, des chaussettes, des pneus de voitures et de leur glorification par ce procédé prétendument artistique.<o:p></o:p>


    A l'exemple de l'église de scientologie qui n'est devenue légalement une "église" que pour entrer dans un cadre fiscal plus avantageux mais aussi pour devenir plus respectable sur le plan moral. Avant d'obtenir son statut d'église, la scientologie était une vulgaire secte à but hautement lucratif. Aujourd'hui elle plume autant de pigeons qu'avant et avec la même énergie, sauf qu'elle le fait dans un cadre plus officiel, ce qui la met à l'abri des foudres de la loi.
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    Il en est de même en ce qui concerne la publicité : c'est une vaste opération de manipulation des esprits faibles à but strictement mercantile, une espèce de poison culturel qui de manière agressive s'étend sur le monde et dans les esprits depuis maintenant deux ou trois générations. La publicité est une machine tentaculaire destinée à fabriquer des abrutis assoiffés de coca-cola, et ce depuis des décennies. Voici une lettre destinée à des gens que bien des naïfs assimilent sottement à de "géniaux créatifs"...
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    Messieurs les créateurs,
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    Je vous qualifie de "créateurs" mais ce n'est pas ironique du tout. Vous êtes de très grands esprits, des gens utiles, des hommes libres.
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    Mieux : des "artistes".
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    L'art de prendre les êtres humains pour des minables, c'est un métier. Une vocation. Il faut être né avec du souffle dans la cervelle, je veux dire une chambre à air, bref avoir ça dans le sang, aimer faire du vent avec rien, ou plutôt aimer faire du rien avec du vent, l'air de rien.
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    L'engagement pour la cause publicitaire, ça s'apprend, ça se mérite. Je vous comprends... De tels efforts, ces études poussées, tant d'argent dépensé, ces belles énergies, toutes ces réflexions pour rendre bêtes et laids vos semblables, cela ne mérite-t-il pas d'immortelles statues en nouille ?
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    Vous êtes admirables messieurs les publicitaires.
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    Vous êtes indispensables surtout, vous qui embellissez les esprits sur papiers glacés, approfondissez les grandes questions du siècle plus blanc que blanc, habillez les abrutis (mais attention je parle des vrais abrutis-maisons, ceux qui rigolent et même qui semblent se pâmer sexuellement quand on les filme avec leur pot de yaourt), dénudez les têtes, vous qui savez mieux que quiconque ce qu'il faut mâcher, vous qui calculez au gramme près combien de légumes il faut manger quotidiennement pour ne pas que l'on devienne obèse, vous qui connaissez les secrets millénaires des ânes, des vaches et des petits pois, vous qui débitez des vérités fluides comme du plasma au son de violons numériques, vous qui décrétez que le sang menstruel de nos femelles aseptisées est bleu... Sans vous, avec quoi meublerait-on nos écrans, que lirait-on dans nos journaux, que penserions-nous dans nos pauvres têtes du matin au soir ?
    <o:p></o:p>


    Et surtout, que mangerions-nous ? Des patates ? Tous les jours des patates ! Ce serait l'enfer sans vous, messieurs les publicitaires. Pardon, messieurs les "artistes".
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    Merci de nous éclairer. Grâce à vous on mange cinq fruits et légumes par jour. Sur vos conseils on sait comment faire pour devenir intelligents, propres, bien chaussés, bien lavés, bien nourris, ipodés, protégés. Même nos cheveux brillent.
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    Vos vérités nous rendent beaux, bons, bien vêtus et même immortels. Les morts sont des ringards : ils ne vous écoutent pas les pauvres !
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    Avec les shampoings qui font luire nos trésors capillaires, nous les vivants on a des idées nouvelles sous le crâne. Vous nous avez sauvés, messieurs les "artistes" !
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    Votre merde a l'apparence de la merde, l'odeur de la merde, le goût de merde.
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    Et c'est effectivement de la merde.
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    Mais vous la vendez au prix de l'or, alors là vraiment je vous dis chapeau les "artistes" !
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    794 – L’éclair originel<o:p></o:p>

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    A présent je sais.<o:p></o:p>

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    Je sais sa puissance, sa violence, sa force, ses profondeurs, son radieux mystère.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Et son infinie légèreté.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    C'est une énigme visible à l'oeil nu, un principe immatériel plus essentiel que la pensée, plus limpide que l'air, plus solide que le roc, plus durable que le temps. C'est une étincelle susceptible d'embraser une chambre, un champ, le globe terrestre, la galaxie, l'Univers : une intangible mais infaillible preuve de vie. C'est une onde qui fait rentrer le ver dans sa fange, sortir l'imbécile de son antre, frémir les ruisseaux, trembler les vivants, danser les morts, vibrer le monde entier.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Cette flamme voyageuse purement cosmique, quasi éthérique, certainement divine, miraculeuse, fragile, inextinguible, insaisissable, éternelle, magistrale, aussi éblouissante que dérisoire qui de l'atome à l'étoile fait disparaître toute zone d'ombre porte un nom.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Pour désigner cette essence universelle que l'on explique approximativement avec de savantes formules mathématiques, qui s'échappe toujours de nos éprouvettes pour fuir vers l'infini et qui pour cette raison précisément donne du prix à nos jours et une base inébranlable à nos certitudes, constatations ou théories scientifiques, religieuses, humaines, pour désigner cette chose née d'ailleurs, on prononce un mot humain, nécessairement humain.<o:p></o:p>

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    LUMIERE.<o:p></o:p>

    795 - Richesses et misères du travail<o:p></o:p>

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    Le travail peut être aussi bien être une aliénation qu'une libération si on tient compte des diverses sensibilités collectives et individuelles des personnes qui s'y adonnent.<o:p></o:p>


    Pour la plupart des personnes le travail (dans le sens du travail rémunéré pratiqué hors de chez soi à raison de huit heures par jour, bref ce qu'on nomme le "système") est non seulement un moyen commode, ordinaire d'obtenir honnêtement, régulièrement et légalement des ressources, mais constitue également un équilibre vital tant sur le plan psychologique que physique.
    <o:p></o:p>


    Que cela soit par choix, par nécessité ou par atavisme peu importe, le fait est là : pour cette partie de l'humanité le travail est une libération, un privilège, et sera même vécu comme une distraction.
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    Pour d'autres il sera une aliénation. Évidemment tout dépendra des circonstances socio-économiques, du contexte où se pratiquera le travail ainsi que de l'état d'esprit, de la culture, de la sensibilité de chaque individu. Cela dit le travail du "système" n'est qu'une forme consensuelle, traditionnelle du travail en général. Mais l'écrivain, le poète, voire même le joueur de tiercé professionnel travaillent eux aussi, sauf que la forme est différente.
    <o:p></o:p>


    Le plaisir pour chacun d'eux est le même, rien ne diffère dans le fond. Que ce soit le labeur de l'ouvrier qui trouve son bonheur dans son usine ou le travail d'écriture de l'écrivain qui vit tous les jours son "paradis intellectuel" à travers ses pages noircies, le travail quand il est accepté comme un mode de vie épanouissant prend nécessairement une dimension positive.
    <o:p></o:p>


    Ouvrier, paysan, poète, PDG : dans tous les cas le travail fournira à celui qui s'y adonne avec coeur de glorieuses satisfactions. Il formera les muscles du premier, donnera une qualité de la vie au second, agitera les neurones du troisième, contribuera à l'assise socio-culturelle du dernier, chacun selon ses qualités dominantes. Bref le travail rend heureux socialement et/ou individuellement ceux qui s'y adonnent avec conviction : épanouissement physique et social pour le manuel, satisfaction matérielle l'artisan, enrichissement bancaire pour le commercial, jouissance cérébrale pour l'intellectuel, bienfaits culturels pour l'artiste...
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Dans l'idéal tout le monde trouve son compte dans le travail tel qu'il est défini selon les critères pédagogiques de notre époque, qu'il soit professionnel ou privé.<o:p></o:p>


    En ce sens le travail, qu'il soit effectué sous une forme privée ou professionnelle, rémunérée ou non est utile et structurant pour la personnalité du travailleur, épanouissant pour lui car accepté et vécu comme tel. Entre l'homme qui passe ses journées dans son usine et celui qui la passe au bord de la plage, quelle différence dans le fond ? N'est-ce pas plutôt la manière de vivre les activités qui en font leur valeur, leur saveur ?
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     <o:p></o:p>

    Bien vivre une journée à l'usine n'est-il pas préférable que mal vivre une journée à la plage ? S'il y a des gens qui sont heureux de travailler dans le "système", pourquoi vouloir à tout prix leur ôter ce plaisir ? Ils sont utiles tant à ceux qui travaillent qu'à ceux qui ne travaillent pas. Personnellement je m'ennuie très vite sur une plage. Une heure à ne rien faire étendu sur une plage est un maximum pour moi. J'imagine mal un ouvrier passer ses journées à ne rien faire après 40 ans d'usine. Même moi qui n'ai jamais travaillé je m'y ennuie au bout d'une heure...<o:p></o:p>


    Je prône certes la libération de l'homme par rapport au travail, mais exclusivement pour ceux qui y trouvent avantage. D'ailleurs le travail ainsi supprimé dans les usines où l'on aura mis des robots à la place des hommes sera de toute façon remplacé par un autre, plus ludique certes mais le fond ne changera pas : l'homme s'adonnera à des activités distrayantes quoi qu'il en soit.
    <o:p></o:p>


    Pourquoi ne pas admettre que l'ouvrier moyen considère son travail à l'usine comme une immense distraction permettant de meubler son existence, de donner un sens à sa vie entière, voire à sa descendance ?
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    L'activité de l'ouvrier que l'on aura remplacé par le robot dans l'usine ne sera de toute façon que déplacée, mais non supprimée car enfin il faut bien faire quelque chose de ses journées. Quand bien même cette activité nouvelle serait ludique, l'ouvrier sera-t-il heureux pour autant de se retrouver à faire du ski, du tir à l'arc, des siestes, des activités artistiques ou des promenades pédestres toute ses journées ? Il se pourrait bien qu'il regrette son usine...
    <o:p></o:p>


    Donc, prudence. Ne nous hâtons pas d'imaginer de belles théories en ce domaine. L'homme est bien plus complexe -et paradoxalement plus simple-, mais aussi plus imprévisible que ce qu'on pourrait croire. La théorie c'est bien, mais la pratique nous montre souvent que l'homme n'est pas toujours fait pour ce qu'on croit et nos belles idées n'ont plus de poids face à la réalité, laquelle est parfois beaucoup plus simple.
    <o:p></o:p>


    Ainsi on ne peut pas vraiment juger de ce qui fera le bonheur des autres. Moi je ne juge plus celui qui travaille et qui aime ça. Je demande en retour à ce que l'on ne me juge pas sur ma situation par rapport au travail professionnel, qui pour la plupart des travailleurs habitués à leur mode de vie sera considérée comme une calamité (mais qui à mes yeux est un immense privilège).
    <o:p></o:p>


    Ma situation me convient à moi, elle ne convient pas nécessairement au voisin. Nous sommes tous différents, c'est ce qui fait que les problèmes liés au travail ne sont pas applicables à tout le monde. Ainsi le travail remplacé par les machines peut être un progrès pour certains mais un non-sens pour d'autres. Je le répète, un travail bien vécu, épanouissant ne sera jamais considéré comme un travail. Et passer ses journées à faire des activités autres que des activités professionnelles ne sera pas nécessairement un gage de bonheur pour certains.
    <o:p></o:p>


    Après, que ce travail épanouissant soit rémunéré ou non, cela est un autre problème.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    796 - Lettre aux mineurs de fond<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    On vous appelle les "gueules noires" avec respect et admiration sous prétexte que vous vous encrassez la face du matin au soir comme de gros souillons à trente mètres sous terre ... Moi je vous nomme "têtes de cochons" car vous n'êtes que de sales pervers s'adonnant au travail de force, ce qui nécessairement vous fait puer la sueur comme des porcs !<o:p></o:p>


    Vous êtes des petits crasseux côtoyant de la naissance à la mort cette saleté de charbon que vous magnifiez bêtement comme si votre existence de "pataugeurs professionnels" représentait le summum de la félicité sociale, l'exemple de la réussite personnelle, le modèle du courage collectif alors qu'en vérité, incapables de vous extraire de votre fange atavique, vous ne cultivez que l'échec, la misère, la faiblesse, la lâcheté.
    <o:p></o:p>


    On vous appelle les "héros du quotidien", vous n'êtes que d'indicibles cancres de pères en fils pour qui la mine est la seule alternative à votre héréditaire paresse scolaire ! Et puis tout le monde sait bien que le pinard est votre seul réconfort, bande de poivrots à la peau noircie ! Et même si ce n'est pas vrai, on le croit. Ce qui suffit à vous déclasser aux yeux du monde.
    <o:p></o:p>


    Mais surtout cette puanteur qui se dégage de vos personnes.... Cette sempiternelle, satanée, écoeurante odeur de transpiration qui imprègne vos bleus de travail, n'avez-vous donc pas honte d'arborer de la sorte les larmes de vos corps éprouvés ? Indigents que vous êtes, au sortir de la mine n'avez-vous pas d'autre étendard à brandir que ces sourires austères sur vos visages sales, grossiers, burinés quand d'autres plus réfléchis, mieux éduqués et bien moins malpropres que vous affichent leur éclatante santé sous leurs coquets chapeaux de feutre ?
    <o:p></o:p>


    Décidément vous les "gueules noires", vous incommoderez toujours les esthètes de ma carrure...
    <o:p></o:p>


    Retournez donc au charbon puisque vous êtes assez bêtes pour vouloir continuer à creuser vos trous à rats de génération en génération !
    <o:p></o:p>


    Moi pendant ce temps, je vais maintenir bien au chaud mon précieux front de sybarite auprès des braises réconfortantes, régénérantes de ma cheminée à charbon.

    797 - Mangeurs de porcs<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Les gens de nos contrées, accoutumés depuis des générations à ingérer quotidiennement de la chair porcine vivent sans le savoir dans l'ignominie alimentaire. Le cochon, symbole de la fange, bête certes sensible mais puante, "ogresque", répugnante, sinistrement offre depuis des siècles sa chair abjecte aux populations grossières qu'elle engraisse. <o:p></o:p>

    En outre la viande du porc ressemble beaucoup, paraît-il, à la chair humaine quant à son goût. Ne serait-ce que pour cette raison, l'on devrait bannir définitivement ce mets de nos tables, le honnir résolument. Malheureusement les siècles l'ont solidement établi sur le trône indigne de nos faveurs gastronomiques...<o:p></o:p>


    Consommer la viande de ce rose animal qui hurle à fendre le coeur quand on l'assassine est un double crime. Crime contre la créature "objetisée" jusque dans ses derniers viscères mis en bocaux, crime contre le bon goût. Préparer du porc au repas, se délecter de la chair de ce quasi double de nous-mêmes : réjouissances pour le vulgaire, moeurs infâmes aux yeux de l'esthète !
    <o:p></o:p>


    Ce qui semble ordinaire, anodin au commun peut être exceptionnellement haïssable pour le bel esprit.
    <o:p></o:p>


    Je considère les mangeurs de porcs comme des dégénérés qui s'ignorent, d'aimables sauvages, de civilisés anthropophages, de raffinés barbares qui, habitués à la puanteur de l'esprit populaire, ne la sentent plus.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    798 - Les souillards de la Toile<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L'ordure remplit la Toile à vitesse quasi exponentielle.<o:p></o:p>


    Les pornocrates de tous poils se sont précipités dans le filon informatique pour s'enrichir en répandant leur fange. Il y a de tout parmi cette pègre : cela va des crapules les plus subtiles qui pour leur défense brandissent la caution esthétique jusqu'aux plus puantes agissant par pure vénalité en passant par les pires détraqués en liberté ayant perdu toute foi (mais quand même sans violer la loi des hommes, pour mieux durer...).
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Comble de l'iniquité : la loi les protège.<o:p></o:p>


    A partir du moment où ces êtres malfaisants souillant le NET -donc les esprits faibles- de leurs oeuvres mercantiles à caractère pornographique ne font rien qui soit hors la loi, cette dernière les tolère. Pire : en certains cas elle les aide.
    <o:p></o:p>


    D'ailleurs on peut se demander si le terme "pornographique" est encore valable en ce qui concerne certains excès... Ne faudrait-il pas plutôt parler d'immondices mentales ? "Pornographie" a encore une connotation trop culturelle pour qualifier ces aberrations croisées sur la Toile, voire imposées à l'internaute imprudent qui ne demande rien.
    <o:p></o:p>


    Ces faiseurs de vice honorablement secondés par des structures financières et juridiques tout ce qu'il y a de plus légales inventent n'importe quoi pour racoler le minable de base en quête d'avilissement. Aucun aspect de la morbidité de l'esprit humain ne les rebute, au contraire ils exploitent les pathologies libidineuses les plus inconcevables pour faire du fric. Tout est passé en revue, depuis les déviances les plus réalistes jusqu'à certaines aberrations purement imaginaires, le réel ne leur suffisant même plus pour alimenter leurs moulins à ordures.
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     <o:p></o:p>

    Plus c'est répugnant, ignoble, choquant, moins ils semblent mettre de frein aux vomissures de leur esprits en pleine putréfaction morale.<o:p></o:p>


    Ne parlons même pas des victimes -essentiellement des femmes- de cette crapulocratie internautique qui, par appât du gain facile, faiblesse morale, détresse psychologique, misère sociale, pauvreté spirituelle ou simplement parce qu'elles sont forcées, fournissent à ces bandits la "matière première" à leur hideuse entreprise. Et cela bien entendu non seulement au prix de la santé physique, mentale de ces femmes, mais aussi de leur dignité.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ce dont ces proxénètes -pour les appeler comme ils le méritent- n'ont que faire, rappelons-le.

    Ces lâches se cachant très souvent derrière des paravents professionnels parfaitement opaques, il est difficile de leur mettre la main dessus. Aussi, j'invite tous les esprits encore sains de la Toile à pourchasser informatiquement ces producteurs d'excréments en inondant leur BAL (pour ceux qui parviendront à les identifier)
    de ce présent texte, de la même manière qu'ils nous inondent de leurs déjections mercantilo-sexuelles.

    Pour retrouver la propreté originelle de la Toile, réagissons -même si ce n'est que symboliquement- contre les méfaits de cette canaille.
    <o:p></o:p>


    Puisse ce texte simple, accessible, sincère, être à l'origine d'une croisade efficace contre les souillards de la Toile !
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    799 - L’hystérie écologique<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Les savants autrefois étaient unanimes : la terre était plate, puis c'était le soleil qui lui tournait autour, ensuite (au dix-neuvième siècle, ce qui ne fait pas si longtemps) ces infaillibles érudits prétendaient que les souris naissaient spontanément dans les granges, les greniers, voire à partir de touffes de foin mélangées de bouts de chiffons.

    Ces illustres "barbes d'argent" fort doctement émettaient d'immortelles âneries que le reste de l'humanité -encore plus sotte et ignare que ces gourous parlant le latin- gobait sans broncher.
    <o:p></o:p>


    En médecine on a vu également des cohortes de pondeurs de sornettes.
    <o:p></o:p>


    Nos scientifiques contaminés par la pensée écologiste traînent eux aussi les hérésies de leur époque. Ils seront à leur tour raillés par leurs descendants qui les traiteront de naïfs.
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Nous ne constatons les effets de la pollution que dans les médias, pas dans le concret. Quant au réchauffement climatique, il est naturel selon moi. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Jusqu'à maintenant je n'ai pas été une seule fois victime d'empoisonnement, d'asphyxie ou de je ne sais quels désagréments d'origine alimentaire, même quand je me rends dans des grande villes. Je ne connais aucun cas de maladie, de décès, d'infirmité dus à des ingestions de légumes cultivés sur nos terres prétendument empoisonnées, viciées, dénaturées.

     <o:p></o:p>

    En revanche comme tout le monde je connais bien des cas d'empoisonnements par baies sauvages, champignons vénéneux ou plantes médicinales mal dosées : la nature ne fait pas de cadeau aux citadins pétris de sensiblerie écologique !<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    A entendre les écologistes exaltés, la fin du monde est proche, les éléments vont se déchaîner pour détruire toutes les villes, les eaux recouvrir les continents, le feu tomber du ciel...<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Cessons d'alimenter la psychose mondiale ! En l'an 1000 l'on s'attendait à la fin des temps, certains voyaient des signes terribles dans les nues. Aujourd'hui on tremble devant le cataclysme écologique qui, jurent les adeptes de la "cause verte", est pour demain !<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La planète, considérée comme un seul homme, est aussi capable de délirer environ une fois tous les millénaires...<o:p></o:p>


    Jeter un papier par terre ou dans une poubelle ne fait que déplacer le problème. Qui n'en est pas un d'ailleurs.
    <o:p></o:p>


    Brûler à petit feu le pétrole pour faire durer les réserves encore mille ans ou tout dépenser en quelques années sans aucune modération, à l'échelle géologique le résultat sera le même : zéro.
    <o:p></o:p>


    Une éruption volcanique moyenne rejette en une seule journée dans l'atmosphère l'équivalent de plusieurs années de "pollution" industrielle mondiale. Or les éruptions volcaniques sont constantes depuis l'origine de la Terre. Des milliards de tonnes de "déchets" naturels ont ainsi été rejetés dans notre atmosphère pour enrichir la planète ou bien faire fluctuer avec fruit sa température générale.
    <o:p></o:p>


    C'est surtout dans les têtes que l'économie d'énergie -donc la réduction de pollution- a des effets.
    <o:p></o:p>


    De même pourquoi s'alarmer de la disparition d'espèces ? Il est normal que des espèces disparaissent pour que d'autres apparaissent.
    C'est la loi de la vie depuis toujours. Et lorsque c'est l'homme en action (un pléonasme en fait : une des caractéristiques de l'homme n'est-elle pas d'agir sur son environnement ?) qui génère des disparitions d'espèces nuisibles ou dangereuses (l'ours des Pyrénées, le loup) ou qui combat ces espèces sans parvenir à les faire disparaître en dépit de son génie (les virus, les rats vecteurs de maladies, le ver solitaire, etc.), lorsque c'est l'homme disais-je qui est à l'origine de ces disparitions d'espèces, ne faut-il pas s'en réjouir au lieu de s'en chagriner ?
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Certes des espèces d'huîtres ou de végétaux utiles disparaissent, ce qui est regrettable pour la nature et aussi pour l'homme qui ne maîtrise pas toujours les effets de son activité. Mais en règle générale l'homme dans bien des domaines fait beaucoup mieux que simplement imiter la nature et ses lentes, laborieuses sélections dites "naturelles" : il la dépasse.<o:p></o:p>


    Il fait bien mieux que la nature en opérant, par exemple, des croisements de fruits pour faire naître de nouvelles espèces que la nature seule aurait été incapable de produire.

    La nature fait souvent les choses en petit, amer, immangeable et "avec plein d'épines". L'homme fait opulent, juteux, sucré et en "peau de pêche".
    <o:p></o:p>


    L'homme opère lui aussi des sélections non pas bêtement NATURELLES mais génialement HUMAINES.
    <o:p></o:p>


    C'est à dire dix millions de fois plus vite que ne le fait la nature. Et dix fois mieux.
    <o:p></o:p>


    Pour que la nature seule nous débarrassât des loups, il aurait fallu patienter passivement pendant des millénaires. Donc attendre que des centaines de milliers de troupeaux ovins de nos descendants se fassent dévorer "naturellement" (autant dire : avec l'assentiment des écologistes).
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Laisser faire de la sorte la nature, c'est aussi une manière d'agir sur elle artificiellement. Ne pas agir sur les éléments quand on peut agir, c'est une façon d'agir par nature interposée. Laisser la nature s'approprier l'espace vital de l'homme, c'est faire comme si l'homme n'était pas présent sur la planète. Or il est présent.

    Un jardinier qui décide de laisser la nature s'occuper de son potager n'agit pas naturellement puisque lui le jardinier fait aussi partie de la nature au même titre que l'insecte sur ses pommes ou l'abeille dans ses fleurs. Dés lors que l'homme foule le sol de sa planète, il y a automatiquement pollution, si on entend par le terme "pollution" toute activité humaine qui se répercute de manière durable sur les éléments.

    L'hippopotame a aussi une action durable, définitive, irréversible sur son environnement, de même que l'autruche ou le ver de terre.
    <o:p></o:p>


    Alors pourquoi l'homme, ce roi des créatures, n'aurait-il pas le droit lui aussi de marquer le sol de son empreinte, le ciel de ses rêves, la lune du feu de ses  astronefs ?
    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    800 - Olivier, cette âme<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    J'ai rencontré Olivier Delemme sur la Toile il y a deux ans. Il passait d'improbables annonces pour trouver l'âme jumelle, qu'il ne trouva jamais. Sa maladresse, sa grossièreté, son outrance m'avaient touché. Tout en me liant d'amitié avec cet oiseau tombé du nid, je l'étudiais. Et plus je l'étudiais, plus je m'étudiais MOI. Et à travers moi, d'une manière plus générale, les rouages secrets de l'âme humaine...<o:p></o:p>


    Explications et extraits de textes postés à son sujet sur un groupe de discutions littéraire (forumlitteraire@yahoogroupes.fr) :
    <o:p></o:p>


    En suivant Olivier jusque sur un site d'annonces de rencontres amoureuses, voici comment je me suis présenté :
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    OLIVIER, UN PASSIONNANT SUJET D'ETUDE
    <o:p></o:p>


    Je m'appelle RAPHAËL ZACHARIE DE IZARRA, je suis venu m'inscrire sur ce site de rencontres spécialement pour pouvoir suivre de près les pérégrinations informatiques de ce personnage improbable (et pourtant bien réel !) nommé OLIVIER. Je le connais depuis quelques mois (je l'avais rencontré par hasard sur la toile). Ses annonces m'avaient fait tellement rire que je me suis décidé à étudier sérieusement cette personne. Aujourd'hui nous sommes devenus amis, plus ou moins. Je l'aide à rédiger des annonces plus conformes, à parler aux femmes, à les séduire un tant soit peu... Son extrême maladresse en ce domaine le rend réellement touchant. Je suis un observateur, ce personnage me fascine par sa naïveté, sa brutalité, son ignorance, sa désinvolture et son immaturité. A la fois monstre de foire et profondément humain, cet OLIVIER est un cas. J'ai ri avec les autres de ses maladresses, mais je ne me suis pas contenté de rire, j'ai dans un second temps souhaité l'aider. Il est en effet trop facile de se moquer des gens et de les laisser ensuite dériver dans leur illusions... Je tente de lui apprendre à parler aux femmes, même si l'entreprise est encore loin, très loin d'aboutir. J'ai ri férocement de son annonce au début, comme la plupart d'entre vous, mais pensez-vous que l'hilarité stérile puisse aider un tel égaré à progresser dans la vie ? OLIVIER est une âme candide et grossière, un coeur sans nuance, un garçon taillé dans le roc sexuel et la guimauve amoureuse, une sorte d'exclus du monde des sentiments policés, parfaitement étranger aux intrigues des jeux amoureux. Ce garçon en détresse cherche une femme comme un enfant chercherait un gros gâteau : sans contrepartie, immédiatement, impérieusement, gratuitement et à sens unique. Il est fort bête, inutile de se le cacher, ce qui ajoute à la difficulté de l'entreprise d'éveil de sa conscience. Tenter de faire mûrir un fruit aussi vert est une affaire de longue haleine, fastidieuse qui demande patience, altruisme, ouverture d'esprit. Ce que je m'emploie à faire. Cet OLIVIER est mon rat de laboratoire en quelque sorte. Avec lui j'expérimente l'aventure humaine appliquée aux relations amoureuses.
    <o:p></o:p>


    ++++++

    Certes Olivier http://www.dailymotion.com/zachariedelemme n'est pas un interlocuteur facile.
    <o:p></o:p>


    Sombre, mauvais, gentil aussi -mais dans certaines limites-, borné, colérique, grossier et même parfois franchement abject, pour la plupart d'entre nous -pour ne pas dire pour nous tous- Olivier est l'incarnation même du Mal, de la Bêtise, ou de l'insignifiance, dans le meilleur des cas.
    <o:p></o:p>


    Bref, Olivier est un de ces hères informels et sans visage aux antipodes de nos belles et bourgeoises conceptions sur l'humain. L'exemple par excellence de ce que nous appelons avec tant d'orgueil une "piètre compagnie". Pathétique oiseau de son propre et morne monde fait de jours gris et de solitude, triste ombre apparue sur ce globe pour mieux s'y égarer dans d'insolubles brumes, Olivier est un citoyen invisible, un semblable qui n'existe pour personne, un être sans hauteur et sans défense, une voix qui n'a pas droit au chapitre.
    <o:p></o:p>

     
    A son sujet tout le monde est d'accord pour se moquer de lui, le mépriser, l'exclure. Sous des formes plus ou moins policées, plus ou moins aimables, plus ou moins hautaines, plus ou mois insidieuses... Et sous les prétextes les plus nobles : amour de l'intelligence, haine de la bêtise, mépris de la médiocrité, fuite vers les hauteurs, préférence pour la lumière...
    <o:p></o:p>


    Les mêmes se prétendent solidaires, fraternels, altruistes... Pas un ne prend la peine de se pencher sur lui !
    <o:p></o:p>


    Toutes les excuses étant bonnes pour le rejeter, le bannir, le traiter comme un "problème secondaire", lui Olivier, cet être humain, ce semblable, ce frère, ce mortel né sous le même soleil qui nous éclaire, qui se désagrègera sous la même terre qui nous ensevelira nous aussi, toutes les excuses étant bonnes, disais-je, pour faire de cet humain une sorte d'objet encombrant, il ne reste plus personne pour mettre en pratique les généreux idéaux que sont la fraternité, la solidarité, l'altruisme... Si bien défendus en théorie, si peu partagé dans la pratique !
    <o:p></o:p>


    Sa misère, personne ne l'appelle misère. Non, ce serait un mot trop beau pour Olivier, pensons-nous... L'indigence de Olivier, nous préférons l'appeler "sottise", "inintelligence", "saleté". C'est tellement plus confortable, plus rassurant, plus expéditif, et donc plus lâche, de voir de la simple bêtise là où il y a en réalité un océan de détresse, de vraie, d'authentique, de concrète, terrible, profonde détresse humaine.

    Qui s'est penché sur le berceau de Olivier ?
    <o:p></o:p>


    Personne.

    Absolument personne. Raciste, haineux, violent, bête : tels sont les reproches qu'on luit fait. Facile.
    <o:p></o:p>


    Trop facile. Je répète : qui s'est penché sur le berceau de Olivier ? Qui a daigné lui tendre la main, l'écouter non pas avec cordiale, froide, distante attention mais avec chaleur ? Qui lui a prodigué tendresse, amour, humanité, amitié, enfin toutes ces flammes chères à l'homme et qui le rendent meilleur, qui adoucissent les coeurs grossiers, affinent les âmes les plus épaisses ?
    <o:p></o:p>



    Que celui qui une fois, une seule fois, après avoir ri de ses travers et maladresses lui a ensuite tendu la main avec sincérité, avec coeur, avec humanité, sans hypocrisie, que celui-là, et que celui-là seulement se permette de lui reprocher ses noirceurs.
    <o:p></o:p>


    Olivier, je ne te jetterai pas la pierre, moi dont le coeur s'est tourné vers toi avec simplicité, sans fard ni vanité aucune. Olivier je te le dis en vérité, le royaume de l'Intelligence appartient aux être fraternels. Olivier, je te rétablirai dans ta dignité. Sous mon aile tu deviendras un astre.
    <o:p></o:p>


    Et sous ma lumière tu seras un homme.
    <o:p></o:p>


    Un homme, Olivier.
    <o:p></o:p>


    =======

    PRECISION :
    <o:p></o:p>


    A ceux qui seraient tentés de me reprocher de faire la "promotion humoristique" de Olivier Delemme : http://www.dailymotion.com/zachariedelemme (compte DAILYMOTION que nous partageons lui et moi).
    <o:p></o:p>


    Certes je me moque gentiment de ce léger malade mental. Je ne m'en cache pas. Mais il faut savoir que cette collaboration "imbécilo-esthétique" va plus loin que les simples apparences.
    <o:p></o:p>


    Car enfin il n'en demeure pas moins vrai que je suis la première personne qui s'est sincèrement intéressée à lui. Rejeté par tous, Olivier Delemme souffre depuis toujours d'exclusion, accentuée par sa surdité.
    <o:p></o:p>


    A la "charitable" indifférence de ceux qui le rejettent d'emblée sans chercher à le connaître, pensant avec fatuité tout savoir de lui au premier abord, j'oppose un authentique sentiment, non seulement de curiosité, mais aussi d'amitié pour ce pauvre diable sur qui nul n'a jamais pris la peine de se pencher avec pitié et fraternité. Olivier Delemme est le révélateur de nos manques, de nos faiblesses, de nos petites lâcheté humaines. Par sa simple existence il met à l'épreuve nos belles théories sur la fraternité, sur la compassion envers les plus faibles, les malchanceux...

    Sur mon chemin, jusqu'ici lorsque j'ai voulu présenter dans sa vérité Olivier Delemme, je n'ai trouvé que de nobles âmes pour le mépriser, le juger, voire le haïr. Face au concret, bizarrement tous les beaux sentiments chrétiens, humanistes, socialistes, communistes et même républicains s'écroulent !
    <o:p></o:p>


    C'est vrai que je joue férocement avec sa candeur. N'importe ! J'ai trouvé ce moyen pour communiquer intensément avec cet esseulé.
    <o:p></o:p>


    Je suis devenu son seul ami. Le seul. Le premier.
    <o:p></o:p>


    Une révolution affective pour lui.
    <o:p></o:p>


    A tous ceux qui me condamnent sous prétexte que sur le mode sarcastique je sors cet indigent de son mortel anonymat de pauvre diable qui n'a rien pour lui, que font-ils, eux ?
    <o:p></o:p>


    Rien.

    <o:p></o:p>

    Ils critiquent mes moqueries à l'endroit de Olivier Delemme, disent unanimement que je suis cruel, odieux avec lui... Tandis qu'eux, en adoptant une parfaite indifférence à l'égard de cet Olivier, sont persuadés d'être meilleurs que moi ! Or il n'y a pire arme psychologique que l'indifférence...<o:p></o:p>


    Je me moque de Olivier Delemme c'est vrai, en attendant moi je suis sa chaleur, son réconfort, son écoute. Son ami. Et je suis sincère. J'éprouve une réelle amitié pour ce crucifié de notre société que personne n'écoute, ne tente de comprendre, d'apprivoiser.

    <o:p></o:p>

    Toutes ces belles âmes prêtes à s'investir pour sauver des affamés à 10 000 kilomètres de là se défilent étrangement dès qu'il faut prêter un peu de temps aux plus humbles de notre société... Ces moralisateurs me répondront qu'ils n'ont pas le temps à perdre avec des imbéciles comme Olivier Delemme... Quel orgueil ! Quel mépris des faibles !<o:p></o:p>


    Hé bien moi j'ai du temps à consacrer à cette âme en ruine. Moi j'ai du temps à perdre avec ce miséreux. Moi j'ai du temps à consacrer aux plus petits, aux humbles, aux exclus.
    <o:p></o:p>


    Et j'ai même l'ambition de donner des ailes à ce lourdaud. Que dure notre collaboration humoristico-humaniste !
    <o:p></o:p>

     


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